Comment réagissez-vous aux résultats des élections fédérales de lundi? À l'élection d'un gouvernement majoritaire conservateur? À la vague orange au Québec? À l'effondrement du Bloc québécois?

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MERCI DE NOUS VOIR FAIT PARVENIR VOS COMMENTAIRES



Le Québec est bleu comme une orange

Lendemain de veille brutal. Les Québécois voulaient du changement, ils ont exprimé ce changement de façon radicale, quitte à voter pour un parti fédéraliste pour les représenter au fédéral et par le fait même, rejeter du revers de la main les belles valeurs conservatrices. La démocratie a parlé et elle mérite le respect. Par contre, lorsque des fantômes déguisés en poteau sont élus, je suis perplexe. Dans des circonscriptions où des députés représentaient fièrement et dignement leurs citoyens, je suis perplexe devant ces illustres inconnus, absents durant la campagne, qui n'ont même pas eu le mérite de rencontrer leur population et de discuter de vrais enjeux nationaux et régionaux avec elle. Il faut croire que cette population préférait voter CONTRE quelque chose que voter POUR quelqu'un. Ce tsunami orangé démontre aussi que les Québécois sont méfiants envers la droite. 82 % des Québécois ont refusé d'accorder leur voie démocratique aux conservateurs, c'est énorme, surtout lorsque celui obtient une majorité au pays. Les droitistes et populiste québécois doivent ravaler leur venin craché au quotidien sur le "modèle" québécois et regretter la campagne de peur qui ont fait sur le Bloc : le Québec n'a jamais été aussi progressif... Aussi, beaucoup de fédéralistes s'agitent présentement et interprètent ce résultat comme un désaveu envers la souveraineté. Stephen Harper mentionne dans son discours que "les Québécois et Québécoises ont décidé d'envoyer des fédéralistes à Ottawa pour les représenter, et nous allons travailler pour le bien de notre grand pays." Gérard Deltell, le plus fédéraliste des autonomistes au Québec et conservateurs à temps partiel, tient à préciser que ce résultat ne doit pas être perçu comme un virage à gauche, mais bien "comme un ras-le-bol envers les chicanes constitutionnelles ". Grave erreur de penser ainsi. Avec une majorité conservatrice au Canada et une opposition forte, progressiste exprimée majoritairement par le Québec, nous revenons à ce beau vieux clivage oublié : Canada versus Québec. Même Jean Charest précise que la souveraineté est partagée encore par de nombreux Québécois et ce débat se fera au Québec. Et il sait pertinemment bien qu'avec une majorité conservatrice et une représentation québécoise à Ottawa par un parti fédéraliste, le Québec ne pourra plus aller encore longtemps à l'encontre de son destin.

Simon Proulx

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Défaite du BLOC

Que s'est-il donc passé pour que le peuple québécois rejette si brutalement le Bloc? On a eu droit à toutes sortes d'analyses stratégiques relatives au comportement de l'électeur hier. Étaient- elles pertinentes, éclairantes, objectives ou partisanes? Je laisse à chacun d'en juger d'un point de vue stratégique. Mon point de vue ne se situe pas à ce niveau. Ce qui m'intéresse c'est le fond des choses : les vrais motifs, conscients ou inconscients, qui ont fait bouger la population du Québec. Faisons un pas en arrière : depuis cent cinquante ans, le peuple du Québec a tout essayé pour trouver sa place dans la Fédération canadienne. Il a élu tour à tour des premiers ministres anglophones et d'autres francophones; il a fait la même chose avec les partis traditionnels, libéraux contre conservateur. Tout ce qu'il a fini par comprendre, c'est que les élus québécois, s'ils veulent faire une belle carrière politique à Ottawa, doivent décider en faveur de la majorité et elle est anglophone. Voulant s'assurer que ses représentants à Ottawa n'oublieraient pas d'où ils viennent et qu'ils favoriseraient toujours les intérêts du Québec, les Québécois ont élu pendant vingt ans des députés du Bloc, des gens qui n'auraient pas de raisons objectives de développer un plan de carrière incompatible avec les intérêts du Québec. Encore une fois, ils ont eu l'impression que ça ne donnait pas de résultats concrets, tant pis pour les gens comme moi et mes amis du Bloc qui y croyaient encore. Alors, cette fois, l'électeur québécois s'est tourné massivement vers un vote pour la famille, pour le travailleur, pour l'étudiant, comme l'affichait le NPD. Ne pourrait-on pas dire qu'il a fait le geste que lui commandait son sens démocratique dans les circonstances : tenter de se donner un gouvernement « par  le peuple, pour le peuple »? Poussons un peu plus loin notre analyse : tout le monde s'entend pour dire que la démocratie c'est « le  régime politique où le peuple exerce lui-même sa souveraineté ». Vu sous cet angle, il y a fort à parier qu'une fois de plus, les Québécois se rendront compte que, malgré leur bonne volonté, les élus du NPD ne pourront empêcher que la majorité canadienne  ne vote pour ses intérêts chaque fois que ceux-ci leur apparaîtront conflictuels avec les nôtres. Mais me direz-vous, pourquoi voyez-vous toujours la politique canadienne sous les couleurs d'un perpétuel conflit latent entre Canadiens et Québécois? Le vote d'hier démontre bien qu'il y a au Canada deux nations principales qui voient l'organisation de la société sous des angles très différents, ça, c'est normal. Les Québécois ont voté massivement à gauche alors que les Canadiens ont voté à droite. La cassure est évidente comme jamais; le Québec se retrouve isolé dans la fédération canadienne... une fois de plus. Dernière remarque : si je comprends bien, les Canadiens ont voté du côté des grands intérêts financiers - pétrole, banques, etc - un vote qui a quelque chose d'oligarque. En d'autres mots, ils ont voté pour « ceux qui savent » (!), les grands financiers : ça ne va pas si mal, après tout, se sont-ils dit. Pendant ce temps, les Québécois ont voté majoritairement pour l'intérêt de la majorité. N'est-ce pas là un vote éminemment démocratique? Quelle sera la prochaine étape? Je prétends qu'elle ira dans le sens de l'histoire : après tant d'essais infructueux, la démarche du peuple québécois culminera par le geste le plus démocratique qui soit : il votera pour un gouvernement « pour le peuple québécois, par le peuple québécois » et non par le peuple voisin. Cela s'appelle la Souveraineté.

