Un autre film québécois, Monsieur Lazhar, est en nomination pour l'Oscar du meilleur film étranger qui sera décerné demain. Possède-t-il les ingrédients pour décrocher la statuette tant convoitée?

Merci pour vos commentaires.

UN FILM D'UNE PROFONDE HUMANITÉ

Simon Dansereau

Étudiant en journalisme à l'UQAM

J'ai vu Monsieur Lazhar à deux reprises et j'ai adoré. Je pense qu'il a tous les ingrédients qu'il faut pour remporter un Oscar. D'abord, parce qu'il est profondément humain et très émouvant. Ensuite, à cause de son contenu très riche. Il porte à mes yeux un regard simple, mais lucide sur des thèmes qui touchent tout le monde, comme l'amour, la mort, le suicide, l'exil, l'immigration et le rapport à l'autre. Je trouve aussi qu'il aborde de manière très touchante et parfois humoristique les univers de l'enfance et de l'enseignement. L'authenticité de son histoire bien québécoise, mais traitant de sujets universels, demeure selon moi, sa grande qualité.

Même s'il a une trame de fond tragique et qu'il critique à sa façon notre société, il se veut en même temps une célébration du bonheur qu'apporte la vie. Avec une belle poésie, le film transmet un message universel: l'amour surpasse tout, même la mort. Sa grande qualité cinématographique ajoute à ses atouts pour recevoir les grands honneurs. Tous les acteurs du film sont criants de vérité. La trame sonore de Martin Léon est superbe.

Enfin, le film peut compter sur une réalisation soignée de Philippe Falardeau, toujours dans la note.



REVENEZ AVEC LA STATUETTE!


Stéphane Leduc

J'ai vu le film Monsieur Lazhar samedi dernier, dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois, avec en boni, un généreux échange avec son réalisateur, ainsi que le jeune comédien Émilien (Simon) avant et après la représentation en salle.

Que de sujets importants sont abordés dans ce film. Notamment, le suicide en milieu de travail, le deuil chez les enfants, le code d'éthique des professeurs en classe, la bureaucratie de notre système d'éducation et ses tabous, le dur équilibre travail-famille des parents (incluant le nombrilisme de certains) et finalement, l'intégration parfois difficile des immigrants.

Le grand mérite du film est de réussir à nous exposer à tous ces sujets sans jamais devenir moralisateur. Bravo à M. Falardeau pour la justesse de ses dialogues et le dosage des émotions de la part des comédiens - particulièrement Fellag et la jeune Sophie Nélisse (Alice).

Oscar ou pas, je tiens à remettre la statuette de la fierté québécoise à Monsieur Falardeau pour avoir inspiré une belle soirée de discussions entre amis. Merci surtout de nous avoir fait réfléchir. Nous garderons un oeil attentif lors de la cérémonie des Oscars et vous souhaitons de revenir avec la statuette tant convoitée.



TOUT EN RETENUE


Guy Miclette

Quelles sont les qualités d'un film étranger digne d'un Oscar?    L'originalité et la nature exceptionnelle du scénario, le jeu des acteurs, l'esthétique, la technique, la difficulté du sujet à réaliser, etc. . Sans avoir vu les autres films en nomination, je donnerais à Monsieur Lazhar un Oscar pour la retenue.

Dans ce film, tout est axé sur la retenue. Les excellents jeunes acteurs se retiennent face au drame du suicide de leur professeur, Monsieur Lazhar retient un passé trouble, la directrice de l'école est en retenue face à la commission scolaire et même la suicidée qui est retenue par un câble. De plus, l'émotion passe par Sophie Mélisse  et Émilien Néron d'une façon criante et la blessure émotionnelle du personnage joué par Fellag génère une sensibilité humaine fragile et douce face à l'asphyxie institutionnelle.

Bonne chance!



UN BON FILM, SANS PLUS


Clément Lalancette

Je crois que les chances de victoire de ce film aux Oscars sont faibles, mais mon opinion est purement subjective. En fait, j'ai bien aimé ce film, mais je l'ai vite oublié, contrairement au film « Le vendeur » qui me hante depuis que je l'ai vu. Ce dernier film est plus profond, plus abouti. Monsieur Lazar est un très bon film, mais il m'a laissé sur mon appétit, peut-être avais-je trop d'attente?



