J'ai habité Montréal plusieurs années. J'ai dû déménager, mais j'y passe encore beaucoup de temps. Travail, amitiés, sorties. J'aime toujours Montréal et ses citoyens.

Et c'est par affection pour eux et leur ville que je profite de cette tribune pour y soulever mon indignation, y dénoncer une situation qui m'apparaît insoutenable. Je veux faire allusion à la dégradation générale de Montréal. Mais aussi à celle de son état d'esprit, de ses citoyens. De ce nivellement par le bas qui sent la poubelle pleine.

 

Montréal n'est plus aussi charmant qu'avant. Nous l'observons tous les jours. Mais ce n'est pas seulement la responsabilité des Montréalais. C'est un enjeu qui concerne le Québec au grand complet. Jeunes, vieux, citoyens ou non. Montréal a besoin d'amour. Personne ne sait où cette dégradation s'arrêtera si les citoyens de Montréal et de l'ensemble du Québec ne font pas leur part pour améliorer le sort de cette sympathique métropole. Il est grand temps de s'en mêler activement.

Les gens se plaignent de la laideur de la ville, de ses rues délabrées, de ses déchets, de ses graffitis, de son mobilier urbain, de ses parterres mal léchés, de ses bâtiments abandonnés, de son manque d'envergure. Pourtant, trop de gens ne sont pas foutus d'entretenir leur propre chez-soi. Ils n'ont pas la diligence de rénover et d'entretenir leur maison avec amour, respect et bon goût. Cette folie de tout arracher pour faire avec du PVC sous prétexte qu'on ne veut plus de problèmes!

Comment Montréal, cette grande demeure, peut-elle briller si nous sommes incapables d'entretenir notre propre petit coin de terrain? Comment souhaiter de grands projets architecturaux quand ses citoyens disent clairement qu'ils n'en ont rien à cirer en achetant des condos à l'architecture douteuse dans des quartiers médiocres et sans âme? Sans oublier les gens dans la rue ou en voiture qui jettent leurs mégots de cigarettes au sol. Qui crachent. Les gommes qui s'accrochent aux trottoirs et à nos bottines. Le manque criant de civisme des piétons et des cyclistes. La conduite sauvage des automobilistes. Ceux qui coupent les arbres. Et ceux qui n'en replantent pas.

Nous sommes témoins de ces comportements et nous restons inactifs au lieu de nous faire un devoir de les vilipender sérieusement. Et ça continue depuis des années. Chaque fois qu'un tel comportement est toléré et qu'il n'est pas puni, Montréal est privé de sa beauté. Nous sommes trop occupés à jeter le blâme sur les autres, sur le manque de temps, sur ses dirigeants, les immigrés et j'en passe.

Pourtant, un maire et son administration ne peuvent rien si les citoyens ne commencent pas par changer eux-mêmes. Trop souvent nous sommes occupés à nous vautrer dans nos bonnes vieilles habitudes. À passer du temps à critiquer l'appareil politique ou le voisin. Et ne venez pas me dire que c'est juste une question d'argent. C'est une question de fierté et de dignité.

Ce qui est clair, c'est que l'indifférence amène la déchéance. Trouvons les moyens de redevenir fiers de notre ville. Et dénonçons avec véhémence ses destructeurs. Il est grand temps de s'entraider. De fraterniser. D'éduquer. Et ayons le courage de punir. C'est aussi cela, la démocratie. L'égale participation de tous et chacun.

Seul un changement radical de nos habitudes de vie ramènera Montréal à sa beauté originale. Le respect, le civisme, la fraternité rendront à Montréal son âme d'autrefois. Et enfin, nous aurons des visionnaires comme dirigeants, à l'image de ce que nous serons devenus comme peuple. Vive Montréal et vive ceux et celles (pas assez nombreux) qui en prennent soin.

Daniel Andréani

L'auteur est un ancien résidant de Montréal.