Léandre Dion, ex-député de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée Nationale

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Les deux solitudes

Je vote pour le Bloc depuis sa création et j'ai continué hier. Même si je m'attendais à une vague NPD, je n'avais pas prévu qu'elle emporte tout sur son passage, y compris Gilles Duceppe. On ne peut pas blâmer les gens qui ont voté pour Jack Layton et le programme qu'il proposait alors que de son côté, Gilles Duceppe n'a pas cessé de marteler qu'il fallait absolument empêcher un gouvernement conservateur majoritaire. Rien de bien stimulant. Même si j'admire Gilles Duceppe, son intégrité et son acharnement à défendre le Québec, je pense que cette fois-ci, son discours acerbe et le ton presque hargneux qu'il emploie très souvent ont fini par lasser les gens. D'autre part, force est d'admettre que même en votant pour un parti fédéraliste, les Québécois se sont encore une fois démarqués en élisant des candidats progressistes de gauche versus le reste du Canada qui a élu un gouvernement conservateur de droite. Qui a dit qu'il n'existait pas deux solitudes au Canada?

Luce Coderre

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En démocratie, le peuple n'a pas toujours raison.

Je revois les fédéralistes jubiler de voir le Bloc, un inoffensif outil démocratique pourtant, rayé de la carte. Et je revois le Bloc, en pleine agonie, se réjouir de voir les libéraux subir le même sort qu'eux. Et bien des conservateurs, dans leur fanatisme partisan, se réjouir de voir Gilles Duceppe et Michael Ignatieff, deux politiciens éminents et distingués, rayés de la carte. Ici, la démocratie en a vraiment perdu des plumes. Il faut lui en redonner, et vite. Et avec du goudron encore!  Moi, ce qui me console, c'est qu'en démocratie on a toujours le gouvernement qu'on mérite. Et que, en bien ou en mal, les Canadiens auront la juste rétribution de leurs décisions prises hier. Car qu'on ne s'y trompe pas : Une longue nuit intellectuellement obscurantiste et moralement barbare descend en ce jour sur toute la terre canadienne aussi bien que québécoise!

