Je voudrais partager la mauvaise humeur que j'ai particulièrement ressentie au retour d'un séjour de quatre semaines à Munich, une ville allemande de 1,3 million d'habitants.

Je me rappelle de ce panneau publicitaire là-bas qui disait, pour inciter les gens à prendre les transports publics: «J'ai enfin le temps de lire.» Je m'imagine un livre à la main sur le trajet Berri-Henri-Bourassa coincé entre une demi-douzaine de passagers et projeté à chaque station sur les genoux d'une vieille dame assise ou sur le sac à dos d'un étudiant.

 

Les responsables des transports en commun de Montréal ont fait cette profession de foi: les transports en commun ne doivent pas être confortables. Comme s'il fallait mériter par nos sacrifices notre passage sur Terre et sous terre! À preuve, ces nouveaux wagons de métro où il y a jusqu'à 40% moins de places assises. Payer plus de 300 millions pour moins de confort, il faut le faire!

À preuve, aussi, ces autobus où il est impossible de s'asseoir sur les bancs à quatre personnes sans cogner les genoux de la personne en face.

À preuve, finalement, ces trajets en ligne droite que l'on a transformés il y a plusieurs années en trajets en zigzag, avec la conséquence que l'on se trouve projeté à chaque tournant dans les bras, sur les genoux ou sur le dos des autres passagers.

Avec la conséquence aussi qu'il faut maintenant prendre trois autobus différents pour un trajet sur Henri-Bourassa qui, auparavant, se faisait avec une seule ligne d'autobus.

Et que dire de ces pannes continuelles des escaliers roulants, pannes qui, au bout du compte, interdisent de prendre les transports en commun aux personnes âgées, aux personnes avec des bagages ou aux personnes qui ont le moindre problème de santé. À Montréal, il faut avoir une forme d'athlète pour prendre les transports en commun!

Pourtant, la solution serait simple. Il suffirait d'exiger que chacun des responsables des transports en commun soit astreint à utiliser une fois par semaine (une seule fois par semaine suffirait) le système d'autobus et de métro. Je leur fais confiance. Ils trouveraient rapidement les moyens d'améliorer la situation!

Pendant que j'étais à Munich, deux élèves sont arrivés en retard au cours que je suivais. Ils ont expliqué qu'il y avait eu une panne de métro. Vous auriez dû voir l'étonnement chez les autres participants. L'annonce d'un tsunami sur la ville ne les aurait pas surpris davantage.

Il m'est revenu en tête qu'à Montréal, c'est, par période, quotidiennement que nous devons subir des pannes.

En espérant qu'un jour, nous puissions, vous et moi, être de bonne humeur dans nos autobus et notre métro.

Paul Aubé

L'auteur réside à Saint-Laurent.