Le 21 juillet 1836, il y a 175 ans cet été, était inauguré le train entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu. Ainsi, les passagers comme la marchandise de Montréal pouvaient, après avoir pris le bateau à vapeur sur le fleuve Saint-Laurent, rejoindre celui du lac Champlain ouvrant la porte de nos voisins du Sud.

Au XIXe siècle, on construisait une nouvelle ligne de chemin de fer tous les 10 ans. Aujourd'hui, on fait une étude de faisabilité aux 10 ans! Tous les premiers ministres québécois depuis Lucien Bouchard annoncent le fameux train rapide Montréal-New York. Pourtant, pas une seule minute n'a encore été enlevée au fastidieux voyage actuel de 11 heures. Le train Toronto-Montréal-Québec est toujours à l'étape des études. Évitons que cette inaction se perpétue. Il y a urgence au retour des trains de passagers sur les voies ferrées.

La dernière étude réalisée en 2003 évaluait à 4 milliards le coût d'un train Montréal-New York en quatre heures. Presque 10 ans plus tard, les coûts auront sûrement doublé. Il faut ajouter la difficulté d'obtenir les autorisations pour dynamiter les tunnels dans le parc naturel protégé des Adirondacks. Pour compliquer les choses, nous avons un premier ministre du Canada pour qui ce n'est pas une priorité, et un président des États-Unis en tourmente budgétaire.

Ce n'est pas demain la veille que l'on parcourra Montréal-New York, en quatre heures. En attendant, améliorons le service actuel en offrant un train de nuit de huit heures qui nous permettra de partir à 23h de Montréal pour arriver au centre-ville de New York vers 7h le matin.

Selon un officier d'Amtrak, il en coûterait 20 millions pour acheter les wagons couchettes et 10 millions par année pour les frais d'exploitation. Pas mal plus réaliste que les milliards du TGV. Rentable? On a besoin de 25 000 passagers à 400$ pour générer 10 millions par année. Actuellement, 700 000 Québécois vont à New York chaque année. Est-ce réaliste d'espérer 4% du marché?

Des trains entre les grandes villes, c'est bien, mais entre nos banlieues et nos centres-villes, c'est urgent. La crise des ponts de la Rive-Sud nous donne l'occasion de bouger. C'est très bien de planifier un train léger sur le futur pont Champlain, mais on en a au moins pour 10 ans avant de le voir passer. En attendant, on fait quoi? Utilisons pleinement les voies ferrées existantes qui traversent les ponts Mercier et Victoria. Comme les métros dans l'île, des trains doivent y passer les jours, les soirs et les fins de semaine. Ils doivent y transporter des passagers dans les deux sens en tout temps.

Vous me direz que les voies ferrées servent aux marchandises avant tout. Je vous répondrai que celles-ci pourraient très bien arriver directement au port de Montréal. Si nos pionniers du XIXe siècle sont arrivés à bâtir tous ces chemins de fer en moins de 50 ans, pourquoi ne serions-nous pas capables de remettre rapidement les trains sur des rails déjà existants?