Gérald Tremblay, réélu hier, peut compter sur des électeurs malheureux et déçus. Malheureux parce que pour la majorité d'entre eux, leur candidat n'a pas passé. Déçus, parce que tout compte fait, autant Montréal que les candidats à la mairie n'étaient pas à la hauteur de nos attentes de citoyens.

Cette déception, il est important que le maire Tremblay la comprenne, car s'il ne s'y attaque pas, elle ne fera que s'amplifier durant les quatre prochaines années et rendra malheureux tous les élus.

La campagne des candidats a d'ailleurs attisé ce sentiment. Bien qu'il n'ait pas été personnellement mis en cause, Gérald Tremblay a présidé aux cafouillages des dernières années, avec une gestion très loin de la qualité qu'attendent les citoyens. Louise Harel n'a pu faire oublier les tensions qu'elle a suscitées il y a quelques années, rappelant aux élus que sur le plan local, la grande majorité des Montréalais aspirent à une paix sociale. Richard Bergeron, pour sa part, s'est fait rappeler que la bonne gestion municipale porte en premier sur des services collectifs et qu'un grand projet ne fait rêver que s'il rejoint une grande partie de la population.

Par ses hésitations et sa grogne, la population envoie un message très clair, un rappel de certains principes qu'un édile municipal ne devrait jamais oublier.

1- Au sommet de la hiérarchie des attentes de l'électeur local, se situe une bonne intendance, allant de services municipaux bien gérés à une intégrité à toute épreuve;

2- Suit l'amélioration des conditions de vie urbaine et l'élimination des irritants qui assombrissent notre quotidien;

3- En troisième lieu, des réalisations et projets qui nous rendent fiers sans trop nous endetter, ce qui n'est pas toujours simple.

Le maire est aussi «notre maire», amenant sur la place publique nos préoccupations et nos attitudes. Mais pour se qualifier comme porte-parole de nos aspirations collectives, un maire doit d'abord gagner notre respect comme responsable de l'intendance locale et comme point de ralliement de la communauté.

Dans quelques semaines, un nouveau comité exécutif sera formé. Je ne peux que recommander à Gérald Tremblay de ne constituer ce comité exécutif qu'avec un seul objectif en tête, la bonne intendance. Pendant quelques années, nos édiles municipaux devraient oublier les rêves et les grands projets et simplement regagner la confiance des électeurs en leur démontrant qu'ils peuvent bien gérer la ville et qu'ils ne sont pas à la solde de promoteurs de tout acabit.

Et cher M. Tremblay, montrez-nous que vous avez une colonne vertébrale, car la population admire le courage politique. Si faute de développement, il vous faut hausser les impôts fonciers pour refléter l'inflation, prenez votre courage à deux mains et faites-le. Car c'est pour faire des choix complexes et difficiles à sa place que la population vous a choisi.

Économiste, l'auteur est associé chez Secor., Marcel