Raymond Simoneau

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Le sacre politique

Dans la première moitié du XIXe siècle, mon peuple, portant fièrement le nom de "Canadien", a connu une première fièvre libératrice lors de son combat pour l'obtention du gouvernement responsable. Le tout s'est terminé dans la sang avec la défaite des rébellions patriotes de 1837-38. Les vainqueurs, qu'on appelait alors les "Anglais", ont consolidé leur emprise sur mon peuple en accordant quelques privilèges à l'Église à charge pour elle d'entretenir la soumission de ceux qui devinrent alors des canadiens-français (les maîtres se réservant le nom de "Canadian"). Pour masquer leur soumission, mes ancêtres remplacèrent leurs jurons traditionnels par des sacres empruntés au vocabulaire religieux. Ce faisant, ils croyaient, du moins symboliquement, se libérer du pouvoir qui les asservissait. En cela ils se trompaient. Le sacre religieux ne masquait pas leur soumission, il la marquait, la révélait, la proclamait presque. Il fallut à mon peuple plus d'un siècle de palabres de taverne pour se libérer de cet asservissement et devenir maître chez lui (ou presque). Au milieu du XXe siècle, dans les années 1960, nous avons tiré un trait sur notre enfance à l'eau bénite et proclamée notre capacité à être ce que nous voulions être plutôt ce qu'on nous voulait être. Les canadiens-français ont alors tenté de devenir Québécois. Nous avons nationalisé la fin de notre soumission, pratiqué un temps le sacre baroque et célébré avec ostentation le "Québec inc." que nous devenions. Vinrent bientôt d'autres défaites : celle de la nuit des longs couteaux et, plus tard, celle dite "de l'argent et du vote ethnique". Nous avons vite accepté ces défaites et concédé la victoire à ceux qui nous avaient fait une belle parade d'amour un peu plus tôt dans les rues de Montréal. Nous nous sommes docilement soumis comme nous l'avions fait une première fois, il y a plus d'un siècle. Encore cette fois nous avons fabriqué un masque pour cacher notre soumission : nous avons inventé le sacre politique qui consiste à envoyer dans la cour des maîtres une soldatesque sans armes. Ce bloc, ce pavé dans la mare, malgré la surprise qu'il créa ne troubla pas vraiment la tranquillité outre outaouaise. Lui aussi, comme le sacre religieux, marqua plus notre soumission qu'il ne la masqua. Il y eut des soirs, il y eut des matins, puis hier arriva. Pendant vingt ans mon peuple écorché a pratiqué le sacre politique simple. Cette fois, il va plus loin et pratique le sacre politique baroque en envoyant là-bas, non pas des soldats sans armes, mais des poteaux orange de belle pruche écorcée. Dérisoire déraison. Triste et sombre carnaval d'un peuple errant. Mais je me trompe peut-être, et je l'espère, sur la nature de ce cri que nous avons lancé hier? Est-ce l'ultime baroud d'honneur qu'il paraît ou est-ce annonce d'un nouveau combat? Avons-nous rendu les armes comme il semble ou avons-nous pris de nouvelles armes? L'élection d'hier ne serait-elle qu'une répétition générale de celle qui aura lieu au Québec d'ici deux ans? Aurons-nous alors le courage d'élire, avec autant d'unanimité, de solidarité, un parti franchement de gauche qui laissera les libéraux dans l'ombre et maintiendra la droite nationaliste (confondante et confondue) dans l'opposition? Si tel est le cas, je me présenterai dans Westmount, sous la bannière Québec-Solidaire, et me laisserai élire tout en allant lancer les dés dans un parc à Morréal-Mort. Au lendemain de l'élection, je suivrai un cours d'anglais avant de m'adresser à mes électeurs néo-québécois.

André Hamel, Grand-Mère

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Trop gentilhomme

M.Duceppe a une seule lacune comme politicien, c'est un homme bon.Comme beaucoup d'autres, j'en suis certain. Je me demande pourquoi n'a-t-il pas brigué la direction du P.Q. lorsque les occasions se sont présentées .il aurait facilement distancé M. Boisclair et Mme.Marois. Merci M.Duceppe pour toutes ces années de services.Plusieurs dont je suis vous manqueront.Vous avez été un politicien droit et apprécié.Votre manque d'instinct de tueur vous a cependant empêché de prendre les commandes du Parti Québécois et c'est bien dommage.

Jean Chenay, Sherbrooke

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Est-ce vraiment la défaite des uns et la victoire des autres?

Personnellement, j'y vois simplement un message de nous, les électeurs. Nous ne sommes pas un peuple à grand déploiement comme d'autres nations qui protestent dans la rue dès qu'ils sont déçus de quelque action de la part de leurs dirigeants. Hier, nous avons signalé notre déception avec les résultats que l'on connaît aujourd'hui. Je ne suis pas ferrée en affaires gouvernementales, politiques et autres. Je laisse à ceux que j'ai élus le soin de gouverner ma province.   Non!  Nous ne sommes pas comme une famille dont les parents voient à la bonne marche de la maisonnée. Non! Nous ne sommes pas comme une équipe sportive dont les dirigeants visent les honneurs et la gloire si cela était mon salaire comporterait quelques milliers de dollars de plus. Simplement, nous sommes tous des adultes élisant d'autres adultes pour gérer nos affaires d'État. Nous comptons sur eux pour administrer de façon responsable et honnête, entre autres, notre argent, donc l'argent des contribuables. Nous comptons aussi sur eux pour voir aux besoins fondamentaux de notre société tels que ceux la santé, l'éducation de nos enfants et la saine gestion des fonds publics. Besoins qui devraient se trouver en priorité dans les agendas de nos ministres. Je suis d'avis que nous avons un très bon système de santé et j'ose dire, payé à l'avance; également, je crois que nous avons de bons professeurs dans toutes nos écoles ainsi qu'un fonds de roulement appréciable. Et à ce propos, de grâce pourrions-nous être plus prudents quant à l'administration de nos avoirs? Bien sûr, il faut protéger notre langue, établir des lois, diriger les affaires diplomatiques, voir à la démographie, la culture et les arts, les emplois, les services sociaux ainsi que tous les autres éléments qui constituent les tâches d'un gouvernement. Mais, tous les candidats qui sollicitent notre appui, ne sont-ils pas formés pour cela? Le résultat de cette élection prouve notre insatisfaction envers ceux que nous avons élus précédemment : « C'est le printemps, il y a du renouveau dans l'air, profitons-en pour partir du bon pied! »  Voilà un message pour ceux que nous avons rejetés et pour ceux que nous avons élus.