JOLI ET PLEIN D'HUMANITÉ


France Houle

Un film qui nous donne le goût d'être meilleurs et plus sensibles aux autres vaut bien un Oscar! Il mérite surtout d'être vu par le plus de gens possible.  Si j'étais une immigrante arabe, j'aimerais bien que les gens du pays où j'ai choisi de vivre me perçoivent comme un apport positif à leur société et qu'ils me sourient lorsqu'ils me croisent, au lieu d'être méfiants.

Par les temps qui courent, voir un film où les profs sont presque des héros, ça fait du bien aussi et ça redonne confiance en l'éducation, parce qu'au-delà des décisions politiques, aux premières lignes, il y a des enseignants pleins de bon sens, qui font leur travail, parce qu'ils aiment très fort les enfants.

Par les temps qui courent, voir un film québécois comme Monsieur Lazhar, joli et plein d'humanité, nous représenter aux Oscars, ça donne le goût à tous les gens d'ici de croire en leurs rêves les plus fous.   Merci Philippe Falardeau!



IRRÉALISTE


Edmond Pauly

Monsieur Lazhar est un excellent film, selon l'avis de plusieurs anciens collègues de l'enseignement.

L'acteur principal et les enfants jouent très bien leur rôle dans une école de rêve, exceptionnelle dans la région de Montréal en 2012.

Quant à moi, je déplore deux défauts majeurs au niveau du contexte scolaire choisi, soit l'embauche d'un enseignant étranger non qualifié, sans permis d'enseignement du Québec, par une directrice d'école primaire, à la suite d'une annonce dans un journal. Ceci est impossible au Québec. Même un instituteur français ou belge qualifié, qui arriverait dans ce contexte, aurait de la difficulté à obtenir une équivalence de diplômes.

De plus,  la classe choisie est idéale. Il s'agit d'une école privée et non d'une classe multiethnique, avec des élèves déficients intégrés d'une école publique, ce qui est la norme la plus générale au Québec depuis la réforme1994.

Ce film pourrait servir d'une belle propagande pour le ministère de l'Immigration du Québec en vue d'attirer des enseignants magrébins.

C'est sans doute à cause de ce contexte irréel que le film Monsieur Lazhar n'obtiendra pas l'Oscar espéré.



HUMANISME ET ORIGINALITÉ


Thérèse Leclerc

Monsieur Lahzar mérite pleinement un Oscar, pour son humanisme et son originalité, le jeu sincère des acteurs. Fellag est convaincant, Danielle Proulx est à la fois autoritaire comme directrice et responsable, mais demeure à l'écoute de cet aspirant enseignant venu d'ailleurs. Le film se termine sur beaucoup de questionnement. On souhaiterait qu'il ait une suite.

SCÉNARIO INVRAISEMBLABLE

Guy Ricard

Selon mon humble avis, Monsieur Lazhar ne mérite pas un Oscar. Je me demande encore comment un propriétaire de café, affligé d'un destin tragique, se retrouve du jour au lendemain professeur dans une école primaire québécoise. Selon quel processus de sélection? Ce scénario est invraisemblable, car je connais le domaine, ma copine étant enseignante depuis 18 ans. Désolé, mais ce détail m'a agacé et je ne peux me débarrasser de cette impression. Pourquoi ne pas vraiment avoir été professeur dans son pays d'origine? Le film aurait été plausible et plus réaliste. Surtout la fin. Toutefois, les jeunes acteurs sont éblouissants! 

DÉLICIEUX

Charles Ghorayeb

Le film de Falardeau mérite sans aucun doute sa nomination aux Oscars. L'ensemble de l'oeuvre de Falardeau se résume en un mot : délicieux. La mise en scène est subtile et précise. Les acteurs, du plus vieux aux plus jeunes, sont simplement parfaits, tantôt touchants, tantôt drôles, ils transmettent force de caractère et vulnérabilité sans jamais sombrer dans le mélodrame. Le danger était pourtant réel d'exagérer l'importance du passé de Monsieur Lazhar. Ce n'est pas le cas; son passé sert de toile de fond, mais ne piétine jamais sur la réalité quotidienne de cet homme dont la foi inébranlable en la nature humaine se définit par le respect qu'il démontre à ses élèves du primaire. Il aime leur cran, ils aiment sa sérénité. Son toucher n'a rien de vulgaire et ils le savent. Je suis allé voir ce film avec le préjugé que je porte à tous les films québécois montés en flèche par des critiques trop pressées de trouver le prochain Invasions Barbares. Il m'a convaincu en moins de trois minutes. Bravo à Falardeau et à son équipe. N'ayant pas vu les autres films en nomination dans cette catégorie, je ne peux m'aventurer à prédire une victoire, mais pour reprendre un anglicisme qui ferait grimacer Monsieur Lazhar, « on a mis la barre haute ».



