Le Sommet mondial sur les changements climatiques qui se tiendra en décembre à Copenhague est loin de faire l'unanimité au pays. Le Canada, qui fait partie des 10 plus grands pollueurs de la planète, s'y présentera sans position véritable et sans détermination.

D'ailleurs, dans les rencontres internationales sur l'environnement, le Canada est désormais perçu comme un empêcheur de tourner en rond. Le gouvernement Harper sera-t-il l'artisan d'un autre échec à la lutte contre le réchauffement climatique?

Heureusement, le Québec semble davantage sensibilisé à la question. Mais est-ce suffisant pour être entendu dans tout le Canada? Est-ce suffisant pour influencer la rédaction d'un accord international ambitieux à Copenhague? Nous devons faire pression sur le gouvernement canadien pour qu'il développe une position viable face aux changements climatiques. C'est notre meilleur moyen d'agir. On ne peut rester insensible aux impacts catastrophiques des changements climatiques chez les populations les plus pauvres de la planète. Et on ne peut oublier que notre tour viendra, plus tôt que tard, si nous n'agissons pas maintenant.

J'étais présent lorsque l'ancien secrétaire général de la l'ONU, Kofi Annan, a lancé le mouvement mondial Time for Climate Justice. Il a beaucoup insisté sur l'importance des gestes individuels et il a lancé un appel vibrant aux entreprises à se joindre au mouvement pour sensibiliser les États les plus riches à l'impact des changements climatiques.

J'ai été profondément touché par son message et j'ai tenu à m'engager comme personne et comme entrepreneur. J'ai donc décidé de m'investir et de prendre le relais du mouvement pour la justice climatique au Québec, notamment avec l'appui d'Équiterre.

J'invite toutes les entreprises et tous les Québécois préoccupés par le présent et l'avenir de notre planète à faire entendre leur voix en participant à la pétition vidéo sur le commensal.com. Constituée d'une succession de miniclips d'une seconde montrant chaque participant simuler le tic des aiguilles d'une horloge, cette pétition vise à démontrer que les changements climatiques ont un visage humain et que le temps presse.

Cette horloge humaine québécoise sera envoyée au premier ministre Stephen Harper, avant son départ pour la capitale danoise, pour lui signifier que le Canada doit s'engager activement dans la lutte aux changements climatiques. De plus, l'horloge québécoise sera ajoutée à l'horloge mondiale et remise aux leaders internationaux lors du Sommet de Copenhague.

Pourquoi une entreprise privée s'investit-elle dans une démarche semblable? Un coup de marketing? Un nouveau truc? Non. Parce que ça fait partie de ses valeurs, des valeurs de ses employés et de ses clients. Parce que c'est un devoir pour les entreprises d'aider la société dans laquelle elles évoluent. Les entreprises et leurs dirigeants ne peuvent se désolidariser de celles et ceux qui les entourent.

Mais quand c'est le cas, ce sont les consommateurs qui ont désormais le pouvoir de faire avancer les choses. En effet, en choisissant d'appuyer les entreprises solidaires et socialement responsables, ils exercent une pression sur les autres entreprises pour qu'elles posent aussi des gestes concrets.

Si une entreprise obtient du succès auprès de ses clients et fait de meilleures affaires en agissant de façon responsable, il y a fort à parier que ses concurrents emboîteront le pas. Plus que jamais, le monde a besoin de cet effet d'entraînement. Le jour où toutes les entreprises utiliseront une part importante de leur budget marketing pour des initiatives sociales et environnementales, comme le suggère Kofi Annan, la planète et les gens qui l'habitent se porteront beaucoup mieux.

Le Québec, en s'inscrivant dans ce mouvement, peut servir d'exemple aux autres régions du monde et affirmer son leadership dans la lutte aux changements climatiques. À compter de maintenant, chacune et chacun de nous dispose d'une seconde pour dire aux leaders de la planète qu'il est urgent d'agir. Une seconde pour faire la différence.

Pierre Marc Tremblay

L'auteur est président des restaurants Commensal.