L'auteure est une athlète québécoise en fauteuil roulant qui a remporté 21 médailles en athlétisme aux Jeux paralympiques. Voici un extrait de son livre 16 jours à Pékin, publié ces jours-ci aux Éditions La Presse.

On oublie souvent que, malgré le manque de visibilité et la couverture médiatique moindre, les Jeux paralympiques d'été mettent en scène beaucoup plus d'athlètes et de pays que les Jeux olympiques d'hiver. Seulement 80 pays seront présents aux Jeux de Vancouver, c'est 66 de moins qu'aux Jeux paralympiques de Pékin.

On continue quand même de douter de la qualité des performances et de la valeur des médailles paralympiques. Je suis la première à dire que les difficultés menant à l'obtention d'une médaille paralympique ne sont pas d'égale valeur, dépendant des épreuves et des disciplines. J'ai souvent de la difficulté à dissimuler ma frustration à ce sujet. Mais ces inégalités sont aussi présentes aux Jeux olympiques, surtout aux Jeux d'hiver, avec tous ces nouveaux sports qui n'ont pas encore la profondeur espérée.

 

Toute vérité n'est pas bonne à dire. On peut sourciller à l'évocation d'une médaillée d'or paralympique, mais on ne se le permettrait jamais à propos d'un ou d'une médaillé(e) olympique. Il y a tout de même des observateurs avertis, des journalistes comme Pierre Foglia, qui font leurs devoirs; on ne peut pas les berner et ils ne craignent pas de froisser les âmes trop sensibles. Ce que je peux affirmer, c'est que si, à Barcelone, c'était parfois facile de passer de la demi-finale à la finale, seulement par manque de compétitivité chez les filles, à Pékin, pour l'athlétisme en fauteuil roulant, la qualité du peloton est relevée. Et en retournant chez moi avec mes cinq médailles d'or, je n'aurai pas à rougir, car, en toute objectivité, mon sport se compare très bien à la plupart des sports olympiques. Et je ne laisserai personne suggérer le contraire.





 

Si les Jeux paralympiques se portent bien, le Canada, lui, régresse en athlétisme comme dans les autres disciplines. Troisième au classement à Athènes, le Canada a glissé au septième rang à Pékin. Est-ce nous qui perdons du terrain ou les autres pays qui nous rattrapent? Un peu des deux, je crois. Des 42 médailles aux Jeux de Barcelone en 1992, l'équipe d'athlétisme ne ramènera que 19 médailles de Pékin. Et de ces 19 médailles, 10 auront été remportées par des athlètes de ma génération, approchant ou dépassant la quarantaine, comme Diane, Dean et André Beaudoin. Malgré tout notre talent, nous commençons à nous faire vieux.

La relève sera-t-elle au rendez-vous dans quatre ans? Je le souhaite sincèrement. Mais je demeure, je l'avoue, sceptique et critique. Mes deux hivers en Australie m'ont fait réaliser l'importance d'un bon système de haute performance. Il demeure important pour aller cueillir des médailles, mais aussi pour créer un impact social positif chez les jeunes. Là-bas, j'ai été en contact avec une méthode beaucoup plus dynamique, constructive et efficace pour appuyer et aider les athlètes, pour découvrir de nouveaux talents et les hisser jusqu'au podium. J'ai compris que le succès en haute performance n'est pas juste une question d'argent, mais aussi une question d'attitude.