Pour financer notre système de santé, devrait-on encourager les étrangers nantis à venir se faire opérer au Québec, quitte à ce qu'ils contournent ainsi nos listes d'attente?

Faites-nous part de votre opinion à debats@lapresse.ca. Des commentaires signés seront publiés sur LaPresse.ca et/ou dans La Presse.

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JAMAIS

Spontanément et même après réflexion, je réponds non.

Notre système de santé est peut-être malade, amputé même. On annonce aussi moins d'argent pour la recherche médicale. Mais, de grâce, vous, le bon gouvernement, gérez sainement les fonds publics avant de vous aplatir lamentablement devant l'or des étrangers, en pénalisant de surcroît le peuple québécois. Il faudrait maintenant laisser passer les princesses avant mon vieux père qui a travaillé et payé des taxes durant 50 ans?

Et moi, si j'offre 200 000 $ au CUSM, vais-je passer devant mon frère, mon voisin, ma meilleure amie?

Et qu'en est-il du bandit, du mafioso, du type qui a gagné au casino et la poule de luxe?  Vont-y passer devant moi?

Ça va s'arrêter où? À un million ou à dix millions?

Qu'est-ce qu'on veut comme Québécois? Une société qui place le progrès social et l'intérêt collectif au-dessus des intérêts particuliers, ou un régime économique qui favorise indûment les riches et autres parvenus?

Sylvie Séguin, Montréal

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L'ARGENT

La question n'est pas nous ou les autres, mais c'est une question d'argent. C'est une lutte de classe, qui ne concerne ni moi, ni le voisin.

Encore les riches et l'argent, pourquoi pas la corruption?

Merci aux politiques protectionnistes.

Clémence Bergeron

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REPENSONS LE SYSTÈME

Les problèmes du réseau actuel sont de plus en plus acceptés comme chose normale et c'est dommage. Le fait relaté dans La Presse ce matin nous apporte pourtant des pistes de solutions. Certains pays ont des systèmes de santé performants desquels il serait intéressant de s'inspirer.

En 1984, les Australiens se sont dotés d'un système de santé public, le Medicare. Ce dernier existe avec à ses côtés un système privé parallèle couvert celui-là par les assurances privées. L'Australie dépense pour ses soins de santé (privé et public) 8.6 % de son PIB, comparé à 9.8 % pour le Canada, 11.2 % pour la France et 15.2 % pour les États-Unis. En Australie 46 % des gens détiennent une assurance privée et ont néanmoins accès au système public. Le gouvernement australien fait en sorte d'encourager fiscalement la prise d'assurance privée parce qu'il est conscient que la vigueur du système privé décharge d'autant le système public. Comme chez nous, des délais d'attente sont présents dans le système public, mais les objectifs du système public australien nous feraient rêver: on parle d'un délai de quatre-heures entre l'arrivée, le congé ou le transfert! De cet exemple ressortent deux solutions intéressantes:

Éric Caire de la défunte ADQ avait proposé un projet de loi ouvrant graduellement la porte à ce type de pratique. Il avait reçu l'appui d'ailleurs de différentes associations de médecins. Afin de contrôler les coûts reliés aux salaires des médecins, le ministère de la Santé avait adopté un système logique et efficace .

Je vous donne un exemple hypothétique et farfelu:  demain il y a seulement une boulangerie pour fournir tout le pain au Québec sans possibilité de concurrence aucune et en plus ce pain sera payé par l'état. Je vous prédis que nous aurons à ce moment du pain de piètre qualité et nous serons surpris du prix qu'il nous coûtera réellement par le biais de nos impôts! C'est pourtant ainsi que nous nous donnons nos services de santé: un système où le rendement et le prix ne concernent pas les gens nous donnant le service. La période difficile actuelle pourrait devenir une période de remise en question quant à ce modèle.

Bref, les pistes de solutions aux problèmes actuels sont nombreuses, ne manque que des politiciens courageux.

Daniel Castonguay, Montréal

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OUI, EN AUGMENTANT LES TARIFS

Si j'étais un directeur d'hôpital confronté à des coupures budgétaires imposées par notre nouveau gouvernement et devant, probablement, un déficit budgétaire de l'hôpital, j'opterais pour ce choix et je planifierais pour l'année en cours et les prochaines années, la possibilité d'au moins cinq autres chirurgies et cela dans n'importe quel domaine (pneumologie, urologie, oncologie..).

Je pourrais présenter ce projet au conseil d'administration comme une forme de campagne de financement. Pourquoi pas ? De plus, le montant chargé n'est pas assez élevé. Actuellement, je vis en Californie temporairement et je devrai subir une chirurgie prochainement : greffe et fusion lombaire. Il coûte aux États-Unis, 10 000 $ par jour pour l'hospitalisation seulement, à la part la chirurgie, ce qui coûtera à l'assurance 100 000 $ et nous avons un déductible de 5000 $. Donc, la chirurgie de cette dame aurait pu pour renflouer les coffres du CUSM de 300 000 $ pour l'hospitalisation, car elle est restée trente jours pour des soins et au moins 100 000 $ pour la chirurgie.  Ce qui aurait pu représenter le double de ce qu'elle a payé. Je ne crois pas que les cinq cas pour l'année mentionnés affecteraient énormément la liste d'attente. Cependant, les hôpitaux qui optent pour ce moyen de financement auraient des comptes à rendre au ministère de la Santé concernant les dépenses.  Par exemple, ces sommes d'argent ne pourraient être utilisées pour des salaires, mais seulement pour de l'équipement.

Pauline Gevry, retraitée

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À CERTAINES CONDITIONS

Dans la mesure où il y a de la capacité résiduelle dans le système de santé et que l'on cesse de restreindre artificiellement le nombre de médecins qui sont formés, je crois que l'on pourrait y arriver.

Cependant, connaissant les jeux de coulisses qui se trament entre les politiciens et les fédérations de médecins, je ne crois pas que l'on y parvienne en évitant les effets pervers que cela générerait.

En pratique, il faudrait ouvrir cette filiale de notre système de santé progressivement et y dédier des médecins, en  formant des cohortes de médecins qui seraient dédiés à cette filiale et le coût de la formation serait déduit du revenu généré par cette pratique.

Ainsi, nous pourrions maintenir les ressources publiques destinées aux résidents québécois et diversifier les sources de financement.

Jamais, ce genre de mesure ne doit être une porte d'entrée à la mixité de la pratique.

On le voit très bien avec le cas des radiologistes : à partir du moment où l'on permet une mixité de la pratique, on se retrouve avec des effets pervers. (voir à cet effet les listes d'attente pour les tomographies axiales et les résonances magnétiques)

Au fond, un médecin qui pratique tant dans un système privé et que dans un système public se retrouve en conflit d'intérêts :pourquoi offrir des heures au public, tout en diminuant sa clientèle potentielle au privé?)

Jean Roussel, Étudiant à la maîtrise en administration de la santé

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POUR LES CAS EXCEPTIONNELS

Je suis tout à fait contre une telle pratique! Ma mère qui souffre énormément d'arthrose dans les deux genoux doit aller au privé pour avoir ses injections, car même pour une simple injection, il y a de l'attente.  Imaginez lorsqu'elle devra avoir les genoux remplacés! Son médecin spécialiste voudrait bien lui faire au privé au coût de 15 000 $ pour chaque genou. Ce qu'elle n'est pas en mesure de se payer!

Donc, à moins d'un cas exceptionnel, si nous étions le seul pays à pouvoir soigner cette personne, et ce dans un but humanitaire, d'accord.  Autrement c'est non.

Nathalie Gauthier