Il est bon d'entendre enfin parler des lacunes de l'enseignement de l'histoire nationale dans notre réseau scolaire, en particulier au collégial, sur la place publique. Cet enjeu fondamental pour notre société nous interpelle d'autant plus à l'heure actuelle, où il est de plus en plus difficile de mobiliser la population autour d'enjeux nationaux.

La population semble se soucier et se mobiliser davantage pour des enjeux superficiels comme le hockey ou les téléréalités que pour des enjeux fondamentaux tels que la langue nationale, les gaz de schiste ou l'état des services publics. Il y a lieu de penser que le manque de connaissances historiques de la population y soit pour quelque chose.

Lorsqu'ils pensent à l'histoire, plusieurs pensent à l'apprentissage de dates ainsi que de noms de lieux et de personnes qui ne leur serviront à rien par la suite. Il est vrai qu'on doit apprendre certaines dates et certains noms lorsqu'on étudie l'histoire. Toutefois, la discipline historique ne se limite pas à ces apprentissages, loin de là.

L'apprentissage de son histoire contribue à la création d'une conscience nationale chez un même peuple. En apprenant les récits et les grands événements de son passé, ses héros historiques, les causes de tel événement, un peuple se construit et se reconnaît une identité collective et un sentiment d'appartenance à une même communauté qui se situe dans le temps, et, dans le cas des Québécois, dans l'espace.

Ainsi, l'apprentissage de son histoire chez un peuple crée, chez ses membres, un sentiment d'appartenance à une communauté historique assez fort pour que ce peuple se sente investi de poursuivre l'oeuvre nationale des ancêtres.

L'histoire joue donc l'important rôle, dans une nation, de créer une continuité entre les diverses générations qui se succèdent, de même qu'une cohérence dans les actions de cette nation, qui apprend de son passé pour mieux comprendre son présent et ainsi mieux orienter son futur.

De plus, à l'heure où notre société accueille un nombre croissant d'immigrants, l'apprentissage de l'histoire du territoire et du peuple chez qui ils arrivent contribue à leur donner des repères et à en faire des citoyens plus engagés et éclairés sur leur nouvelle société.

Au cours des années 90, certains ont pensé qu'il valait mieux occulter notre histoire nationale et la réécrire afin que les nouveaux arrivants ne se sentent pas délaissés ou mis à part. S'inspirant de l'idéologie multiculturaliste, cette avenue contribue à ce que les diverses communautés ne fassent pas «société» et forment ainsi des identités éparses qui ne se mêlent pas ensemble. Cette avenue favorise la fragmentation et la démobilisation de notre société plutôt que de favoriser sa cohésion.

Il y a lieu de croire, au contraire, qu'il n'y a pas meilleur moyen d'intégrer les nouveaux arrivants à notre communauté québécoise que de leur apprendre qui nous sommes. Ceci passe par un apprentissage de notre histoire nationale.

Vivement donc cette coalition qui prône l'introduction d'un cours obligatoire de l'histoire du Québec au cégep. Il est à penser qu'avec de futurs citoyens plus au fait du passé de leur société, celle-ci sera plus à même de se mobiliser et à réellement faire société .

Il serait malheureusement surprenant que cette coalition reçoive l'attention du gouvernement libéral actuel, qui préconise plutôt d'ajouter des cours d'anglais obligatoires au cégep.

D'ailleurs, ce gouvernement redouterait sans doute de devoir faire face à des citoyens informés, car ceux-ci ne le laisseraient sûrement pas saboter la société québécoise comme il le fait actuellement.