Ginette Loiselle, Longueuil

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Visa le noir, tua le blanc!

En voulant priver Stephen Harper d'une majorité menaçante, les Québécois se sont rappelé que le Bloc Québécois n'arrivait plus à écorcher le parti conservateur ; alors, ils ont décidé d'envoyer le NPD pour faire le travail, et c'est le Bloc Québécois qu'ils ont assassiné.  Résultat, le Québec est aussi isolé qu'auparavant. En fait, une fois de plus, nous sommes séparés sans avoir fait l'indépendance !  L'explosion néo-démocrate démontre que les Québécois ne se retrouvent plus du tout dans cette pseudo confédération; dans leur recherche passée, ils ont essayé le parti libéral, puis le Bloc Québécois et, maintenant, ils se retournent de nouveau vers un parti fédéraliste, mais, ils se dirigent vers une nouvelle déception : L'histoire du NPD laisse voir un parti aussi centralisateur que les libéraux ou les conservateurs. Monsieur Layton a flirté avec la belle province et ça a marché, voilà tout !  Lorsque tous les partis, toutes les tentatives, auront fait la preuve que le Canada n'a plus aucune considération envers nous, peut-être aurons-nous, alors, le courage de nos convictions, et déciderons-nous de ne plus envoyer personne vers cette Capitale qui ne veut rien savoir du Québec.  Vers quelle nouvelle bassesse allons-nous nous pencher, désormais, pour essayer de se faire aimer ?

Claude Carrier, Sainte-Brigitte-de-Laval

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Un avenir trouble

Il semble que le coup de semonce de Gilles Duceppe  avec le tandem BQ au fédéral et PQ au provincial au Québec a effrayé non seulement les Québécois, mais surtout les ontariens et l' Ouest qui ont voté pour donner une majorité à Harper, malgré son mépris au parlement. Il est clair qu'au Canada anglais, on en avait assez avec ce parlement minoritaire qui faisait le jeu du Bloc québécois. Si Harper a montré du mépris au Parlement avec une un gouvernement minoritaire, attendons  voir ce qu'il fera avec un gouvernement majoritaire.

Magdi Shoucri, Montréal

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Pour comprendre la glissade

Au Québec, l'omniprésence d'une nation distincte s'est manifestée dans le vote accordé au NPD de Jack Layton.  L'engouement pour Jack le bon « jack » s'est clairement exprimé dans les résultats de l'élection générale du 2 mai 2011.  J'ai voulu voir comment le mouvement du vote s'est effectué en comparant les résultats de 2008 et ceux de 2011.  Quand on regarde les résultats, sous l'angle du nombre de députés,  nous pensons de prime abord que le Bloc a glissé vers le NPD.  Dans les faits, ce n'est pas ce qui s'est réellement passé dans l'analyse du mouvement des votes exprimés.  J'ai décortiqué les résultats  dans nos quatre circonscriptions régionales (Trois-Rivières, St-Maurice-Champlain, Berthier-Maskinongé et Bas-Richelieu-Bécancour).  Dans Trois-Rivières, Paule Brunelle a vu 46% des votes obtenus en 2008 glisser vers le NPD, mais ce qui est surprenant c'est qu'il y a eu 48% des votes conservateurs de 2008 qui ont aussi glissé vers le NPD.  Chez les libéraux, c'est pire encore, il y a eu un glissement de 60% des votes de 2008 vers le NPD.  Surprenant non! Dans Saint-Maurice-Champlain, Jean-Yves Laforest a perdu dans ce glissement 31% de son vote de 2008 vers le NPD,  les conservateurs en perdaient 24% et le libéraux 42%. Dans le comté de Berthier-Maskinongé, Francine Gaudet pourra se réjouir que le glissement du vote libéral dans son comté fût le plus faible à 19%, alors que le bloquiste monsieur André a perdu 33% de ses votes en faveur de la candidate de « Las Vegas ».  Les conservateurs, malgré une deuxième présence de madame Godue à l'électorat, a vu 34% de ses partisans de 2008 aller vers le NPD. Finalement, dans Bas-Richlieu-Bécancour, le doyen des députés de la Chambres des communes, le député du Bloc Québécois, Louis Plamondon, a difficilement réussi à conserver son siège de député, malgré un glissement de 29% de ses votes de 2008.  Les conservateurs, eux ,ont perdu 27% des électeurs, tandis que les libéraux en ont perdu 37%. En résumé dans la région, 35% du vote bloquiste, 33% du vote conservateur et 40% du vote libéral ont glissé vers le NPD.  C'est selon moi un bel exemple du vote volatile se situant entre 30 et 40% de l'électorat prouvant qu'en politique rien n'est acquis et que tout peut basculer aux derniers moments.  Jack, Jack, Jack disaient les canards, les perdrix et les sarcelles... L'homoquébécus à deux têtes existe bel et bien.

