Le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio vient d'être élu pape et a pris le nom de François. Le cardinal Bergoglio est le premier jésuite de l'histoire à devenir pape. Quelles réflexions vous inspire cette élection?

Victoire italienne

L'élection du cardinal Bergoglio contient au moins une leçon. Il s'agirait d'une victoire italienne. Les observateurs les plus futés avaient déjà senti et écrit que si les cardinaux italiens constataient que les premiers votes n'allaient pas favoriser un candidat italien (qui sait peut-être s'est-il agi d'un candidat canadien), ils allaient favoriser l'élection d'un cardinal latino-américain. On sait que les Italiens comptent le plus grand nombre de cardinaux dans ce conclave, donc leurs votes, joints à ceux des latinos, auront fait la différence.

Quel meilleur choix pour l'amour propre des Italiens que celui d'un pape argentin d'origine italienne. L'Église semble donc vouloir revenir à sa nature la plus attachante. La promotion et la pratique d'une doctrine sociale riche en généreuses perspectives et remplie de modèles susceptibles, beaucoup plus que certains prétendants, grands gestionnaires ou précieux philosophes, de faire revenir au  bercail une foule de chrétiens et d'en attirer de nouveaux.

La réforme tant attendue de la Curie, dominée par les Italiens, devra attendre...

Georges Paquet

Un gestionnaire ou un pasteur?

Plusieurs intervenants sur différents médias espèrent un pape qui fera entrer l'Église dans le XXIème siècle.

On souhaite que l'Église puisse:

- permettre aux prêtres de se marier,

- faire une plus grande place aux femmes,

- être plus tolérante face à l'avortement,

Ce sont tous des points pertinents, qui doivent être débattus. Par contre, ils m'apparaissent périphériques, excentriques, face à la raison d'être de l'Église. Ces points relèvent de la gestion, de la gouvernance de l'Église. Elles doivent être prises de front par un gestionnaire. Pourtant, je vois le Pape non pas comme un gestionnaire, mais comme un pasteur. Si un « gestionnaire » doit changer les règles de fonctionnement de l'Église, s'adapter au XXIème siècle, le « pasteur » doit quand à lui servir de guide moral à ses ouailles.

Jésus a rejeté le paradigme millénaire d' « un oeil pour un oeil, une dent pour une dent », pour le remplacer par « si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui l'autre » et par « tu aimeras ton prochain comme toi-même». Jésus a chassé les marchands du temple, Il a condamné les pharisiens « vous, pharisiens, vous nettoyez l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur vous êtes pleins d'avidité et de méchanceté »,  nous donne à réfléchir avec la parabole du Bon Samaritain, etc.

Le véritable représentant de Jésus se serait opposé haut et fort à l'invasion de l'Iraq, de l'Afghanistan, de la Libye, bientôt de l'Iran, il aurait réclamé la fermeture de la prison de Guantanamo, il aurait chassé les adorateurs du veau d'or de Wall Street, aurait dénoncé la main-mise de la finance sur la vie des gens, le prêt avec usure, le matérialisme, le consumérisme, la spoliation des ressources, le capitalisme dans sa version la plus amorale, la globalisation, l'appauvrissement des pauvres, l'enrichissement des riches, l'individualisme, la poursuite de la futilité, la disparition des valeurs morales. Le représentant de Jésus aurait prêché le partage, l'entraide du prochain, le pardon, le respect de la vie et de la dignité humaine.

Je persiste à espérer un pape qui sera d'abord un pasteur, un guide moral, un phare. Rien ne devrait l'empêcher de s'entourer de gestionnaires forts qui eux se pencheront sur le mariage des prêtres, l'ordination des femmes, l'avortement, etc.

Jean-Paul II a contribué, dans une petite mesure certes, mais il a quand même contribué à la chute du communisme version soviétique, totalitaire et injuste. François I vient d'Argentine. Peut-être pourrait-il, dans une petite mesure, tenter de mettre un terme à près de deux siècles de doctrine Monroe, redonner espoir aux pauvres, aux démunis, à ceux qui sont victimes d'injustice partout dans le Monde. Peut-être pourrait-il être une lumière, ténue peut-être, mais lumière quand même, qui éclaire ce Monde de plus en plus sombre?

Jean-Charles Côté

Un pape passé date

L'Église catholique est passée date. En conséquence, elle a élue un pape passé date. Franchement, élire un gars de 76 ans à la plus haute fonction, c'est quoi l'idée? Je pense comprendre la stratégie : il ne faut rien changer. Les gens de 76 ans sont peu enclins au changement. On est safe avec ce gars-là. On en trouvera un autre après lui. Pendant ce temps, le gros de l'action catholique ici se passe au niveau immobilier : dans la conversion des églises. Je pense que, de mon vivant, il ne restera plus que deux édifices religieux à Montréal: l'Oratoire Saint-Joseph et la basilique Notre-Dame (hormis les mosquées et les synagogues). L'immobilier va raser tout le reste. Dire que Mark Twain a déjà décrit Montréal comme étant un endroit où il était difficile de lancer une pierre sans briser un vitrail.

Alain Gingras, Notre-Dame-de-la-Salette

De bon augure!

Disons que son élection est de bon augure en portant le nom de François 1er. François d'Assise, très proche des pauvres, est un  grand saint aimé de tous, croyants et non croyants. Pour le reste, comme dirait un politicien bien connu au Québec, on verra!

Michel Lebel

Le serviteur de Dieu

Le nouveau pape se présente sans cape de fourrure, avec une humble croix au cou, souriant et demandant d'abord aux gens de prier sur lui pour le bénir. Quel beau signe d'avenir pour celui qui porte le très juste nom de serviteur parmi les serviteurs de Dieu.

Benoît-Marc Boyer, prêtre, Montréal

Une décision si rapide

Ma surprise, c'est que l'élection est venue plus vite que je ne pensais, soit 3 à 4 jours. Espérons que l'Esprit Saint a choisi un cardinal a l'esprit flexible.

Lucien Thibault

Habemus Papam!

Dès que j'ai su que le nouveau pape était Argentin, je fus déçu de ne pas voir l'un des nôtres ou, à tout le moins, un cardinal de l'Amérique du Nord. Bon, le candidat de l'Amérique du Sud, François 1er,  possède certainement des valeurs humaines et morales extraordinaires, même s'il présente un visage assez sévère. Pourtant, Jorge Bergoglio avait refusé ce titre lors du conclave qui fit élire Benoît XVI. L'avenir donnera son verdict! Après tout, vox populi vox dei.

Michel Beaumont, Québec

Adieu belles promesses

Qu'arrivera-t-il avec un pape jeune et charismatique? Et jésuite en plus de ça! Comme avec Perrette et son pot au lait, adieu reformes, progrès et tout le reste des belles promesses!

Daniel Sabbah, Montréal

Pape Académie

Depuis la démission du Benoit XVI, on constate la médiatisation à outrance concernant l'élection du prochain souverain pontife. Émissions spéciales, reportages quotidiens au bulletin de nouvelles et dossiers dans la presse écrite, on a l'impression que l'actualité ne se résume qu'à cela, à la manière Pape Académie! Pourtant, le Québec n'est pas particulièrement pieux et ce nouveau pape ne changera pas grand-chose dans la vie des citoyens. Ne serait-ce pas un moyen de détourner l'attention sur tous les scandales et problèmes de société qui pullulent dans la province? Revenons à nos moutons, s'il vous plaît. 

Anouk Charles, Montréal