Vous avez promis de faire le ménage dans les garderies. Votre plan est divisé en quatre axes: (re)mettre en place un système régional d'octroi de places en garderie privée subventionnée, stopper les chaînes de garderies, vérifier les antécédents judiciaires des détenteurs de permis de garderie et réformer le régime de sanctions des garderies délinquantes. Bien que vos efforts soient louables, quels impacts positifs réels auront-ils sur la véritable problématique, soit l'absence de places disponibles?

Ma femme et moi avons appris à l'automne 2008 que nous serions bientôt nouveaux parents. Nos proches ayant déjà des enfants nous ont mis en garde: mettez-vous rapidement sur le plus de listes d'attente possible si vous comptez obtenir une place en garderie subventionnée de votre vivant.

Nous avons mis notre enfant à naître sur la liste d'attente de tous les Centres de la petite enfance (CPE) de notre quartier avant même qu'elle soit née. Nous l'avons inscrite sur la liste unique de la Coopérative enfance famille. Nous avons contacté tous les CPE, garderies, services de garde en milieu familial inscrits sur Ma Garderie, le réseau d'information sur les services de garde du Québec.

Le verdict de notre démarche est simple: il faut compter environ trois ans d'attente pour inscrire un poupon (12 à 18 mois) à un CPE, mais il est impossible de l'inscrire sans connaître sa date de naissance. À partir du moment où un enfant est inscrit sur une liste d'attente, une multitude de facteurs viennent influencer le moment où cet enfant obtiendra une place. Si notre enfant manque son entrée comme poupon dans une garderie, ses chances de trouver une place à 2 ou 3 ans sont alors nulles.

Notre constat est déprimant. Des nouvelles places seront créées en CPE, la ministre l'a promis. Quand seront-elles disponibles? On nous lance des chiffres, mais on ne nous fournit rien de concret. À titre d'exemple, un CPE de notre quartier a fait une demande de permis en 2008 pour ajouter environ 70 places. Le ministère a mis un an à délivrer le permis. Entre-temps, le local qu'ils avaient trouvé a été loué à des tiers. Ils ont donc trouvé un nouveau local pour accueil leurs enfants, mais le ministère leur a alors refusé le permis parce que le projet n'était pas conforme au projet initial. Ainsi s'envolent 70 des 15 000 places promises.

Vos politiques sont complètement déconnectées de la réalité sur le terrain. Avec le petit baby-boom actuel, ces 15 000 places, si elles se concrétisent, ne feront que maintenir le ratio de places disponibles par rapport au nombre d'enfants, sans plus.

La Coopérative enfance famille, qui gère la liste d'attente unique de notre quartier, nous a mis bien en garde: il ne faut compter sur aucun des systèmes mis en place pour trouver une place en garderie pour notre enfant, il faut contacter des garderies privées. Nous avons donc trouvé un endroit pour notre fille dans ce qui est officiellement un service de garde non régi par le ministère, soit une garderie de moins de six enfants. Au coût de 35$ par jour avec émission d'un reçu pour fins d'impôt. L'endroit est correct, mais il ne s'agit certainement pas d'un CPE.

Bien qu'il soit facile de critiquer le système de garderies, il semble que le réformer soit du domaine de l'impossible. Aussi, nous vous avons préparé quelques propositions pour l'améliorer: simplifier les exigences et formalités nécessaires à l'ouverture d'un CPE; que les gens prêts à ouvrir un CPE puissent le faire rapidement; accélérer la délivrance des permis aux projets conformes; que les gens qui ont obtenu un droit d'ouvrir un CPE, mais qui n'ont pas concrétisé leurs places en six mois perdent leur droit; priorité aux enfants par quartier dans les CPE.

Nous sommes craintifs quant à l'avenir. S'il est impossible de trouver un pédiatre ou une place en service de garde pour nos enfants, est-ce que nous serons en mesure de leur trouver une place dans les écoles primaires de notre quartier?