Un géant est mort hier matin. Petit de taille, mais immense de charisme, d'intelligence, de force de caractère et de conviction.

Plusieurs feront l'éloge de Jack Layton au cours des prochains jours en soulignant comment il a su prendre un parti politique que d'aucuns croyaient condamné à n'être éternellement que la simple «conscience» du Parlement - ce dont ce dernier avait par ailleurs bien besoin! -, pour en faire une force politique remarquable qui peut plausiblement aspirer à former le prochain gouvernement du Canada.

Les uns rappelleront qu'il était fait d'idéaux de justice sociale, d'inclusion et de préservation de l'environnement. La recherche du bien commun n'était pas pour lui un slogan électoraliste, mais un véritable mode de vie.

C'est lors d'une «assemblée de cuisine» avec une quinzaine de jeunes professionnelles sans affiliation partisane que j'ai fait la connaissance de Jack, il y a quelques années. Combien de chefs de parti sont suffisamment près de la population pour tenir de telles rencontres après une journée de travail au parlement - et se présenter avec un sourire franc et une poignée de main bien sentie?

Il avait, ce soir-là, une étincelle dans les yeux qui invitait au débat d'idées et à l'engagement envers la chose publique. Il offrait un modèle de vie active qui invitait à l'émulation. Jack était conséquent avec ses principes: il faut augmenter l'utilisation d'autres modes de transport que l'automobile pour lutter contre les changements climatiques? Il se rendait travailler au parlement à vélo - même l'hiver!

Les autres s'empresseront d'ajouter combien il était déterminé à travailler en coopération avec les membres des divers partis politiques dans le but d'obtenir ses fameux «résultats concrets» pour la population. On notera alors sans doute le pragmatisme et la finesse tactique du politicien qui a su pousser le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin en 2005 à adopter un budget aux couleurs sociales du Nouveau Parti démocratique.

Il a toujours tenu à l'importance de la civilité et au respect de ses adversaires, évitant les attaques personnelles et se concentrant sur le message positif qu'il cherchait à véhiculer.

Et personne ne passera non plus sous silence la force hydraulique du leader qui a su entraîner avec lui l'électorat québécois et qui a permis à son parti de passer d'un siège à cinquante-neuf au Québec en une seule élection!

Mais au-delà de ses immenses qualités, il y avait l'humilité de l'homme qui écoute, la sincérité et l'authenticité de l'homme fait de compassion et en qui on pouvait avoir confiance. Qualités qui faisaient de Jack un politicien qui donnait le goût de croire à nouveau dans la politique.

Le Nouveau Parti démocratique fera face à l'immense défi de combler le vide laissé par le départ du géant d'Hudson. Les prochaines semaines seront sans doute difficiles. Toutefois, le parti s'est construit au cours des dernières années à l'image du projet de Jack et il est sûrement à la hauteur de relever ce nouveau défi.

En sa mémoire, faisons en sorte que le bruit de sa chute ne couvre pas l'écho de son message d'espoir. Non, Jack, comme tu nous l'as demandé, nous n'abandonnerons pas tant que le travail ne sera pas fini!