Et maintenant, au travail.

En ce 3 novembre, les trois villes principales de la région, réunies avec les autres municipalités au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), se retrouvent dans une situation paradoxale pour relancer le Grand Montréal, et Montréal en premier lieu, dans le concert des métropoles gagnantes.

À Laval, Gilles Vaillancourt obtient un mandat sans opposition et pourra travailler sereinement au développement de sa ville.

À Longueuil, Caroline Saint-Hilaire sort grande gagnante d'un projet de renouvellement de la démocratie municipale, et de ses pratiques d'éthique, de transparence et d'intégrité Elle dispose d'un plan d'action réaliste. Minoritaire au conseil, malgré ses 53% de votes, elle se veut rassembleuse des conseillers des différents partis autour des changements escomptés et du projet de ville, tout en tendant la main aux municipalités de l'agglomération.

À Montréal, Gérald Tremblay, maire de Montréal (et président de la CMM), élu par 15% des électeurs inscrits, se trouve dans une position affaiblie pour défendre la métropole. Il n'a pas le choix. Il doit faire un geste significatif de rupture, traduisant un changement de culture et de mode de décision, montrant qu'il peut travailler avec les partis d'opposition et être le leader que les citoyens admirent.

Tout d'abord, après les électrochocs administrés au gré des révélations de collusion, de financement illégal et de corruption, il y a urgence à faire un ménage vigoureux dans les octrois de contrat, la culture de la collusion, l'éthique flexible et les décisions cachées. Montréal a besoin d'être aidé et non menacé de tutelle. Une partie du travail de nettoyage doit être fait par le gouvernement du Québec pour démanteler le système de corruption érigé en système. Ces changements sont indispensables pour rétablir la réputation de Montréal, du Québec et la confiance des citoyens.

Mais les citoyens s'attendent aussi à voir les services s'améliorer, être bien gérés. De plus, les projets, faisant l'unanimité des trois partis, devraient servir de fondations au programme d'actions: prioriser les transports collectifs et actifs avec le plan de transport de Montréal comme piste de décollage, et des cibles d'achalandage élevées, un plan de match contre les GES, recouvrir l'autoroute Ville-Marie, se battre contre le projet de l'échangeur Turcot, humaniser Notre-Dame, viser moins de circulation à Montréal et plus de rues piétonnes. Par delà les partis, il est dommage que les pères du plan et des transports actifs, André Lavallée et Michel Labrecque, n'aient pas été réélus.

Le développement durable, l'environnement et ses nombreux objectifs font aussi consensus, comme de redonner un rôle central au service d'urbanisme. À des degrés divers, les trois partis s'entendent pour accroître les logements abordables et instaurer des mesures pour retenir les familles à Montréal et intégrer mieux les immigrants.

La culture apparaît comme le fer de lance des priorités des prochaines années, avec une place plus considérable pour le Conseil des arts (CAM).

Les grands projets intéressants ne manquent pas: Bonaventure, l'accès aux berges et l'entrée maritime, le réseau de tramways, les muséums nature, les projets de la nouvelle économie verte, le quartier des spectacles, etc. Un événement catalyseur comme le 375e anniversaire pourrait mobiliser les forces vives de Montréal, pour retrouver sa fierté et sa juste place.

Avec un vote de protestation à 60%, les citoyens ne resteront pas des spectateurs muets. Ils voudront s'investir dans la relance du Montréal qu'ils aiment. Il faudra leur trouver une place.

Florence Junca-Adenot

L'auteure est directrice du Forum Urba 2015 au département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM. Elle a été présidente de l'Agence métropolitaine de transport de 1996 à 2003.