La polyvalente a brûlé à Lachute. Pendant les trois prochains mois, les élèves de 3e à 5e secondaire auront des cours de 15h30 à 21h30. Les parents protestent vivement. À mon avis, cette révolte est tout à fait injustifiée et teintée d'un brin d'hypocrisie.

En clamant haut et fort que les petits chéris seront «fatigués», ces adultes ont manqué une occasion en or d'initier les jeunes à la résilience, de leur apprendre sur le tas à affronter et à s'adapter aux circonstances de la vie qu'on ne peut changer. N'était-ce pas la bonne occasion d'exhorter son enfant comme tout parent sait si bien le faire, à l'aréna, lors de compétitions sportives: «Vas-y, mon homme, ma grande, t'es capable. On est là pour toi» ?

Mais non, quand il s'agit de la vraie vie, le petit roi est fatigué. Puisque le parent lui-même l'a couronné et installé sur son trône, il faut maintenant se plier à ses volontés. À se faire dire qu'il est fatigué, le roi finira par s'en convaincre et se mettra à traîner de la patte.

Apprendre à faire face au changement et à composer avec tous les inconvénients que cela entraîne est d'importance primordiale dans le cheminement vers la maturité. Au Québec d'ailleurs, un nombre effarant de nos enfants deviennent à un très jeune âge des «pros» du changement: le divorce des parents, une semaine sur deux chez l'un, les fins de semaine chez l'autre, vivre dans deux maisons avec des règlements et des horaires différents, composer avec le «chum» ou la «blonde», etc. Entendons-nous crier haut et fort dans tous les médias que ces changements sont fatigants ou déstabilisants pour ceux qui les subissent sans en avoir fait le choix?

En vérité, les parents ne seraient-ils pas ceux que le changement d'horaire dérange le plus? Agitons-nous contre la direction et clamons à grands cris la «mononucléose» en janvier. On n'a rien à perdre. Peut-être finiront-ils par flancher et ma petite vie ne sera pas dérangée.

Quant à moi, je refuse de croire qu'une baisse dangereuse d'énergie supposément causée par le nouvel horaire pourrait mettre en péril la santé de jeunes qui s'adonnent à un grand nombre d'activités parascolaires, passent des heures sur les réseaux sociaux ou travaillent chez McDo pour se payer de petits plaisirs.

Comme disait ma vieille mère: «Arrêtez donc de vous plaindre et allez voir à vos affaires. On est tannés de vous entendre gémir.»