ORDINAIRE ET ENNUYANT


Gilles Desgagnés

Je n'ai pas les compétences pour évaluer si ce film mérite un Oscar. Par ailleurs, je suis heureux qu'un film d'ici soit en nomination. Cependant, à mon avis et celui de ma conjointe, et au risque d'être à l'opposé de la majorité, ce film est ordinaire et même ennuyant. En fait, par moment, j'avais l'impression de regarder un film de la série «Contes pour tous».



PUISSANT DANS SON DISCOURS


Roger Bourassa

Sans aucun doute, Monsieur Lazhar est digne d'un Oscar. Pour sa réalisation et sa direction d'acteurs; diriger des enfants de façon aussi brillante c'est unique. Et aussi pour avoir soulevé des sujets aussi universels que les blessures infligées aux enfants issus de familles éclatées et parallèlement le mal-être que peut ressentir un immigrant qui doit s'adapter à son pays d'accueil. Monsieur Lazhar est un film « simple », mais combien puissant dans son discours!

INCENDIES ÉTAIT SUPÉRIEUR

Ginette Bilodeau

C'est un bon et beau film. Par contre, le film Incendies de Denis Villeneuve était, à mon avis, de beaucoup supérieur et n'a pas remporté l'Oscar. Je suis fière toutefois que le film soit en nomination et je croiserai les doigts dimanche!



REVENEZ AVEC LA STATUETTE!


Stéphane Leduc

J'ai visionné le film Monsieur Lazhar samedi dernier dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois, avec en boni, un généreux échange avec son réalisateur, ainsi que le jeune comédien Émilien (Simon) avant et après la représentation en salle.

Que de sujets importants sont abordés dans ce film. Notamment, le suicide en milieu de travail, le deuil chez les enfants, le code d'éthique des professeurs en classe, la bureaucratie de notre système d'éducation et ses tabous, le dur équilibre travail-famille des parents (incluant le nombrilisme de certains) et finalement, l'intégration parfois difficile des immigrants.

Le grand mérite du film est de réussir à nous exposer à tous ces sujets sans jamais devenir moralisateur. Bravo à M. Falardeau pour la justesse de ses dialogues et le dosage des émotions de la part des comédiens - particulièrement Fellag et la jeune Sophie Nélisse (Alice).

Oscar ou pas, je tiens à remettre la statuette de la fierté québécoise à Monsieur Falardeau pour avoir inspiré une belle soirée de discussions entre amis. Merci surtout de nous avoir fait réfléchir. Nous garderons un oeil attentif lors de la cérémonie des Oscars et vous souhaitons de revenir avec la statuette tant convoitée.



LA STATUETTE TANT CONVOITÉE


Johanne Beauchemin

Je souhaite, bien sûr, un Oscar pour Monsieur Lazhar, bien sûr, mais si le film Incendies n'a pas réussi à obtenir la statuette tant convoitée l'an passé, je ne crois pas que Monsieur Lazhar à ce qu'il faut pour l'obtenir cette année.

Mais parfois, l'art étant ce qu'il est, tout est possible.  On le souhaite pour l'industrie québécoise et tout l'impact et la visibilité qu'une telle nomination entraîne.

TROP ARTISANAL POUR UN OSCAR

Louise Morneau

Ce film a une portée: il signifie quelque chose. Pour ces raisons, il a sa place parmi les bons films, peut-être parmi les meilleurs.

Ce que je crains, toutefois, c'est qu'il n'ait pas l'envergure cinématographique d'une grosse production, avec un gros budget.

En comparaison avec d'autres films, je crois que ce serait sa faiblesse: techniquement, il est un peu plus artisanal. Cela serait une qualité dans une autre compétition, mais à celle des Oscars, je pense que des films plus "éblouissants", avec des images plus séduisantes et une musique à la Hollywood, seront préférés à ce beau film de M. Falardeau.

