Le quotidien Le Devoir a été l'objet d'un piratage informatique dans la nuit de lundi à mardi. L'annonce - fausse - du décès du premier ministre Jean Charest s'est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

Heureusement, la direction du journal a réagi avec rapidité pour démentir le tout sur ces mêmes réseaux et, dès qu'elle a eu accès à son site, pour enlever cette fausse nouvelle.

Dans les différentes nouvelles rapportant ce geste déplorable, on parle de « canular » réalisé par de « mauvais plaisantins », comme s'il s'agissait d'un exploit. Bref, des journalistes écrivent comme si ce piratage informatique n'était, au fond, qu'une mauvaise blague, sous-entendu qu'on peut bien pardonner...

Il faut déplorer et dénoncer cette banalisation d'un acte proprement criminel. Ce méfait n'était pas un canular, et son intention était malicieuse. Ses auteurs ne sont pas des plaisantins, ce sont des pirates. Les pirates informatiques sont des pirates, point. Et on doit les traiter comme tels. Autrefois, aussitôt capturés, on les pendait haut et court. Aujourd'hui, on ne fait plus cela, mais ils méritent tout de même la sévérité de la justice. La direction du Devoir a bien fait de saisir le SPVM de ce méfait.

Dans notre monde soumis aux nouvelles technologies de l'information, le piratage informatique du site d'un journal pour diffuser une fausse nouvelle n'est pas moins grave en nature que les écoutes de boîtes de messages téléphoniques, scandale qui vient de secouer l'Angleterre. Ces pirates ont tenté de compromettre la crédibilité d'un journal, crédibilité qui en est la toute première marque de commerce. Ils ont échoué. Ont-ils voulu ébranler le premier ministre et son entourage ? Si c'est le cas, ils ont démontré leur absence de jugement à peu près complète. Et s'ils ont pensé réaliser un exploit, c'est un « exploit » (?) dont ils ne peuvent se vanter.

S'ils se pensent bien habiles et à l'abri dans leur anonymat de peureux et de lâches, qu'ils sachent que le temps leur est compté : quoiqu'ils pensent, ils ont laissé des traces et la police, inévitablement, de nous jours, saura remonter jusqu'à eux, grâce justement aux merveilleuses technologies de l'information...