L'être aimé s'amène allégrement dans la verrière, coupe de vin à la main, tout heureux de me faire déguster sa dernière trouvaille, un Element Sandalford 2005 à la robe violacée.

Il tourne ensuite les talons pour retourner à ses chaudrons en me disant que le plaisir en cuisine, c'est de ne pas suivre une recette à la lettre. Je suis bien d'accord. L'heure de l'apéro est propice à la créativité, à l'improvisation. Il y a de la légèreté dans l'air... qu'on respire par le nez. On discute de tout et de rien. Pas de précipitation, pas de hâte, pas de presse! On se calme le pompon.

 

Un coup d'oeil sur le père Noël bedonnant qu'on ressort pour un mois me rappelle que les Fêtes s'en viennent à grands pas.

- Chéri, tu veux quoi à Noël?

- La paix.

- Hum... très spirituelle, la paix. Le monde, la planète entière en a grand besoin.

(J'aurais mis ma main au feu, s'il avait pris le temps d'en allumer un, que c'est la réponse qu'il me ferait. C'est comme d'aller à la pêche et de deviner quel poisson mordra à l'hameçon.)

- «L'amour au coeur du livre», c'est un beau slogan qui a été retenu pour le Salon du livre, tu ne trouves pas? Pour Noël, ça serait beau un tel slogan: «L'amour au coeur de Noël». Ou encore: «La lumière au coeur de Noël».

- Ton dernier slogan me fait penser d'ajouter du soleil à ma liste de cadeaux. La paix pis du soleil.

- C'est très pertinent d'y ajouter du soleil! Y paraît que Noël viendrait de deux mots gaulois «noio» (nouveau) et «hel» (soleil). Les Gaulois comme Astérix et Obélix ne fêtaient pas le p'tit Jésus mais le solstice d'hiver. Et ils ne sont pas les seuls. C'est depuis l'Antiquité que les hommes fêtent à cette période de l'année. Les Romains trinquaient en l'honneur du dieu des semailles ou de l'agriculture. En Orient, la divinité de la lumière demandait le sacrifice d'un jeune taureau pour célébrer la naissance du dieu solaire. On prenait le taureau par les cornes et hop... sacrifié au dieu soleil. Par chance que les Rois-mages n'ont pas réservé le même sort au boeuf et à l'âne. Le p'tit Jésus serait mort de froid, et de peur...

- Est-ce le nectar de la vigne du Seigneur qui te rend aussi verbeuse?

- Mon amie m'a déjà dit qu'il fallait rédiger notre liste d'objectifs le 21 décembre de chaque année parce qu'à cette date, il y a quelque chose de spécial dans l'air. Je pense avoir trouvé pourquoi. J'ai lu sur le web que Noël est une fête de la nature vivante. Elle arrive en même temps que le solstice d'hiver. C'est une fête qui n'appartient à aucune religion. Des sages qui ont étudié le phénomène disent que si on se met en harmonie pour recevoir ces manifestations d'énergie divine qui affluent vers la Terre à cette période de l'année, on reçoit un coup de pouce céleste pour se transformer soi-même.

- C'est une belle vision de la période des Fêtes. On dirait un conte où le crapaud se change en prince lumineux. Ça te pose problème?

- Non, c'est que tout s'oppose à ce que l'on soit réceptif et attentif: les festivités, la frénésie des préparatifs, le magasinage, les partys, les cadeaux... Et si on n'est pas réceptif, on ne recevra pas cette belle énergie, cet amour du ciel. On va passer à côté parce qu'on est débordé.

Sur ce, ma tendre moitié terre-à-terre me regarde et me dit: «Viens, on va passer à table.»

Songeuse et rêvant de m'en tirer à bon compte: «Hum... la paix pis du soleil, c'est ton désir le plus cher, n'est-ce pas? J'crois que ça peut rentrer dans mon budget!»

Marguerite Côté

L'auteure habite à Trois-Rivières.