L'auteur est président du Groupe de travail sur la persévérance et la réussite scolaires, et président du conseil BMO Nesbitt Burns.

Le travail admirable du Dr Gilles Julien et de son équipe fait partie des services essentiels que notre société se doit de soutenir, de développer et de rendre accessibles au plus grand nombre possible de jeunes québécois en difficulté.  Un service que la « grosse machine interministérielle fortement normée » peine à rendre adéquatement, malgré tous les fonds investis et les efforts sincères déployés. L'expérience et surtout les résultats obtenus à ce jour en matière de décrochage scolaire auprès de ces enfants le démontrent largement.

Je connais bien le Dr Julien. Je suis membre du conseil d'administration de la Fondation pour la promotion de la pédiatrie sociale qu'il a créée. Gilles est membre de notre Groupe d'action sur le soutien à la persévérance et à la réussite scolaires et ce, depuis le tout début. Je peux donc parler en toute connaissance de cause du travail admirable qu'il effectue avec son équipe et des retombées dont bénéficient les jeunes en difficulté des quartiers où ses équipes sont actives.

Je laisse à d'autres plus qualifiés que moi le soin de témoigner des retombées de son action auprès des jeunes au plan de la santé. Ce dont je peux témoigner, c'est des retombées du travail du Dr Julien dans le domaine de la persévérance scolaire et de son impact auprès des jeunes. Tous les spécialistes reconnaissent maintenant que la persévérance scolaire jusqu'à l'obtention d'un diplôme d'études secondaires tient très fortement au travail de consolidation effectué auprès de l'enfant dès ses premières années et même, dans bien des cas, dès sa naissance. Faut-il rappeler qu'une proportion effarante de ces jeunes à risque ne dispose pas des conditions minimales requises pour réussir leur entrée à l'école? L'intervention de la pédiatrie sociale donne à bon nombre d'entre eux une meilleure chance de réussite.

Comment ? Gilles travaille à bâtir la confiance de ces enfants en eux-mêmes et leur estime de soi, dès leur naissance et ce, jusqu'à la fin de leur adolescence. Une condition essentielle à toute forme de réussite, scolaire ou autre. Il travaille avec les jeunes et leurs familles, à tous les jours, dans leur quartier, avec les moyens du bord. Les résultats obtenus sont probants. Il apporte à ces jeunes ce qu'aucun organisme officiel, public, strictement normé, ne peut leur apporter. Gilles travaille hors normes parce qu'il s'adresse à des enfants  « hors normes ». D'où la grande difficulté d'obtenir un financement suffisant, prévisible et fiable.

Pourtant, la qualité de l'approche qu'il a développée et les succès vérifiables qu'ont valus ses efforts auprès des jeunes font l'objet d'une reconnaissance indiscutable de la part de plusieurs grands organismes dans le monde entier. Si Gilles Julien exerçait en Europe, des délégations québécoises se succéderaient pour aller étudier sur place son approche et les rapports ne manqueraient pas pour souligner l'intérêt d'implanter chez nous une pareille démarche. Mais, malheureusement, nul n'est prophète en son pays... même si son travail fait l'objet d'une reconnaissance largement médiatisée.

Le travail du Dr Julien est essentiel, non seulement pour ces enfants et leurs familles, mais tout simplement pour toute notre société qui a besoin de la réalisation du plein potentiel de tous ses citoyens. Particulièrement au moment où nous allons être confrontés à un énorme défi démographique.

Chaque enfant rescapé du décrochage et du cercle infernal de l'aide sociale qui se perpétue de génération en génération, constitue une victoire pour nous tous. C'est pourquoi, les multiples ministères qui bénéficient des retombées des efforts déployés en pédiatrie sociale doivent unir leurs efforts pour assurer un financement décent à cet effort social. En faisant preuve de créativité et en acceptant de s'aventurer  au-delà des limites habituelles de ses propres frontières.

Il nous appartient à tous également, membres de la société civile, individus, organismes et entreprises, de contribuer au maintien d'un financement décent au fonctionnement de la pédiatrie sociale. Plusieurs le font déjà et je dois les féliciter. Notamment la Fondation André et Lucie Chagnon qui soutient financièrement les efforts de la Fondation pour la promotion de la pédiatrie sociale. Des centaines d'individus participent à la Guignolée du temps des Fêtes du Dr Julien. Plusieurs entreprises sont déjà engagées dans le financement et dans diverses formes de soutien de cette « oeuvre ».

Il faut nous assurer, tous ensemble, c'est-à-dire secteur public, fondations privées, individus, entreprises, que les fonds nécessaires au financement des activités déjà implantées par le Dr Julien soient accessibles, mais aussi afin de permettre le développement  de pareilles initiatives dans d'autres communautés québécoises qui en ont bien besoin. Au-delà de la crise financière actuelle qui ébranle le fonctionnement de l'oeuvre du Dr Julien qui trouvera certainement un dénouement à court terme, il faudrait assurer un financement plus permanent, stable et suffisant. C'est ça le vrai défi actuellement.

Sauver un enfant du décrochage scolaire et le mettre sur la voie de la réussite constitue une grande victoire pour toute notre société. C'est ce que réalise quotidiennement le Dr Julien. Bravo Gilles et à tous ceux et celles qui contribuent au soutien de ton oeuvre.