Je gravite dans le monde des associations étudiantes depuis quelques années et je milite comme je le peux afin d'obtenir l'égalité via une éducation accessible pour tous.

J'en ai marre des préjugés véhiculés concernant les étudiants et ses revendications. Vous trouvez qu'on se plaint le ventre plein? Qu'on devrait commencer par arrêter de se payer des voitures, des vêtements, des cellulaires et des vacances dans le sud avant de demander un frein à la hausse des droits de scolarité?

Je possède une vieille voiture qui n'a pas bougé depuis janvier, car je n'ai pas les moyens de la faire réparer. Lorsqu'on habite une ville comme Rimouski, ce n'est pas évident! J'ai un cellulaire, mais le forfait minimum. Et je n'ai pas de téléphone à la maison! J'ai plutôt choisi de prendre un forfait internet, et c'est essentiel! Pour un étudiant universitaire, c'est un outil primordial, pas un luxe! Consulter les notes de cours, faire des recherches bibliographiques, communiquer avec les professeurs et collègues, appeler mes parents sans frais d'interurbain... Et pourtant, cette dépense n'est pas prise en compte dans le calcul de l'aide financière!

Un voyage? Pour moi, les vacances, c'est passer du temps dans ma famille durant le temps des fêtes. Des vêtements? Une paire de jeans à 30$ qui troue après six mois, quelques morceaux trouvés dans les centres de liquidation, des échanges de vêtements avec les amies, voici ma garde-robe! Des sorties? Quelques bières pas chères sirotées sur le bord de l'eau, pas des soirées dans les bars à 20$ l'entrée et 10$ le verre.

Vous dites qu'on se plaint, qu'on veut tout, qu'on est paresseux... Avec 15 heures de cours, 10 heures de laboratoire, au moins 30 heures d'études, en plus d'un travail à temps partiel dans bien des cas, on est loin d'être paresseux!

Une hausse des droits de scolarité, c'est trop! Lorsque le gouvernement parle des dépenses des étudiants, ils ne parlent jamais du coût réel. Les droits de scolarité, c'est une chose, mais il y a également les frais institutionnels obligatoires, les livres, le matériel scolaire... ça grimpe rapidement.

J'ai choisi d'étudier la biologie. Je voulais apprécier les plantes, connaître les animaux et les microorganismes, comprendre la vie. Mon titre de biologiste ne fera pas de moi une millionnaire, loin de là. Le milieu scientifique est complexe, difficile, sournois, mais ô combien essentiel! Lorsque j'aurai terminé mes études, je serai endettée, j'aurai de la difficulté à trouver un emploi permanent, et je ne pourrai pas dépenser et ainsi faire rouler l'économie.

Mes parents ne sont pas riches, ni pauvres. Ils ont travaillé fort toute leur vie et sont maintenant bien. Ils ont hâte que j'arrête de tirer le diable par la queue. Ils ont fait des sacrifices pour que je puisse un jour être bien. Ils sont fiers de la réussite de leur fille. Je suis chanceuse d'avoir leur appui et leur aide. Mais bon nombre de mes collègues n'ont pas cette chance, et c'est à eux que je pense en écrivant ces mots. À ceux dont les parents font trop d'argent pour avoir droit à l'aide financière, mais pas assez pour les aider comme il faut.

La prochaine fois que vous voudrez généraliser à partir d'une minorité bien nantie qui roule en voiture de l'année, dites-vous qu'il y a des milliers d'étudiants au Québec. Ceux que vous ne voyez pas dans les cafés parce qu'ils n'ont pas les moyens, ceux qui passent des nuits dans les salles informatiques des universités parce qu'ils ne peuvent se permettre d'avoir un ordinateur à la maison.