Roger Kemp

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Des élections qui parlent de nous

Encore une fois, le Québec manifeste sa différence.  Les élections fédérales ont regroupé 81% d'électeurs québécois de toutes origines que je perçois un peu idéalistes, résolument différents du reste du Canada et partageants des valeurs et une certaine vision des choses.  Bien que majoritairement francophone, 81% des électeurs ont voté au-delà de ce critère.  C'est deux fois plus d'électeurs que la base traditionnelle de pur et dur souverainistes.  Le NPD a su cristalliser cette « vision québécoise », ponctuellement à mon avis.  Il y a là matière à réflexion pour tout parti qui convoite l'électorat québécois.

Normand Lafrenière, Châteauguay

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Rendons hommage au Bloc

Au lendemain d'une cuisante défaite du Bloc québécois, il m'apparaît important de souligner le travail exemplaire de ce parti au cours des vingt dernières années. La députation québécoise du NPD a tout un défi devant elle, car elle succède à un groupe de parlementaires aguerris. Ni les médias, ni même le Bloc dans  sa campagne n'ont souligné le travail efficace et constant de l'équipe parlementaire à la Chambre des Communes. La politique n'est pas qu'une affaire de discours et de déclarations d'intention. Désormais, le NPD ne pourra plus pratiquer en chambre la stratégie de la traduction simultanée; il devra défendre les dossiers qui préoccupent les citoyens du Québec. Ce que le Bloc a fait avec rigueur et passion en tenant compte des intérêts de tous les Québécois; Alexandre Boulerice saura-t-il défendre sa circonscription avec force et conviction comme l'a fait Bernard Bigras?. L'Assemblée nationale du Québec pourra-t-elle compter sur le NPD? Bien qu'il doive sa percée historique au Québec, Jack Layton a fait très peu de place au français dans son allocution suivant les résultats du vote. Normal me dira-t-on, puisque s'il souhaite devenir premier ministre dans quatre ans, c'est du côté du Canada anglais qu'il devra faire des gains. Tient-il déjà pour acquis le Québec? La députation néodémocrate du Québec a la lourde responsabilité de faire comprendre aux députés et militants du reste du Canada qu'ils ont une dette envers le Québec. Les gains réalisés en Ontario sont minimes, pour ne pas dire décevants pour le NPD. Les Québécois ont tout intérêt à être vigilants s'ils ne veulent pas être relégués aux oubliettes par l'establishment anglophone du NPD. Un beau risque que cette confiance nouvelle dans le NPD? Un risque certain compte tenu du peu d'expérience de la députation néodémocrate. Si les électeurs québécois font aujourd'hui peu de cas du flou néodémocrate en ce qui a trait à la question nationale, il est à souhaiter qu'ils se montrent plus exigeants ces prochaines années, puisque cette élection confirme une fois de plus le caractère distinct du Québec. Quant aux progressistes qui se réjouissent de la percée du NPD, ils doivent garder en tête que le Canada est maintenant aux mains d'un gouvernement majoritaire de droite. En terminant, mille fois merci à Gilles Duceppe et sa remarquable équipe. Sans le travail du Bloc, les scandales du Parti libéral et le mépris pour la démocratie du Parti conservateur seraient sans doute demeurés dans l'ombre.

Sébastien Lefebvre

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Assumons nos choix

Ça fait belle lurette que je crois que le Bloc n'a pas sa place dans un gouvernement fédérale.  Les Québécois semblent avoir pensé la même chose hier. Comment est-ce qu'on peut croire que le Bloc défend les intérêts des Québécois quand ils savent très bien qu'ils n'auront jamais le pouvoir de changer la donne? M. Duceppe avait la tache la plus facile du parlement, puisque tout ce qu'il pouvait faire c'était critiquer.  Est-ce l'image que l'on veut projeter des Québécois au reste du Canada? Moi non. Je crois également que le Bloc s'est tiré dans le pied avec sa campagne publicitaire où il stipule : « Au Québec, on choisit l'honnêteté,... » Pourtant, Jean Charest est à la tête du gouvernement. De plus, avec de toutes les allégations de corruption dans le monde municipal, on à le droit de se demander à quoi les stratèges du Bloc pensait en faisant cette pub que je qualifie d'hypocrite.  Le NPD, c'est le seul parti qui avait une feuille blanche au Québec. Le Bloc n'a rien fait qu'y vaille lors des dernières années, Les Libéraux ont encore le scandale des commandites qui lui colle au fesse en plus des soupçons d'ingérence dans le référendum de 1995. Le PLC ne représente tout simplement pas les valeurs québécoises!  Les Conservateurs, quant à eux, savent qu'ils n'ont pas besoin du Québec pour être majoritaire, alors pourquoi nous donner notre argent ou même daigner nous consacrer une attention? On va avoir quatre ans de dictature fédérale. Pire encore, le pont Champlain ne sera pas remplacé, on va dépenser des milliards pour des avions de chasse inutiles et on va devoir sabrer dans la santé!

