La vaccination massive contre la grippe A(H1N1) a débuté hier alors que la deuxième vague a commencé à frapper le Québec plus tôt que prévu. Au moment où une course contre la montre s'engage, il est inquiétant que le mouvement de résistance à la vaccination soit si musclé.

Les informations contradictoires et souvent non crédibles affluent sur l'internet et ébranlent l'opinion publique. Au point où des sondages récents révèlent que moins de 40% des Québécois ont l'intention de se faire vacciner.

Personne n'aime se faire dire quoi faire. Un léger doute suffit souvent à nous faire basculer dans le camp des opposants. Les principaux motifs invoqués: le vaccin n'a pas été éprouvé, les compagnies pharmaceutiques s'en mettent plein les poches, le virus n'est pas plus grave que la grippe saisonnière.

Des raisons suffisantes pour ne pas se faire vacciner? Non. Depuis leur apparition au milieu du siècle dernier, les vaccins ont sauvé des millions de vies. Et les autorités sanitaires du pays assurent que celui contre la grippe A(H1N1) est sûr. On doit leur faire confiance.

Entendons-nous d'abord sur un point: un vaccin n'est pas parfait. Jusqu'à 10% des gens vaccinés peuvent souffrir d'effets secondaires mineurs, moins sévères et durables que la grippe elle-même. Le vaccin est efficace à au moins 95%, donc 5% des gens peuvent attraper la grippe quand même. Le temps de développer des anticorps, le vaccin peut prendre 10 jours avant d'être efficace. Comme la deuxième vague est déjà arrivée, il est probable que beaucoup de Québécois contracteront la grippe dans les jours qui suivront leur vaccination. Sans compter que tous les Québécois intéressés à se faire immuniser ne pourront l'être avant plusieurs semaines. Mais c'est la meilleure protection dont nous disposons.

Le virus A(H1N1) se distingue par sa virulence auprès de la population plus jeune. Des gens en santé, sans antécédents médicaux, ont rapidement atterri aux soins intensifs et en sont morts. La moitié des malades a moins de 25 ans. Le quart des gens décédés sont issus de cette tranche d'âge, comparativement à 7% pour les personnes âgées de 65 ans et plus.

Chacun de nous n'est pas Robinson Crusoé, nous ne vivons pas reclus dans une île déserte. La grippe A(H1N1) est contagieuse. Nous pouvons contaminer les autres, qui en contamineront d'autres. D'où une pandémie susceptible d'engorger nos hôpitaux déjà débordés, perturber grandement le quotidien de nos écoles et de nos entreprises, ainsi que ralentir le fonctionnement des services de l'État. Selon l'Institut de la santé publique, 30% des Québécois pourraient être touchés cet hiver.

Quand on décide de refuser le vaccin, on accroît les risques de propagation de la maladie dans son entourage. Sommes-nous rendus égoïstes à ce point?

Nous avons l'obligation morale, une responsabilité sociale de nous faire vacciner. Faisons-le pour éviter de tomber malade soi-même, bien sûr. Mais faisons-le surtout pour notre famille, nos amis, nos collègues de travail. Pour le bien-être d'autrui.

jbeaupre@lapresse.ca