JE LE SOUHAITE ARDEMMENT

Nicolas Panagis

Pour répondre aux trois questions, ma réponse est oui!  Je le souhaite ardemment.

Au niveau des ingrédients, je considère qu'un film, où tout est construit sur la subtilité, est effectivement un grand film. Le scénario, les personnages, le jeu des acteurs de tous âges et la réalisation sont imprégnés de cette ambiance de subtilité intelligente. Mieux encore, celle-ci nous suit à la maison et nous oblige à la réflexion pendant plusieurs jours. Tout ça, pour quelques dollars, ce n'est pas mal!

Quant aux Oscars, les films très imposants, percutants, déchirants, ou surprenants ont une bonne cote. Monsieur Lazhar n'a pas suivi ce chemin pour rappeler la fine complexité des rapports humains. Tant mieux!

MONSIEUR LAZHAR MÉRITE UN OSCAR

Clovis La Berge

J'ai été très impressionné par le film Monsieur Lazhar.  La production raconte l'histoire d'un réfugié algérien de 55 ans, qui remplace une enseignante du primaire qui s'est suicidée dans le local de sa classe.  Malgré le fossé culturel entre le professeur et ses élèves de 12 ans, la classe amorce un processus de guérison, parallèlement au vécu douloureux de cet étranger en instance de citoyenneté.  La dramaturge mets en images la rencontre de deux mondes et la puissance de la parole, tandis que le cinéaste tente de montrer l'amour et la compréhension d'un homme blessé prêt à transcender sa propre perte pour aider les écoliers à crier la peine qui les assaille.

C'est toujours accrocheur de photographier des enfants, ils sont si naturels.  Cela donne d'aussi merveilleuses images que les plus belles scènes de la nature.  On y ressent, la solitude des enfants comme des adultes, et leur sentiment de responsabilité, pourtant inexact, mais qui nous envahit, dans notre impuissance, devant la mort et les départs soudains des gens que nous aimons.

Ce sobre long métrage mérite une grande reconnaissance pour la profondeur du scénario supportée par le jeu merveilleux des acteurs et la qualité surprenante des images.

INTENTIONS VALABLES POUR UN FILM MODESTE

Michel St-Pierre

Je ne peux accepter que l'un des protagonistes fixe l'objectif de la caméra. Cela va à l'encontre du côté voyeur de tout spectateur.

Or,  dans ce sens, le principal reproche que je peux faire à Monsieur Lazhar concerne le regard des enfants vers l'objectif de la caméra, surtout dans la première séquence où ils montent l'escalier qui les conduit vers l'étage de leur classe.   Il me semble que le  réalisateur aurait dû faire respecter la consigne de ne jamais fixer la caméra afin de protéger toute la crédibilité du film.

À ce propos, le cinéaste français Laurent Cantet ayant réalisé Entre les murs, un documentaire sur le quotidien d'un enseignant dans une école primaire d'un petit village, aurait pu tolérer que les enfants regardent à l'occasion la caméra, mais, grâce à la présence de cette dernière dans la classe pendant toute une année scolaire, les enfants en avaient fait complètement abstraction et se comportaient de façon si naturelle, que l'on croyait assister à un film de fiction. Dans le film de fiction de Falardeau, une telle abstraction était plus que nécessaire.

Le deuxième reproche qui m'a fait empêcher d'embarquer dans le film est l'invraisemblance de l'embauche de Monsieur Lazhar par rapport à la réalité de notre monde scolaire : comment croire à un personnage central dont la crédibilité est presque nulle, même si le personnage est sympathique et touchant ?  Et le jeu des enfants qui m'a paru parfois trop appuyé, manquant de naturel, ainsi que la dualité entre Simon et la jeune fille m'a semblé quelque peu exagérée.

Le principal mérite du film va à la pertinence de souligner certaines caractéristiques du milieu scolaire, comme le comportement des parents qui défendent leurs enfants même si ces derniers ont des conduites reprochables, la terminologie pédagogique à caractère alambiqué, l'interdiction stricte de toucher aux enfants sous peine de poursuite juridique, ce qui déshumanise les rapports entre l'enseignant et ses élèves, enfin, l'aspect vétuste et la triste décoration des écoles en général.

Somme toute, un film modeste dont les intentions sont sans doute valables sur les plans humain et social, mais est-ce suffisant pour lui attribuer l'Oscar du meilleur film étranger?