À huit mois des présidentielles, Nicolas Sarkozy est l'objet du tir croisé de la gauche et de la droite.    

Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, est en mauvaise posture. Les scandales atteignent maintenant son entourage immédiat, et il vient de subir une défaite historique aux élections sénatoriales. Aujourd'hui, il est l'objet du tir croisé de la gauche et de quelques éléments de la droite.

La candidature de Sarkozy au scrutin présidentiel de 2012 et sa réélection sont-elles pour autant compromises? Rien n'est moins certain.

Les trois grands hebdomadaires français aujourd'hui en vente dans nos kiosques font leur une des malheurs du président. Le Nouvel Observateur, à gauche, Le Point, centriste et L'Express, plutôt à droite, ont tous choisi à peu près le même titre: «Les coulisses d'une fin de règne», «Un parfum de fin de règne», «La chute d'un clan». Et pour accentuer l'effet, la toilette de chaque une est à l'avenant : gros lettrage, couleurs sombres, montages photo grossiers. Il paraît que ça fait vendre. C'est à voir.

Quoi qu'il en soit, il est indubitable que la «sarkozie» se porte mal. Les affaires - ce que le petit milieu politique français appelle les bombes puantes - explosent chaque semaine et occupent la classe médiatique.

Il y a cette milliardaire, Liliane Bettencourt, qui aurait arrosé d'argent le clan Sarkozy et quelques autres, ministres, conseillers, porte-valises. Il y a Christine Lagarde, ex-ministre des Finances, aujourd'hui directrice du FMI, qui aurait refusé d'en appeler d'une décision financièrement avantageuse au profit d'un ami du président. Il y a Brice Hortefeux, ex-ministre, soupçonné d'avoir contourné la loi sur le financement électoral. Il y a, et c'est sans doute là le scandale le plus sordide, cette histoire de Karachi où, en 2002, 11 ingénieurs français ont été tués dans un attentat visiblement destiné à punir la France de n'avoir pas versé toutes les commissions aux Pakistanais dans une affaire de vente de sous-marins. On apprend qu'une partie de ces commissions serait revenue en France pour financer la campagne électorale d'Édouard Balladur en 1995, où Sarkozy jouait les argentiers.

En plus des scandales, il y a l'homme, Nicolas Sarkozy, fonceur, bagarreur, parfois vulgaire. Cela suscite bien des rancoeurs, surtout chez certains leaders de droite. Dominique de Villepin est l'un d'entre eux. Poulain de Jacques Chirac, il a mené une guerre sans merci contre Sarkozy avant l'élection de celui-ci en 2007 et, depuis, se répand contre lui et songe à se présenter à la présidentielle de 2012. L'Élysée vient, semble-t-il, de réagir en lançant sa bombe puante. Un porte-valise jure avoir remis 20 millions d'euros à Chirac et Villepin de la part de chefs d'État africains.

Dans l'Hexagone, l'opinion publique est exaspérée par toute cette boue, et ce, depuis une bonne année. À huit mois du premier tour de l'élection présidentielle, le président est au sommet de l'impopularité, et on voit mal comment il peut retourner la situation. Tous les analystes s'entendent pour prédire que le candidat ou la candidate socialiste est bien placé pour se retrouver au deuxième tour de la présidentielle en mai 2012. À droite, on n'est même plus certain que Sarkozy peut se maintenir, et il pourrait être éclipsé par Marine Le Pen du Front National.

C'est donc le scénario de 2002 qui se profile, mais à l'envers. À l'époque, le candidat socialiste Lionel Jospin avait été éliminé du deuxième tour par un demi-point, laissant la place à Jean-Marie Le Pen.

Pendant ce temps, l'Élysée rêve qu'à droite, le camp des présidentiables s'éclaircisse. C'est ce qui vient d'arriver cette semaine avec le retrait de la candidature de Jean-Louis Borloo. Personnage sympathique, il était crédité d'environ 8% des voix. C'est un score honorable au moment où chacun fait ses comptes et additionne les voix. Si Villepin et un ou deux autres candidats quittent la course, alors tout redevient possible pour Sarkozy.