Maxime Ferland, Sainte-Adele

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Positif, malgré tout

Je crois que les résultats d'hier, aux élections fédérales, sont ce qui pouvait arriver de mieux pour le Québec. Je m'explique. Le Bloc québécois n'avait plus sa place à Ottawa; depuis 20 ans qu'il était là, ce qui devait être temporaire au début, le Bloc ne faisait plus avancer le mouvement de souveraineté du Québec. Et pour preuve, quelle est la différence entre les pourcentages des souverainistes au Québec aujourd'hui et il y a 20 ans?  Une autre raison motivant que j'aie embarqué dans la vague orange, ce n'est pas tant que j'adhère complètement aux lignes directrices du NPD, même si Jack Layton est bien sympathique, je ne croyais tout simplement plus au Bloc. Je souhaitais également que le Parti libéral perde son rôle d'opposition officielle (un peu plus d'humilité ne lui fera que du bien) et je souhaitais plus que tout, que le gouvernement Harper devienne majoritaire et ce, pour une raison on ne peut plus simple. Maintenant, il n'y a plus que des partis fédéralistes à Ottawa; donnons-nous quelques années pour observer ce qu'on fera des priorités et de la spécificité du Québec et si, finalement, le Québec est perdant, eh bien, que les enjeux d'une prochaine élection provinciale soit clairement la souveraineté du Québec! Et si la souveraineté ne passe toujours pas, il restera toujours le Parti québécois...

Jacques Robert

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Rêve orange

Le Québec, en ce lendemain d'élections fédérales, se retrouve avec de nouveaux habits. Orange et remis à neuf. La bonne vieille gauche fédéraliste vient de faire son entrée dans l'opposition officielle canadienne, et ce, par la porte québécoise. Oui, nous partageons nombre de valeurs de gauche, grand bien nous fasse. Cependant, nous voudrions simplement exprimer quelques préoccupations à nos dignes représentants québécois du Nouveau parti démocratique.  Le Québec est une terre francophone. Depuis la création du Canada comme pays, les Québécois luttent pour maintenir leur pouvoir dans cette union de deux peuples fondateurs, de deux cultures. Par le passé, il y eu des tentatives, infructueuses, pour garantir le poids décisionnel du Québec dans le Canada : pensons à l'accord du lac Meech ou de Charlottetown. Aujourd'hui, les Québécois vous ont confié à vous, députés du NPD, la tâche de défendre et de réclamer plus de place pour le Québec à l'intérieur du Canada. Après tant d'années d'échecs constitutionnels et référendaires, ils y croient encore un peu. Rappelez-vous alors, lorsqu'il sera temps de voter pour des projets de loi, que c'est le Québec qui vous a propulsé à l'Opposition officielle et que donc, les intérêts du Québec devront être défendus ardemment par vous, représentants du Québec.  Le fédéralisme centralisateur a depuis toujours été rejeté par les Québécois, de Sir John Alexander Macdonald à Pierre Elliott Trudeau, en passant par William Lyon Mackenzie King. Le maximum de pouvoir aux provinces est l'espoir qui fait demeurer les Québécois dans ce pays pour l'instant. Le maintien et le respect des compétences provinciales devront donc être défendus par vous, nouveaux députés. Le caucus du NPD est maintenant à 60% québécois : nous espérons que vous ne poserez pas le genou à terre au moment de défendre votre nation comme les libéraux fédéraux québécois l'ont fait lors du rapatriement de la constitution en 1982.  Et quand sera venu le temps pour le Québec, et il viendra, de quitter la confédération et de voler de ses propres ailes, j'espère que vous, représentants du Québec au Canada, défendrez cette vision avec autant d'ardeur que les valeurs de gauche que nous partageons.



Sébastien Auger, étudiant à la maîtrise en biologie, UdeS.; Kim Raymond, étudiante à la maîtrise en littératures de langue française, UdeM.; et Martin Patenaude-Monette, étudiant à la maîtrise en biologie, UQAM.

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Mal de Bloc

Je ne peux pas me réjouir de la perte d'hommes et de femmes de la qualité de la députation des gens du Bloc québécois. Mais contrairement à certains analystes, je pense que le Bloc a été victime de ces propres succès. Sa qualité à « défendre les intérêts du Québec » ont fini par nuire à l'option qu'il défendait, la souveraineté du Québec. En vingt ans, le Bloc a démontré qu'on pouvait, dans le cadre constitutionnel qui exclut le Québec, défendre nos intérêts. Heureux paradoxe! Le Québec à dit aujourd'hui plus que jamais qu'il était résolument social-démocrate alors que le Canada se donne un gouvernement majoritaire conservateur. À peine 17 % des Québécois qui se sont exprimés se sont retrouvés dans les politiques de droite, la construction de prisons, l'achat de F35, les baisses d'impôt offertes aux pétrolières proposées par Stephen Harpen. Alors que plus de 80 % des Québécois ont fait un choix parmi tout le spectre d'options plus à gauche.  L'option souverainiste fait du surplace depuis essentiellement 20 ans. L'option est redescendue à des niveaux de 1980. Pourquoi? Parce que l'option est vendue aujourd'hui comme on la vendait dans les années 70 avec la montée du Parti québécois. Une option basée sur l'opposition à l'oppression de la majorité anglo-saxonne. Mais les leaders souverainistes ont oublié de remarquer que le monde autour d'eux a changé, qu'une génération a changé.  Les Québécois veulent autre chose. N'est-ce pas exactement ce que doit incarner le projet souverainiste. L'option souverainiste doit être celle de dire qu'il y a moyen de se donner sur notre bout de terre en Amérique, un pays qui nous ressemble vraiment. Un pays progressif, ouvert sur le monde. Un pays où le développement durable sera la locomotive de notre développement économique autant que social et environnemental. Non, nous n'avons pas peur des grands chantiers au Québec, nous ne voulons plus des chantiers de développement sauvage de l'après-guerre sans égard au capital humain. Les urgences débordent,  travaillons à éviter que les gens se retrouvent dans les urgences en travaillant sur la santé des gens en amont au lieu de gérer des corridors. Comme société, il est plus rentable d'investir dans le développement du capital humain, en investissant dans l'éducation, que de maintenir une personne dans la pauvreté avec de l'aide sociale. Bref, bâtissons un pays avec un projet de société bien à nous, un modèle québécois 2.0.  Aujourd'hui, tout devient possible...

