Il y aura toujours un excédent de témérité dans le bagage psychologique des adolescents. Et une société sans accidents est une utopie à laquelle nous n'accéderons jamais, quel que soit le luxe de précautions déployé. Malgré cette double certitude, la conscience collective est incapable de la moindre sérénité devant l'accident survenu à Saint-Jean-sur-Richelieu, ce week-end.

La tragédie a impliqué 12 jeunes sortant d'une même fête et répartis dans deux voitures. Une adolescente de 14 ans est morte; un garçon de 15 ans demeure dans un état critique.

La victime était installée dans le coffre d'une sous-compacte. Au petit matin et sur une route à deux voies, la voiture a apparemment dépassé (un «jeu»? On ne sait pas), a touché la seconde voiture et est sortie de la route. On ignore si les facultés de l'un ou l'autre conducteur, tous deux âgés de 17 ans, étaient affaiblies.

Tout cela est aussi désespérément bête qu'un accident peut l'être.

En toute conscience, que faudrait-il faire?

Faudrait-il diffuser en boucle à la télé une publicité où serait expliqué aux ados le danger qu'il y a à prendre place dans le coffre d'une sous-compacte surchargée et roulant, de nuit, sur la voie de gauche? Ou le danger du «car surfing», comme s'il n'était pas évident?... Les pubs de la Société de l'assurance-automobile du Québec ont déjà beaucoup montré, notamment des images destinées à terroriser les jeunes. Or, on constate aujourd'hui les limites du procédé. (À ce sujet, on lira le blogue de l'édito sur Cyberpresse.)

Faudrait-il imposer davantage de restrictions aux conducteurs novices? Par exemple, un couvre-feu est imposé aux jeunes conducteurs en maints endroits aux États-Unis, tout comme une limite au nombre de passagers qu'ils peuvent faire monter avec eux. Cela semble avoir des effets appréciables.

Faudrait-il relever l'âge minimum d'obtention du permis de conduire probatoire et rendre les cours de conduite obligatoires? Dans ce dernier cas, l'obligation qui a existé entre 1971 et 1997 sera de nouveau en vigueur le 17 janvier prochain. D'autre part, le débat perdure quant à l'âge requis pour prendre le volant. Mais d'une tragédie à l'autre, il devient évident que le jeune âge peut être un handicap réel derrière un volant.

Or, voici ce qui va se produire: effrayée et peinée, la population va finir par exiger de l'État qu'il agisse avec fermeté dans ce dossier. Et la façon la plus simple de le faire sera bel et bien de hausser de 16 à 18 ans l'âge requis pour obtenir un permis de conduire et d'imposer des restrictions aux conducteurs novices.

Pourquoi, alors, ne pas envisager une telle réforme dès maintenant?