De prime abord, l'idée du profilage dans les aéroports semble une idée logique. C'est normal. Pourquoi faudrait-il perdre du temps à fouiller une vieille dame, blonde, aux yeux bleus? De plus, on n'a jamais entendu parler qu'un chrétien, un juif ou un athée au teint clair avait joint les rangs d'Al-Qaeda. Enfin, jusqu'à maintenant.

La question qu'on pourrait se poser, liée aux dernières mesures prises par les États-Unis, en est non seulement une d'efficacité - de telles mesures sont mises en doute par un expert de la sécurité de l'aéroport de Tel-Aviv qui a donné son opinion sur CNN - , mais elle est aussi de savoir comment l'administration américaine est arrivée à dresser cette liste de 14 pays. Sur quelle base? Quels sont les critères utilisés?

Si c'est parce que les gouvernements de ces pays soutiennent le terrorisme, ce n'est sûrement pas le cas du gouvernement yéménite, qui se bat sur trois fronts. Le premier au nord contre la rébellion chiite, le second au sud contre des séparatistes sunnites, le troisième contre des poches d'entraînement d'Al-Qaeda.

Quant au gouvernement syrien, il avait bombardé dans les années 80 toute une ville de 30 000 habitants parce que le régime les accusait d'être des frères musulmans. Jusqu'à nos jours, la politique du gouvernement syrien n'a pas tellement changé à l'encontre des mouvements religieux radicaux, Al-Qaeda ou autres. Sinon, pourquoi la CIA envoie-t-elle des prisonniers là-bas pour se faire torturer? Maher Arar en connaît quelque chose sur ce sujet.

Si par contre, le soutien du terrorisme pointe du doigt les citoyens de ces pays plutôt que les gouvernements, alors il faudrait inclure la Jordanie, puisque l'auteur de l'attentat qui

a tué sept agents de la CIA récemment en Afghanistan est un Jordanien. Inclure l'Égypte également, puisque le pirate de l'air numéro 1 du 11/9 est un Égyptien. Bref, il faudrait inclure tous les pays arabo-musulmans sans exception.

Ma plus grande inquiétude, comme citoyen canadien arabo-musulman, ce n'est pas le profilage racial dont je pourrais être la cible. Ma grande inquiétude est plutôt la suivante: comment les services de renseignements de la première

puissance militaire ont pu passer à côté de plusieurs indices liés à l'attentat raté du 25 décembre 2009? Est-ce que c'est de la négligence professionnelle? Ou est-ce que c'est un dysfonctionnement administratif dans la coordination et le partage de l'information avec tous les organismes impliqués?

Honnêtement, je ne crois ni à la négligence professionnelle ni au dysfonctionnement administratif. Il y a d'énormes ressources, humaines et matérielles, mises en oeuvre depuis 2001 pour que de telles informations passent à travers les mailles des services de renseignements. Je crois plutôt qu'on a laissé la porte entrouverte à des gens fanatiques obscurantistes sans cervelle, avec les conséquences connues.

1. Discréditer et fragiliser la politique d'ouverture et de la main tendue de l'administration Obama.

2. Donner raison à la politique de ligne dure du conservatisme.

3. Rendre les populations occidentales plus réceptives, coopératives et ouvertes à l'aliénation de certains de leurs droits et libertés fondamentaux.

4. Mettre plus de pression sur les musulmans vivant en Occident.

Chose certaine, Occidentaux ou musulmans, nous sommes pris en tenaille et en otage entre deux groupes fanatiques, un groupe islamistes jihadiste et un groupe «patriotiste sécuritiste».