L'Union des municipalités du Québec a choisi une firme comptable pour donner une formation éthique à nos élus municipaux. L'éthique est une discipline qui a vu le jour en philosophie et c'est elle qui, à travers les siècles, l'a développée. Que viennent y faire des comptables?

Dans les circonstances présentes, puisqu'il fallait rapidement formater éthiquement nos élus, pourquoi ne pas avoir fait appel à des gens formés en éthique, les enseignants de philosophie? Ils ont toute l'expérience nécessaire pour offrir une telle formation. Mais c'était trop simple. Alors, on choisit des comptables et on demande à M. André Lacroix, titulaire de la chaire d'éthique de l'Université de Sherbrooke, de leur donner une formation de trois jours. Ici, M. Lacroix a erré en acceptant de former des comptables, et ce en toute connaissance de cause. Il a endossé une démarche qu'il aurait dû être le premier à dénoncer. Aurait-il lui-même fait preuve d'un manque d'éthique? Voilà la dérive possible lorsque l'on tente d'appliquer l'éthique de manière improvisée.

Donc des comptables vont donner une journée de formation éthique à nos élus. On assiste ici à une double illusion: de l'éthique fast-food donnée dans une formule comptable. Il faut plutôt aller en amont, et faire en sorte que la formation académique des citoyens québécois intègre une démarche sérieuse de réflexion éthique. En ce sens, il faut poursuivre et appuyer davantage la formation philosophique dans nos collèges et dans nos universités.

Finalement, pourquoi ce choix par l'UMQ? On peut supposer qu'elle se fout carrément de l'éthique et qu'elle ne veut surtout pas avoir quelqu'un qui questionne sa propre pratique. En ce sens, l'UMQ a bien compris que ce ne sont pas des comptables qui allaient faire trembler leur profonde méconnaissance et leur pratique aveugle de l'éthique. Quelle belle complicité harmonieuse entre l'UMQ et la firme comptable en question! Un modèle d'absence totale d'éthique!