J'ai l'impression que le vent de conservatisme et de droite qui souffle sur notre société nous demande de plus en plus de nous conformer. Utilisant l'insécurité légitime ou créée de toutes pièces par les puissants et les États, et amplifiée par les médias dans un monde de plus en plus rapide et en changement, on nous demande de plus en plus d'être identiques les uns aux autres, malgré de nombreuses fausses et superficielles libertés.

Que ce soit à l'école ou au travail, on parle de plus en plus du port de l'uniforme ou de tenue vestimentaire, de Ritalin et d'antidépresseurs. Les personnes pauvres ou problématiques sont de plus en plus rayées de notre écran radar comme si elles n'existaient plus. Certaines sont réduites à quêter des sous, mais surtout de l'attention dans la rue anonyme. La présence dans nos quartiers de promoteurs de condos et d'acheteurs est la bienvenue pour y accueillir de belles petites familles bien conformes et grandes consommatrices de publicité et de biens matériels, et ainsi garnir les coffres de nos villes.

Sur le plan social, les gouvernements font la sourde oreille aux demandes citoyennes qui contestent leurs décisions prises au seul profit des gens d'affaires et des contributeurs à la caisse du parti. Le droit à la dissidence n'existe plus dans les partis politiques. Dans les relations de travail, à la Société des postes ou à Air Canada, les travailleurs maintenant sans pouvoir de négociation doivent rentrer au travail, humiliés. Ou d'autres sont mis à la porte sans être payés, comme chez IQT Solutions qui déménage sauvagement ses pénates aux États-Unis pour y cueillir une belle subvention, comme l'a fait Electrolux. Lors des manifestations, on repousse les opposants le plus loin possible des nantis et des caméras de télévision, comme lors de la récente visite royale, ou on les embarque tous carrément, comme au G-20 de Toronto.

La recherche de conformité, c'est aussi la loi du silence dans les milieux de travail, le voisinage, ou même dans les familles. On tourne les coins ronds. On ne veut pas de chicane. La menace d'une nouvelle crise économique suffit à faire de nous des citoyens aveugles et silencieux, comme si de se taire pouvait nous sauver de la prochaine catastrophe. Malheur à celui qui brise cette belle unanimité et ne veut pas suivre la parade; il sera sans doute bientôt fiché à la nouvelle escouade GAMMA (Guet des activités et des mouvements marginaux et anarchistes) du Service de police de la Ville de Montréal. Vive notre démocratie.