L'auteur est professeur d'histoire à l'Université McGill. Il a publié plusieurs ouvrages sur la présidence des États-Unis, dont Leading From the Center: Why Moderates Make the Best Presidents (Basic Books), en 2008.

Qu'est-il arrivé à Barack Obama? En 2008, il était «l'Élu», non seulement le vainqueur d'une difficile campagne présidentielle, mais surtout le sauveur, le candidat du Yes We Can qui devait élever la politique américaine à un niveau supérieur.

À la suite de son triomphe présidentiel, il disposait du pouvoir politique pour réaliser ses promesses puisque les démocrates contrôlaient les deux chambres du Congrès. Hélas, deux ans et demi plus tard, après avoir perdu la majorité au sein de la Chambre des représentants en novembre dernier, il a de peine et de misère évité un fiasco économique, alors qu'un Congrès profondément divisé a voté en faveur du relèvement du plafond de la dette à la toute dernière minute.

Obama tentera de faire croire à une victoire et, dans les faits, il a réussi à éviter de placer le gouvernement en défaut de paiement. Les militants radicaux du Tea Party, qui étaient plus engagés envers la pureté de leurs principes qu'envers le bien-fondé de leur acte politique, ont finalement perdu le vote. Mais comme les Grecs aiment le rappeler: une autre victoire du genre et nous serons défaits.

La victoire d'Obama fut une victoire à la Pyrrhus puisqu'il a dû accepter des compressions gouvernementales majeures de 2100 milliards de dollars en 10 ans, à un moment où il croit que des dépenses accrues du gouvernement sont nécessaires. Il n'a obtenu aucune source de revenus supplémentaires, alors qu'il est convaincu que certains impôts supplémentaires devraient être prélevés.

Pendant ce temps, la perte de confiance envers les marchés américains, le dollar américain, le gouvernement et le président dénote un contraste criant et humiliant avec l'euphorie d'un certain soir d'élection en 2008.

Alors qu'aujourd'hui, Barack Obama célèbre son 50e anniversaire de naissance, sa fête est assombrie par la crise économique qui n'en finit plus aux États-Unis, le taux de chômage exorbitant, la rancoeur politique croissante et la perte de son aura d'invincibilité.

Néanmoins, jusqu'à maintenant, les républicains lui ont fait le plus beau cadeau d'anniversaire qu'un politicien puisse espérer recevoir de ses adversaires - une opposition qui fait paraître le parti au pouvoir responsable et qui laisse croire qu'il vaut mieux le garder au pouvoir, malgré les frustrations de l'électorat.

La crise de la dette a été la première grande bataille de la présidentielle de 2012. Il est clair que l'on mettra sur la table l'époque des réductions de taxes et de la diminution du déficit de la période Reagan. Les républicains s'emploient présentement à comparer Barack Obama à Jimmy Carter, mettant l'accent sur le pessimisme partagé par les deux présidents et leurs sermons à répétition sur les limites des Américains, leur impuissance commune devant les bouleversements au Moyen-Orient et leur faiblesse apparente en tant que leader. Mais, pour l'instant, il ne semble pas y avoir de Ronald Reagan à l'horizon pour représenter le Grand Old Party.

Au contraire, plutôt que de se diriger vers une réédition de l'élection de 1980, alors que Reagan a défait Carter, les républicains semblent vouloir recréer l'élection de 1996. Cette année-là, le démocrate sortant, le jeune et flamboyant Bill Clinton, était dans les câbles. Cependant, en raison d'une combinaison amère de fanatisme idéologique et d'obstructionnisme à outrance, l'opposition républicaine a fini par donner l'impression que Clinton était bon et qu'il avait mûri. Lorsque les républicains ont désigné Bob Dole à leur tête, un candidat usé et impopulaire, ce fut le début de la fin.

Il est bien sûr trop tôt pour prédire l'issue de la présidentielle 2012. Mais ce récent combat a mis en évidence les vulnérabilités de Barack Obama. Cependant, et c'est un résultat encore plus frappant, la crise de la dette a révélé l'incapacité des républicains à présenter une solution de rechange sécuritaire, patriotique et constructive au président sortant d'une Amérique meurtrie.