Du tremblement de terre en Haïti au déversement de pétrole dans le golfe du Mexique, en passant par la crise européenne, 2010 a été une année particulièrement difficile

Nous vous avons demandé quel avait été pour vous l'événement marquant de l'année 2010. Voici quelques-unes des réponses reçues.

Les malheurs d'Haïti

Un gros tremblement de terre dans un petit pays et un des plus pauvres du monde. Et ça n'en finit pas... les orages violents, le choléra, les élections truquées, la corruption endémique, l'aide non distribuée, le chaos dans un pays déjà chaotique. C'est désolant. Ils ne s'en sortiront jamais. Il faudrait déplacer les gens et prendre cinq ans pour tout reconstruire. On a beau aider, envoyer de l'argent, on constate que ça ne produit rien. Je trouve ça triste pour les gens, mais en même temps, je me sens totalement impuissant. Et pourquoi les Haïtiens, qui en sont capables, ne se prennent-ils pas en main?

Jean-Eudes Gagnon, Baie-Comeau

L'aide internationale

Tout aussi marquant que le tremblement de terre en Haïti, c'est certainement la rapidité avec laquelle la communauté internationale s'est mobilisée pour amasser des sommes faramineuses pour venir en aide au peuple haïtien éprouvé. Mais aussi la lenteur bureaucratique scandaleuse à matérialiser cette aide sur le terrain de façon concrète. C'est à se demander si certains ne sont pas en train de s'en mettre plein les poches quelque part.

Richard Tremblay, Toronto

Les mineurs chiliens

Je pense que l'événement le plus marquant de 2010 a été le sauvetage des mineurs du Chili. C'est un événement qui a touché le coeur des gens par des valeurs positives d'espoir, d'amour et d'entraide. L'événement précédent qui avait touché le coeur des gens avec les mêmes valeurs était la chute du mur de Berlin. Ce genre d'événement aide les gens à évoluer.

Gloria Michaud

La négligence de BP

Au moment où toutes les grandes puissances du monde font l'unanimité sur la réduction des gaz à effet de serre et la diminution de la pollution de toutes sortes, les pétrolières avides de profits font preuve de négligence extrême dans l'exploitation pétrolifère. Le désastre provoqué par l'explosion et le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon, exploitée par British Petroleum (BP) dépasse les catastrophes de l'Exxon Valdez en 1989 dans le détroit du Prince Williams en Alaska et du naufrage de l'Erika en 1999, dont les responsabilités respectives incombaient à l'américaine Exxon Mobil et la française Total. Ce n'est pas vrai qu'en 2010, les multinationales ne sont pas capables d'établir de doubles ou triples protections de leurs installations afin d'éviter ces erreurs humaines et ces désastres écologiques sans précédent.

En plus de subir les foudres de Dame nature, la population mondiale doit endurer cette négligence criminelle. Cette plateforme qui a coulé le 22 avril extrayait près de 1,27 million de litres par jour et la nappe de pétrole qui s'en est échappée couvre maintenant 1500 km2. Démontrant une négligence certaine dans les mesures de prévention, ces pétrolières n'ont même pas le plan de mesure d'urgence extrême pour faire face à ces catastrophes liées à leur capacité de production et à leur désir de produire davantage. Il faut que les gouvernements établissent immédiatement des règles sévères afin d'éviter que de nouveaux événements catastrophiques de ce genre surviennent et détruisent la vie.

Jocelyn Boily

Les révélations de WikiLeaks

Sur le plan national, les accusations de corruption au sein du gouvernement Charest, dans le domaine de la construction et dans le monde municipal ont certes marqué l'année 2010. Mais l'événement qui a marqué l'actualité en 2010, ce sont les révélations de notes diplomatiques publiées par le site WikiLeaks. Jamais un site web n'a eu autant de publicité et a retenu l'attention.

Sylvain Beaulieu, Montréal-Nord

La révolte des classes

En 2009, les gouvernements occidentaux ont augmenté leur déficit budgétaire pour supporter les institutions financières, qui avaient, elles-mêmes, provoqué une crise financière due à leurs appétits insatiables. En 2010, ces mêmes gouvernements occidentaux tentent de réduire leur déficit sur le dos des classes moyennes, des travailleurs et des étudiants, d'où les révoltes populaires de 2010 en Grèce, Espagne, Portugal, France, Allemagne et Royaume-Uni. Ces mouvements de protestation constituent l'événement de l'année.

Jean Archambault, Montréal

Le déclin politique

Pour moi, l'événement le plus marquant de l'année est l'ensemble des scandales financiers commis par les gestionnaires et les politiciens à tous les niveaux des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral. Nous sommes témoins et victimes de mécanismes vicieux permettant à ces personnes de piger à même les goussets publics pour se payer des honoraires, des commissions, des bonis ou tout simplement pour s'offrir une vie luxueuse qui autrement ne leur serait pas accessible. Nous assistons, de manière bien impuissante, au déclin politique de notre société. Le plus tragique ou le plus comique: on nous demande de voter pour ces personnes qui, plus tôt que tard, vont venir fouiller dans nos poches pour s'enrichir à nos dépens.

Marc Gaudreau

La guerre des devises

L'événement qui a le plus marqué l'actualité en 2010 en est un qui risque d'influencer le plus notre mode de vie au cours des années à venir. Les effets de cette influence restent imprévisibles. Quel est cet événement? Une guerre d'un nouveau genre: la guerre des devises résultant de l'endettement des individus, mais surtout, de l'endettement des nations.

La première salve de cette guerre des devises a été servie en 2010 par les États-Unis: notre voisin a décidé d'injecter dans le système économique une quantité énorme de dollars. Chose surprenante, la dévaluation de la devise américaine reste raisonnable - du moins pour l'instant: tous les pays détiennent en effet une forte réserve de billets verts et ces pays ne souhaitent pas une dévaluation. Le meilleur exemple est la Chine qui possède une masse énorme de dollars américains et qui est bien sûr un fournisseur important de biens de consommation aux États-Unis. Nous sommes assis probablement sur une bombe à retardement que personne ne veut voir éclater. Cet équilibre, en apparence stable, ne peut pas durer bien longtemps surtout que les États-Unis perdent progressivement leurs moyens de production de biens de masse au profit des pays émergents (la Chine en tête).

Tout est en place pour une situation où l'économie américaine se ratatinera comme peau de chagrin. Si l'inflation apparaît, les États-Unis ne pourront pas utiliser l'arme des taux d'intérêt pour la juguler: ils risqueraient alors d'étouffer leurs citoyens fortement endettés. La solution de moindre mal pour eux semble être la dévaluation progressive du dollar: les observateurs ont appelé cela, avec justesse, la guerre des devises.

François Bousquet, Beloeil