Trop souvent on tient les choses pour acquises. On a l'impression que tout a été fait. On regarde en avant sans jamais se retourner. Le 8 mars est le moment tout indiqué pour prendre une pause. C'est le temps de mesurer le chemin parcouru pour et par les femmes d'ici. Cette journée offre une occasion de s'interroger sur ce qui a été accompli, sur ce qui reste à accomplir et sur la direction à prendre pour les générations futures.

Je suis née à l'époque de l'adoption de la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée. Quelques années auparavant, Claire Kirkland-Casgrain avait fait son entrée à l'Assemblée nationale. Fraîchement débarquée à Québec, elle ne pouvait louer un logement sans la signature de son mari. À cette époque, ma mère avait choisi de changer de statut pour devenir maman à la maison. C'était la norme. Elle était loin d'imaginer qu'un jour, les nouveaux parents auraient accès à un congé parental d'un an et que nombre des papas le prendraient.

Au moment de ma sortie du primaire, Lise Payette est devenue la première femme à occuper le poste de ministre d'État à la condition féminine. Trente ans plus tard, le Québec peut compter sur un conseil des ministres paritaire.

Je me souviens que, encore sur les bancs d'école, le féminisme me semblait un concept bien abstrait. Les batailles des femmes avant nous avaient fait le travail. Au cégep comme à l'université, il m'apparaissait évident que l'égalité homme-femme ne commandait plus le même genre de combat. L'avenir était ouvert, il ne s'agissait que de saisir les occasions.

Une fois sur le marché du travail, une nouvelle réalité est apparue. Il restait encore plusieurs barrières à faire tomber. Je me suis engagée à ma manière et j'ai commencé à prendre part aux structures pour me rendre compte que nous n'étions pas nombreuses.

Dernière province à accorder le droit de vote aux femmes, le Québec a su accélérer la cadence pour aujourd'hui faire figure d'exemple en matière d'équité. Bien qu'il reste des écarts, une loi assure aujourd'hui l'équité salariale.

Dans bien des facultés universitaires, les filles ont atteint la parité. Rien n'est encore acquis mais, sur le marché du travail, on sent les avancées. Certaines femmes occupent des postes de commande, mais le plafond de verre est encore bien réel. Les femmes sont présentes quand vient les temps de s'engager. Pourtant, au moment de poser leur candidature à un poste électif, la situation est tout autre. Les femmes hésitent. Elles étaient moins de 15% en 2008 à être élues au poste de maire. À l'Assemblée nationale, la proportion de femmes est de 29,6%.

Plusieurs femmes avant nous se sont mobilisées afin d'offrir aux générations suivantes davantage de choix dans leur vie personnelle et professionnelle. Cette avancée a un corollaire. Comme ce fut le cas pour plusieurs filles de ma génération, le concept de conciliation travail-famille a fait l'apparition dans ma vie. Tout comme la présence des femmes dans les structures, cela demeure encore aujourd'hui un enjeu de taille pour l'ensemble de la société québécoise.

Beaucoup de chemin a été parcouru. Le modèle va évoluer, s'adapter, mais continuera d'enraciner un concept d'équité et de complémentarité.

L'auteure collabore régulièrement à l'émission «Le club des ex», à RDI. Ancienne députée de l'Action démocratique du Québec, elle est présentement vice-présidente communication et marketing du cabinet HKDP Communications et affaires publiques. Elle a un fils de 13 ans.