Frédéric Tremblay, Cookshire-Eaton

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L'importance du vote stratégique

Plusieurs analystes croient que la vague orange était exclusivement motivée par un rejet massif de M. Harper ainsi que par les politiques de M. Layton.  Je crois plutôt que l'on sous-estime l'importance du vote stratégique qui garantissait que le Bloc ne se faufilerait pas.

Charles Prince, Saint-Jean-sur-Richelieu

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Soyez vigilant, m. Harper

M. Harper a obtenu le mandat qu'il souhaitait. Au lendemain de ces élections fédérales, j'aurais un seul conseil à lui donner  : « N'oubliez pas, M. Harper, que vous êtes le premier ministre de tous les Canadiens incluant tous les Québécois pour les quatre prochaines années. »  Vous devrez donc tenir compte des intérêts et des aspirations de tous vos concitoyens et devenir un rassembleur de tous les Canadiens.

Lise Malo

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Un succès temporaire

C'est une grande déception que ce résultat pour les supporteurs du Bloc, mais les Québécois ont été pour une fois cohérents avec eux-mêmes. S'ils rejettent l'idée de l'indépendance dans leur propre province pourquoi éliraient-ils un parti souverainiste au fédéral? En toute logique, on devrait s'attendre à un grand succès du parti Québec Solidaire aux prochaines élections provinciales, mais les Québécois savent-ils vraiment qu'ils viennent d'élire un parti de gauche dans leur province? Je pense plutôt qu'ils ont été séduits par la personnalité de Jack Layton, comme ils ont été séduits auparavant par d'autres chefs charismatiques comme Trudeau, qui doit se retourner dans sa tombe face à la déconfiture libérale pancanadienne que je trouve des plus réjouissantes. Je crois cependant que le succès du NPD au Québec est temporaire, surtout si le parti de Harper sait manoeuvrer pour séduire les Québécois par des politiques sociales nationales gagnantes ou si le Parti libéral se relève (il a des appuis financiers importants chez les capitalistes pour le faire) en trouvant un chef avec une forte personnalité sachant rallier les foules.   De fait, on assiste au Canada à la montée de la droite, phénomène qu'on observe depuis quelques années dans une grande majorité de pays occidentaux suite à l'effondrement du bloc communiste européen et il n'est pas exclu que la droite québécoise dise son mot lors de prochaines élections fédérales une fois l'euphorie NPD passée. L'idée de l'indépendance du Québec a été tellement diluée au cours des années, que cela ne correspond plus à rien, autant pour l'électorat traditionnel que pour les jeunes qui selon les chiffres se sont exprimés avec force cette année. Qui se souvient, en effet, de l'état de dépendance économique, culturelle, linguistique et sociale des années 60, que les francophones du Québec subissaient alors qu'aujourd'hui, ils ont pris une place prépondérante dans tous les domaines? On pourra au moins dire que le mouvement indépendantiste a été le moteur de cette réussite ce qui n'est pas peut dire. Je garde donc peu d'espoir qu'un jour le Québec devienne indépendant, mais qui peut prédire avec certitude l'avenir comme le démontre le surprenant résultat de cette élection.



Jean Bédard

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Un pas vers l'indépendance

Selon moi, ces élections préparent le terrain pour la séparation du Québec.  Maintenant que le gouvernement Harper aura les coudées franches pour plaire à ses rednecks, le Québécois va réaliser plus cruellement que jamais la fracture politique du "plusse meilleur pays du monde".  Il ne restera qu'à donner une pichenette pour devenir un pays. Le fruit est mur, les boeufs sont lents, mais la terre est patiente.



J.F. Lemire

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Gauche ou droite?

