Souhaitons que la visibilité mondiale accordée aux Premières Nations lors des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques donne aux autochtones du Canada le même sentiment de fierté et de confiance en l'avenir que l'exposition universelle de Montréal a donné aux Québécois dans les années 60.

Souhaitons que la visibilité mondiale accordée aux Premières Nations lors des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques donne aux autochtones du Canada le même sentiment de fierté et de confiance en l'avenir que l'exposition universelle de Montréal a donné aux Québécois dans les années 60.

Le traditionnel côtoyait le moderne dans le spectacle de vendredi dernier: la couronne britannique incarnée par une femme haïtienne partageant les premières loges avec les chefs des tribus historiques de la Colombie-Britannique. Mais l'absence du Québec francophone dans l'image que le Canada a donné de lui-même au reste du monde en a blessé ou choqué plusieurs. Incompétence, bêtise ou indifférence, peu importe les raisons, ce geste est aussi déplorable qu'inacceptable.

Mais nous n'avons que nous-mêmes à blâmer pour cet état de choses. Le Canada ne nous a jamais rien donné. Nous avons toujours dû nous battre pour prendre notre juste place. Depuis près de deux décennies, une majorité de Québécois ont décidé de retirer peu à peu notre société des centres du pouvoir au Canada.

Nous avons une voix à Ottawa, et elle est forte et souvent éloquente, mais c'est celle de l'éternelle opposition. Avec le Bloc, le Québec s'est donné son propre NPD : une bonne conscience toujours du côté de la pureté morale qui n'a jamais à se salir les mains parce qu'il n'exerce aucun pouvoir et n'est responsable de rien.

La politique du Bloc devient comme une sorte de «self-fulfilling prophecy»: nous devons nous séparer du Canada, car c'est un pays qui nous ressemble de moins en moins. C'est pourtant nous qui avons décidé de quitter le navire canadien. Comment alors se surprendre de ne plus faire partie de l'équipage?

Cela ne veut pas dire qu'il faille se résigner ou se rendre à l'évidence de l'inévitabilité de la sécession. En mettant le gros de nos oeufs dans le panier du Bloc, nous avons opté pour une forme de représentation différente dans les institutions fédérales. Nous avons opté pour représenter le Québec dans les institutions du Canada plutôt que d'avoir des institutions du Canada représentées au Québec par le biais de députations fédéralistes plus ou moins fortes.

Nous sommes toujours dans une logique fédérale, mais qui prend des formes encore inédites au Canada, comparables à la dynamique intergouvernementaliste de l'Union européenne. En faisant du Québec notre seule communauté nationale d'appartenance, le Canada n'est devenu qu'un lieu pour la gestion des ressources mises en commun.

Plutôt que de s'offusquer de l'invisibilité du Québec francophone dans les cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques, nous devrions plutôt nous réjouir de la vigueur du provincialisme au Canada. Celui-ci semble si fort et dominant que le fédéral, malgré les millions investis, aurait été incapable d'imposer quoi que ce soit à la Colombie-Britannique et à la ville de Vancouver dans la conception du spectacle d'ouverture.

Voilà une bonne nouvelle pour ceux qui voient dans le Canada la nation «des autres». On ne peut tout de même pas demander à ces «autres» de représenter notre identité dans le monde. Nous devons apprendre à ne plus avoir d'attente en cette matière à l'endroit du Canada. Nous devons assumer les conséquences de nos décisions et cesser de rechercher la reconnaissance du Canada pour ce que nous sommes.