J'ai réagi fortement à la lecture de l'histoire du petit Arthur Marois qui s'est vu imposer une suspension de son équipe de hockey en raison du refus de ses parents de le voir participer à un camp élite (La Presse, 20 septembre). Je n'ai aucune peine à imaginer l'incompréhension et la déception de ce petit garçon. Par ailleurs, je partage entièrement l'opinion de son père qui, au nom du gros bon sens, a décidé que son fils ne participerait pas à ce camp optionnel.

Je suis moi-même la maman d'un garçon de 6 ans qui mange littéralement du ho- ckey, entre les pages sportives du journal, les parties improvisées dans le sous-sol de la maison et les heures passées sur la patinoire de la cour arrière, affectueusement construite par son père.

Mon fils est récemment devenu membre d'une équipe avec l'idée de garder les buts et c'est avec fierté et enthousiasme qu'il se rend aux séances d'entraînement les samedis et dimanches. Comme parents, le hockey est pour nous un excellent facteur de motivation pour favoriser le bon comportement de notre fils et sa réussite à l'école.

Je refuse toutefois de croire qu'à 6 ans, ou même à 11 ans, le hockey puisse interférer avec les obligations et responsabilités scolaires de nos enfants. L'idée d'un camp de hockey en pleine semaine de la rentrée scolaire d'élèves du primaire est en soi aberrante. Malgré ce que certains aiment penser, la grande majorité des jeunes joueurs ne gagneront pas leur vie en patinant, et aussi cher que soit ce sport au coeur de nos enfants, ça ne reste, en définitive, que du hockey.

Il n'y a aucune place au débat: les dirigeants du ho- ckey mineur de Rosemont ont sérieusement erré dans la gestion de la situation.

Cela dit, cette histoire appelle une autre réflexion, celle de la conciliation sport-famille. Au sein d'une famille, les enfants entretiennent généralement des intérêts qui diffèrent les uns des autres en fonction de leur âge, de leur sexe et de leurs passions. En soi, il s'agit d'une bonne nouvelle puisqu'il est prouvé que les enfants et les adolescents qui pratiquent des sports et des activités sont moins susceptibles de décrocher ou de souffrir de problèmes de santé mentale.

Cependant, le casse-tête des horaires et des déplacements conjugué au calendrier scolaire peut rapidement donner le vertige. Quel est alors notre rôle de parent? Est-ce de favoriser les sports et activités qui permettent une unité et une cohésion de la cellule familiale, comme le vélo en été et le ski en hiver? Ou doit-on laisser nos enfants choisir en fonction de leurs goûts, tout en acceptant que le temps passé en famille sera nécessairement amputé? Et lorsqu'un enfant se distingue et que ses performances le hissent aux niveaux supérieurs, que fait-on? On tue ses rêves et ses aspirations au nom des soupers et des fins de semaine en famille ou on continue de courir comme des fous et de se croiser entre deux cadres de porte?

Au fond, l'épanouissement individuel et familial a-t-il un prix et qui doit l'assumer? Je présume que la bonne réponse se trouve quelque part dans le mot équilibre même si mon petit doigt me dit qu'avec trois lionceaux, cette quête sera un défi de tous les instants.

Je regarde mon petit bonhomme partir dans la noirceur du petit matin, son sac de ho- ckey sur l'épaule, la tête remplie de rêves et d'espoirs et des soleils plein les yeux. Je vois mon oisillon qui s'apprête à doucement sauter du nid et je me dis que je n'ai pas du tout envie d'être celle qui coupera ses ailes.