Nous voulons manifester notre indignation et notre colère face à des comportements que nous jugeons inacceptables de la part de certains journalistes.

Comme on le sait, la rentrée au cégep de l'Outaouais a été marquée par un événement tragique: le meurtre crapuleux d'une de nos élèves, Valérie Leblanc, et cela, sur les terrains adjacents au cégep. Toute la communauté collégiale a été fortement troublée par l'événement. Mourir à 18 ans, ce n'est pas naturel. Mourir assassinée à 18 ans, c'est l'horreur.

Depuis, famille et amis tentent de survivre à la perte d'une des leurs, de comprendre l'événement, de lui donner un sens. Comme si ce n'était pas suffisant, ils doivent le faire en présence constante de journalistes qui, sous prétexte du droit à l'information, les talonnent, les mitraillent de questions, les harcèlent.

Où est l'éthique professionnelle lorsqu'un journaliste annonce de but en blanc à une jeune fille qui cherche son amie Valérie qu'elle est morte? Où est l'éthique professionnelle quand, malgré le refus des amis de Valérie, des journalistes imposent leur présence lors d'une vigile et prennent des clichés sans leur autorisation? Où est l'éthique professionnelle lorsqu'on diffuse les propos d'une amie sans son consentement?

Nous croyons au droit à l'information. Une société bien informée est en mesure de faire des choix éclairés. Or, au cours des derniers jours, nous avons accueilli des élèves qui se sentent littéralement traqués par certains journalistes. Soutirer à des jeunes vulnérables et désemparés des détails d'un événement macabre, faire fi de leur douleur, ne pas respecter leur droit à la vie privée et à l'intimité, est-ce agir au nom du droit à l'information ou donner libre cours au sensationnalisme? Journalisme ou voyeurisme? Avant de divulguer certains détails en ondes, a-t-on réfléchi un instant aux répercussions sur les amis, la famille, l'enquête policière?

Au cours des derniers jours, nous avons été interpellés par la douleur et la détresse exprimées par les amis de Valérie et il nous paraît essentiel de leur donner une voix. Une partie de notre rôle d'éducateur est de favoriser le développement de la pensée critique, de l'éthique, du respect de soi et des autres. Quel exemple viennent offrir ce type de journalistes à des adultes en devenir?