Les nombreux Québécois qui ont visité la magnifique promenade Samuel de Champlain, à Québec, depuis sa transformation en un superbe parc riverain, ont pu directement constater la contribution d'un cadre urbain bien pensé pour améliorer la qualité de vie des citoyens.

Le projet de revitalisation du Quartier Bonaventure, développé par la Société du Havre et soumis à la consultation publique, représente pour les Montréalais une occasion unique de corriger des erreurs historiques qui découlaient de la primauté de l'automobile, et de se réapproprier des espaces de qualité au bénéfice des humains. Le projet présenté est exceptionnel et mérite le soutien des autorités et des Montréalais.

Le défi de revitalisation de ce quartier est rendu plus complexe par la nécessité de faire cohabiter harmonieusement des activés très diverses. Le corridor Bonaventure constitue une entrée dans le quartier des affaires et le Vieux-Montréal, ce qui exige d'assurer l'efficacité de déplacements très importants. La transformation doit retisser des liens entre les quartiers limitrophes, scindés par l'autoroute Bonaventure. La zone comporte des infrastructures qui soutiennent une activité portuaire florissante. Et finalement, le quartier comporte un patrimoine historique exceptionnel qu'on doit chercher à protéger.

C'est dans cette perspective globale que le projet doit être évalué. C'est dans cette perspective qu'il apparaît comme un projet remarquable, résultat d'une démarche sérieuse, rigoureuse et transparente, qui a mobilisé depuis 2004 toutes les expertises nécessaires. En plus de libérer des espaces de qualité pour la construction de logements, de commerces et de bureaux qui constitueront le coeur du nouveau quartier, le projet comporte une emphase sur les transports en communs répondant aux besoins actuels et futurs.

C'est d'ailleurs cet aspect du projet qui a pu susciter, dans le cadre des consultations publiques, des réserves chez certains citoyens : l'intensification du trafic d'autobus, à certaines heures de la journée et sur certains segments spécifiques, génère des craintes. Le scénario proposé, sélectionné parmi sept différents tracés analysés, emprunte des voies qui comportent un minimum d'adresses civiques, assurant à la fois l'efficacité des transports en communs et la minimisation des impacts négatifs sur le milieu.

Les consultations publiques auront permis, par ailleurs, de proposer une variante du tracé qui pourrait réduire encore plus l'impact sur les citoyens du quartier, possiblement au détriment du bâtiment «Baron sport», considéré comme patrimonial. Le dilemme est là: doit-on privilégier la protection de ce bâtiment patrimonial ou la réduction maximale de l'impact des transports en communs sur les citoyens?

Mais en aucun cas, on ne devrait accepter que ce dilemme vienne bloquer la poursuite du projet. Au moment où les Québécois identifient la réduction des gaz à effets de serre comme une de leurs grandes préoccupations, il est difficile de ne pas saluer un projet qui se présente comme un exemple remarquable de développement durable, par sa contribution au développement urbain, au développement économique et à la préservation de l'environnement.

Nous n'avons pas le droit de laisser passer cette opportunité.