C'est l'histoire d'un Québécois qui arrive au paradis. Saint Pierre, son grand trousseau de clés à la ceinture, le reçoit avec tous les égards: «Bienvenue au paradis, M. Tremblay. Vous avez mené une bonne vie, votre place vous attend...»

C'est l'histoire d'un Québécois qui arrive au paradis. Saint Pierre, son grand trousseau de clés à la ceinture, le reçoit avec tous les égards: «Bienvenue au paradis, M. Tremblay. Vous avez mené une bonne vie, votre place vous attend...»

Mais M. Tremblay ne l'entend pas de cette oreille. «Écoutez, saint Pierre, moi, j'ai eu froid toute ma vie. Je ne veux pas aller au ciel, dans les nuages. Envoyez-moi en enfer, là où il fait chaud!»

Un peu à reculons, saint Pierre se rend à la demande de M. Tremblay: «Mais quand vous en aurez marre de l'enfer, lui dit-il, remontez ici, je vous garde votre place.»

Quelques jours passent, et le Québécois n'est toujours pas réapparu.

Saint Pierre, un peu inquiet, descend vers la grande porte rougeoyante de l'enfer. Il entrouvre la porte, essayant de distinguer son M. Tremblay à travers les flammes et la noirceur... Quand tout à coup s'élève du fond de l'enfer une grosse voix de Québécois: «LA PORTE!»

Je crois vous avoir déjà raconté cette blague, ami lecteur, mais je n'ai pu résister au plaisir de la reprendre. Elle est de saison, et elle m'est revenue à l'esprit alors que je marchais vers La Presse, frigorifiée de la tête aux pieds, les muscles contractés et la peau meurtrie, en pestant contre la vague de froid inhumain qui s'est abattue sur le Québec comme un vilain pied de nez au discours sur le réchauffement climatique...

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NOËL BIENTÔT... Pour bien des gens, ce week-end-ci marque le début de la frénésie des Fêtes: course aux cadeaux, boustifaille et autres festivités... Pour nos gouvernements toutefois, c'est l'heure de la libération. Les parlements ferment, la férocité partisane se dissipe, l'opposition part en vacances et les locataires du pouvoir ne sont plus obligés de rendre des comptes.

C'est ce moment qu'attendaient les Harper et Charest, qui sont tous deux aux prises avec des demandes d'enquêtes publiques, la première sur les allégations de torture dont auraient été victimes certains détenus afghans, la seconde sur l'industrie de la construction.

Il y a des différences dans le volume des clameurs. Au fédéral, le scandale autour des détenus afghans se limite plutôt à l'enceinte parlementaire, tandis qu'au Québec, les demandes d'enquête sur l'industrie de la construction proviennent de toutes parts – autant de M. Tout-le-Monde que des commentateurs ou des partis de l'opposition. Et pour cause! On n'a pas toutes les preuves mais on s'en doute: si les travaux publics, au Québec, coûtent 40% de plus qu'en Ontario, c'est qu'il y a de la corruption quelque part! Et beaucoup! De même, inévitablement, que des complicités parmi les politiciens et les fonctionnaires.

Le gouvernement Harper va se tirer de cette mauvaise passe parce qu'un scandale impliquant des talibans n'aura pas de grosses retombées politiques. Quand même, il poussera un soupir de soulagement quand les mots «torture» et «cover-up» cesseront de résonner tous les jours au Parlement.

Le gouvernement Charest, quant à lui, sort de la dernière session beaucoup plus mal en point, et il n'est pas sûr que lorsque l'Assemblée nationale reprendra ses travaux, en février, la question des liens entre les libéraux et les entrepreneurs ne reviendra pas sur le tapis...

M. Charest ne peut que souhaiter que, à ce moment-là, d'autres événements et d'autres polémiques auront fait passer au second plan les présumés scandales dans la construction. Gagner du temps, miser sur le fait que la mémoire de l'électeur est une faculté qui oublie... tel est l'espoir de tout gouvernement empêtré dans une controverse.