La pédiatrie sociale fait figure de jeune recrue dans le domaine médical. Une nouvelle avenue qui a déjà fait ses preuves et qui, invariablement, suscite l'intérêt et l'espoir, chez les parents comme chez les professionnels oeuvrant auprès des enfants.

Au Québec, c'est sous les traits du Dr Gilles Julien que s'est personnifiée cette approche. Il nous est arrivé avec un modèle de pédiatrie déconcertant de simplicité et de vérité, qui ne cesse d'inspirer toute une génération de jeunes médecins.

Les difficultés financières de la Fondation du Dr Julien annoncées dernièrement sont déplorables à plusieurs égards. D'abord, pour ces centaines d'enfants évoluant déjà dans des milieux précaires, qui devraient composer avec l'arrêt des services prodigués par les centres. Ensuite, pour ce qu'elles révèlent du milieu communautaire qui peine à porter ses actions au-delà de l'immédiat, toujours dans la crainte de se voir couper les vivres. Mais surtout pour notre société, qui crie bien haut tout l'attachement qu'elle a pour ses enfants sans qu'elle puisse, pourtant, en convaincre les gouvernements.

Heureusement, la mission du Dr Julien bénéficie d'un appui impressionnant de la population québécoise, comme en fait foi le succès toujours grandissant de ses guignolées. En pleine crise économique, plus de 530 000$ de dons privés ont été amassés, grâce à la mobilisation des médias et d'une armée de bénévoles.

Le modèle multidisciplinaire centré sur l'enfant est salué partout et jouit d'un fort capital de sympathie auprès des intervenants communautaires et scolaires. Le milieu médical embrasse avec enthousiasme cette nouvelle voie, allant même jusqu'à intégrer un stage de pédiatrie sociale à la formation de tous les résidents de pédiatrie des universités de Montréal et de McGill.

Les omnipraticiens ont eux aussi sauté dans le train, contribuant ainsi à l'implantation de six nouveaux centres au Québec. Peut-on rêver d'une mobilisation plus généralisée?

Selon le principe même de la démocratie, une cause aussi rassembleuse et une méthode aussi unanime se doivent d'être cautionnées par nos instances gouvernementales. L'enjeu est trop important pour qu'il dépende uniquement des aléas de la contribution populaire - toute généreuse qu'elle soit. Un besoin criant de constance s'impose afin que l'aide apportée aux enfants s'amarre véritablement à leur quotidien et puisse orienter de façon significative leur développement.

Dans l'imaginaire collectif, la pédiatrie sociale n'en est encore qu'à ses balbutiements, incarnés par le dévouement et la vision de son fondateur. Pourtant, ce rêve croît et inspire bon nombre d'intervenants qui, à la manière du Dr Julien, cherchent à s'engager autrement, pour le mieux-être de nos enfants.