L'automne dernier, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, nous a fièrement dévoilé son nouveau programme qui devait régler les problèmes persistants du «renouveau pédagogique» entamé il y a plus d'une décennie. C'est avec grand soulagement que le monde de l'enseignement, les parents et les élèves ont accueilli l'annonce de la simplification de l'évaluation, du retour des notes calculées et d'un bulletin unique pour la province.

Je me suis déjà prononcé favorablement sur le fond des changements, mais je dois constater qu'au fur et à mesure que la mise en application avance, il est clair que le nouveau programme est très mal exécuté.

La décision du Ministère de diviser l'année scolaire en trois étapes de pondération préétablie de 20%, 20% et 60% ne tient pas compte des réalités du système postsecondaire. Récemment, le service SRAM, qui recueille la majorité des notes pour les services d'admissions des cégeps du Québec, a annoncé que la première sélection de notes se fera le 10 décembre, en concordance avec le nouveau calendrier scolaire qui fixe la fin de la première étape au 20 novembre.

Cela pose de sérieux problèmes aux élèves de dernière année de l'an prochain. Les cégeps devront faire leurs choix avec de bien pauvres données. Présentement, ils se servent des résultats obtenus en 4e secondaire ainsi que des notes de 5e secondaire accumulées jusqu'à la date d'admission du 1er mars. L'échantillonnage représente les résultats de la moitié de l'année scolaire, un portrait assez fiable du rendement des postulants. Sous le nouveau régime, ils devront se contenter des notes accumulées pendant les deux premiers mois de l'année. De plus, ils ne pourront se servir des résultats des examens uniformes de 4e secondaire, car ils ne seront obligatoires qu'en 2012, ce qui cause un sérieux problème dans les programmes contingentés.

Que doivent dire les directions d'école aux élèves et aux parents? Comment les conseillers pédagogiques peuvent-ils guider les élèves dans leurs choix? De toute évidence, les changements annoncés l'automne dernier ne tiennent pas compte des effets néfastes sur les finissants de l'an prochain.

Il y a plusieurs solutions qui pourraient rectifier cette aberration. D'abord, le retour à un calendrier de quatre étapes au secondaire. Cela permettrait aux écoles de coordonner leurs périodes d'examens avec celles du Ministère, qui ne respectent pas de toute façon le nouveau calendrier scolaire. De plus, les cégeps pourront, comme cette année, se servir des notes les plus récentes dans leurs évaluations des candidats.

La deuxième solution serait de reporter d'un an l'application du nouveau calendrier scolaire afin de permettre aux cégeps d'évaluer de façon équitable les élèves de dernière année de l'an prochain. Bien que moins intéressante, cette piste pourrait au moins permettre aux écoles de bien préparer les élèves de 4e secondaire, car les notes de 4e secondaires seront les seules normes crédibles disponibles pour les cégeps. Cela concordera également avec le retour des examens uniformes, qui auront comme effet de niveler le terrain et permettre une évaluation équitable des candidats.

En somme, le bulletin chiffré et la réduction des compétences sont deux améliorations tangibles, mais l'adoption d'un calendrier scolaire unique est une décision mal pensée qui n'apporte aucune amélioration au système scolaire.

La ministre s'est empressée d'annoncer que le nouveau calendrier scolaire forcerait les élèves à «se remuer le derrière pendant la dernière étape». Il est difficile de voir comment cela se réalisera l'an prochain si les élèves reçoivent leur lettre d'admission au cégep le 1er février au lieu du 1er avril! Vive les vacances anticipées! De plus, les cégeps devront peut-être se résigner au tirage au sort, car les données à leur disposition pour la sélection seront de bien piètre qualité.