J'habite au fond de l'avenue des Mélèzes, qui donne sur le boulevard Viau, à deux kilomètres de l'arrivée du marathon de Montréal, dimanche dernier.  Occupé à jardiner en début d'après-midi, je vois un jeune homme grand et costaud dans la jeune vingtaine, uniquement vêtu d'un short et de souliers de jogging, marcher vers la cour arrière d'une maison voisine. J'entends ensuite des cris et vois mes voisins accourir vers l'avant de leur maison, l'air inquiet. Le jeune homme les suit en marchant.

Je m'approche de lui, et constate qu'il tient un discours incohérent, parfois désespéré, parfois menaçant. Nous pensons à ce moment qu'il pourrait être sous l'effet de drogues et qu'il pourrait être dangereux. Il repart ensuite vers Viau, mais s'arrête à mi-chemin et s'allonge face devant sur une pelouse.

Je lui parle et signale sa présence aux policiers en faction au coin de la rue et de Viau, Annick Grandmaison, Nadine McTeau et Kevin Doyon, du poste 44, qui ont été prévenus par mon voisin. Nous leur résumons la situation, et ils interviennent d'une façon qui m'a paru parfaitement appropriée et respectueuse: ils maîtrisent fermement mais sans brutalité l'homme qui continue à tenir un langage incohérent et d'avoir un comportement agité, en lui parlant constamment. Ils lui donnent de l'eau et le rafraîchissent un peu.

Après s'être informés de son prénom, ils lui demandent s'il accepterait qu'on lui passe les menottes pour éviter qu'il ne se blesse ou ne blesse quelqu'un accidentellement. Le jeune homme accepte. Les policiers ont continué à s'occuper de lui jusqu'à l'arrivée des ambulanciers, qui l'ont amené à l'hôpital où, selon ce que j'ai su, il a repris ses esprits et, une chance pour lui, ne se souvenait de rien de cet épisode.

Il aurait été victime de déshydratation et d'un manque d'oxygénation à deux kilomètres de la fin de sa course.

Si par malheur je devais un jour être arrêté, je souhaiterais l'être par ces trois policiers! Les cas d'interventions policières brutales reçoivent beaucoup de publicité. J'ai pensé qu'il serait juste de faire également connaître cette belle intervention.

Et je me réjouis d'un aspect de l'histoire: les trois policiers en question sont blancs et le jeune homme d'une «minorité visible», et cette différence ethnique n'a semblé aucunement influencer le comportement des policiers. Il y a peut-être de l'espoir pour la race humaine!