C'est se bercer d'illusions que de croire que le Canada peut demeurer un îlot de prospérité dans une économie internationale qui glisse vers la récession en hoquets successifs.

C'est pourquoi le gouvernement fédéral devrait intervenir et lancer un programme de relance au moins aussi important que celui de 2009. Mais il ne le fera pas, car la logique partisane l'interdit.

En Europe, le malaise causé par la faillite de la Grèce, et la crainte de contagion qui tarit le crédit, explique pourquoi les gouvernements de la région optent dans l'urgence pour la réduction des dépenses.  Selon le Fonds monétaire international, la croissance de la zone euro sera de l'ordre de 1 à 1,5% pour les cinq prochaines années.

Aux États-Unis, le gouffre de la dette publique est passé au second plan derrière l'obligation politique de réduire le chômage, qui se maintient obstinément à 9%. Les 447 milliards $US en soutien à  l'emploi mettront des mois à produire des résultats. La prévision de croissance de l'économie américaine pour 2011 est à la baisse, de 3% en mars, elle est aujourd'hui de 1,6%. La croissance des pays émergents ralentit, les indices de la production industrielle en Chine ont baissé au cours des trois derniers mois.

L'inquiétude est alimentée par le manque de résolution des ministres des Finances du G20, réunis à Washington fin septembre. Coupes budgétaires en Europe, stimulation monétaire aux États-Unis; ce sont les divergences et l'indécision qui dominent.

Au Canada, l'inaction est à son comble. Autant notre gouvernement recommande aux autorités monétaires européennes une intervention décisive, autant, devant le déclin de notre compétitivité, il ne propose que l'attentisme et conserve stoïque ses objectifs d'élimination du déficit.

Le gouverneur Mark Carney de la Banque du Canada a dressé devant la Chambre de commerce de Saint-Jean, le 20 septembre dernier, un portrait des plus sombres des répercussions sur notre économie de la conjoncture internationale. L'inquiétude est telle que la Banque assure qu'elle est prête à beaucoup de flexibilité dans le contrôle de l'inflation et qu'elle soutiendra d'éventuelles mesures de stimulation monétaire. Mais la décision d'intervenir revient au gouvernement.

Trois facteurs contribuent au ralentissement de l'économie canadienne. La première est la baisse de la demande américaine. Cette diminution se répercute sur la production en Chine et aussi sur la demande en matières premières. Notre dollar se maintient depuis plusieurs semaines autour du seuil inconfortable de la parité. L'effet conjugué cause une baisse des exportations. Enfin, notre productivité réduite se traduit par une hausse des importations. En outre, le prix des matières premières est en baisse parce que, à la suite de la hausse des prix des dernières années, l'offre a augmenté.

Il apparaît donc urgent de mettre en place un plan d'action économique. Les moyens existent. Le crédit du Canada est bon, la marge d'endettement est confortable, notre dette est de 30% inférieure à la moyenne des pays du G8. Les besoins sont connus (un pont ferait du bien), les projets existent.

Mais la logique du pouvoir est implacable. Le gouvernement conservateur majoritaire préfère l'inaction et rien, en ce début de mandat et certainement pas l'opposition, ne peut le forcer à changer d'avis. En effet, contrairement à 2009, il est trop tôt dans le cycle électoral pour augmenter les dépenses. Les gains se seront dissipés à l'heure du vote.

Si rien n'est fait pour stimuler la croissance, j'ai bien peur que les ventes de Noël débutent dès  novembre, et que le chômage explose en février.