Le sommet du G20 qui débute dans trois jours à Pittsburgh revêt une importance toute particulière. À un moment où des embellies semblent se dessiner quant à une reprise économique éventuelle, tous les pays participants, responsables de 90% de la production de la planète, sont condamnés à s'entendre afin d'assurer une reprise mondiale durable.

Le président Obama a eu raison la semaine dernière, lors de son allocution devant les financiers de Wall Street, de dénoncer l'attitude de certains de leurs représentants qui agissent comme si rien ne s'était passé depuis l'automne dernier alors que le système financier des États-Unis a failli s'effondrer comme un château de cartes à cause de la cupidité de quelques-uns. On connaît la suite au chapitre de l'économie réelle où partout dans le monde, faillites et chômage records furent au rendez-vous, avec en prime des finances publiques qui mettront du temps à se rétablir.

 

Plus jamais les choses ne doivent être les mêmes et surtout pas au nom d'une sacro-sainte liberté du marché dont on a trop souvent entendu ces jours-ci en marge de la préparation du sommet. Quand la liberté de s'enrichir de quelques-uns menace la stabilité financière et économique de tous, il faut savoir ramener les premiers à l'ordre et édicter des règles claires, coercitives et mondiales.

Le sommet du G20 doit aboutir de façon décisive à cette volonté de réglementation mondiale du secteur financier dans un monde où les capitaux circulent librement. Si une approche concertée n'est pas adoptée, une situation dévastatrice comme celle que nous avons vécue, le battement d'ailes du papillon, pourrait encore une fois partir de New York et créer une onde de choc de Londres à Pékin.

La même logique de concertation doit s'appliquer à l'économie réelle et cette préoccupation figure en bonne place à l'ordre du jour du sommet. Les signes de reprise actuels sont encourageants. Cependant, nous savons tous qu'ils sont en bonne partie le résultat d'un dopage des économies du monde provenant de la multitude de plans de relance déployés par les gouvernements, particulièrement celui des États-Unis.

Les leaders du G20 ont à définir un autre plan, soit celui du retrait concerté de leurs politiques interventionnistes et du moment où cette action sera posée. Le choix de ce moment est crucial et l'on doit être convaincu, lorsqu'on le fera, que l'économie est sur une véritable lancée et capable de se passer des interventions de l'État, sous peine de plonger à nouveau le monde dans un cycle de ralentissement économique.

Mais il y a bien entendu une contrepartie à la poursuite de l'intervention gouvernementale. Les gouvernements ne peuvent indéfiniment soutenir la consommation et les investissements à coup de milliers de milliards de dollars empruntés ou imprimés, car ils pourraient eux-mêmes compromettre la reprise durable qu'ils souhaitent voir s'installer.

Voilà les grands défis auxquels sont confrontés les leaders du monde. Reste à savoir s'ils auront la volonté, le courage et la force de persuasion pour adopter une ligne de conduite ferme, rigoureuse et concertée. Si l'on croyait, avec raison, que sortir de la présente récession représentait un grand défi, gérer la reprise pourrait être un défi de plus grande envergure.