Je comprends mal le résultat des élections fédérales. Les Québécois ont voté massivement pour un parti de gauche, le NPD.  Pourtant ces mêmes électeurs, selon les sondages, seraient prêts à appuyer fortement une éventuelle formation politique de droite dirigée par François Legault. Cela me porte donc à croire que la réussite phénoménale du «bon» Jack au Québec en est une d'émotions et de soif de changement et non pas une empreinte de rationalité.  Les vieux partis usés par le pouvoir et les allégations de toutes sortes n'ont visiblement plus la cote. Du moins pas au Québec. Nous voilà donc avec un gouvernement majoritaire conservateur qui n'aura fait élire que 6 députés au Québec.  Qu'adviendra-t-il des spécificités du Québec avec si peu d'élus provenant du parti au pouvoir? Jack Layton, malgré toute sa bonne volonté et son discours digne d'un premier ministre aura-t-il les coudées franches et le mandat du NPD de convaincre les membres du parlement des différences légendaires qui existent entre le Québec et le reste du Canada? Michael Ignatieff n'aura pas été en mesure de convaincre la majorité qu'il détenait la solution afin de faire cheminer le Québec au sein du Canada. Gilles Duceppe quant à lui aura marqué la scène politique québécoise et canadienne en faisant un pied de nez au reste du Canada et aux fédéralistes convaincus en fondant le Bloc et en réussissant à survivre malgré les nombreuses critiques. Force est d'admettre que le paysage politique n'est pas et ne sera plus le même. Peu importe le parti, j'ai une pensée pour ces hommes et femmes qui ont tant donné afin de servir leurs concitoyens et qui du jour au lendemain se retrouvent au chômage. Et que dire aussi, sinon un grand merci, aux centaines d'employés de circonscription qui ont travaillé douze heures par jour pour nos députés? Quant à nous, citoyens, notre devoir ne fait que commencer. Nous devons surveiller, critiquer, féliciter (s'il y a lieu) et surtout, faire valoir nos droits et se faire respecter par les personnes que nous avons portées au pouvoir. Après tout, la démocratie ne s'arrête pas le lendemain du vote. Ne croyez-vous pas?

Jean Bottari, Saint-Mathias-sur-Richelieu

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Les Québécois ont eu la trouille

La débandade du Bloc a commencé le soir où on a annoncé le résultat du vote de confiance envers la chef du Parti Québécois : 93 %, c'était trop fort. En tandem avec Gilles Duceppe à Ottawa, tout devenait effectivement possible. Les Québécois ont eu la trouille : on allait leur proposer de se tenir debout. Leur solution a consisté à se tourner vers un parti qui n'a aucune racine au Québec et aucune chance de prendre le pouvoir à Ottawa, mais qui a un chef bon enfant, pas méchant, secondé par un lieutenant québécois aux ambitions très nettes mais au discours qui l'est moins. Le résultat : on se trouve sans défense face à un premier ministre ultraconservateur qui va nous botter le derrière joyeusement pendant quatre ans, en abolissant le registre des armes d'épaule, en renforçant les lois répressives, en piétinant les juridictions du Québec, en laissant les grosses compagnies salir notre environnement, etc. Et ça sera bien fait pour nous : quand on donne plus d'importance aux jeux (le hockey, le soccer, le football, les playstation, etc.) qu'aux études (ce qui explique sans doute un taux de décrochage affligeant), quand on est prêt à se prosterner devant un chandail ou un trophée étranger (la coupe Stanley) plutôt que de se tenir debout pour défendre nos droits et notre territoire, c'est tout ce qu'on mérite. Il est grand temps qu'on remette le cap sur l'essentiel. La trouille, ça ne va pas nous quitter - notre histoire est marquée de trop de traumatismes : invasion, abandon, déportation, exils, répressions, conscriptions, trahisons -, mais on peut neutraliser cette peur en cultivant la fierté, la fierté de ce qu'on a été, de ce qu'on est maintenant et de ce qu'on peut devenir. Pour que notre horizon ne se limite pas à la surface lisse et froide d'une patinoire...

André Daoust, Montréal

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Nous devrons être vigilants

Déjà, minoritaire, le gouvernement conservateur méprisait le mode de fonctionnement démocratique. Il est facile d'imaginer ce qu'il va faire maintenant que des Canadiens lui avons donné une majorité. Nous devons être très vigilants pour éviter que le Canada continue de s'enliser dans des choix qui représentent moins de 40% de l'électorat. Premièrement, comme citoyen, il va falloir supporter le NPD, en informant ces élus de ce qui se passe dans nos communautés respectives. Cela se traduira dans des revendications du NPD éclairées et porteuses d'avenir pour tous et toutes. Deuxièmement, il est de première importance que les journalistes nous informent rapidement et clairement des décisions qui sont prises par le gouvernement conservateur. Il ne faut pas qu'ils se laissent tasser, voire ridiculiser, par ce gouvernement comme ils l'ont malheureusement laissé faire jusqu'à présent. Le travail démocratique commence et continue!

Marguerite Paradis

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La démocratie a parlé

Elle a dit « 'Le bureau du premier ministre a trop de pouvoir »'. Dimitri Soudas a trop de pouvoir pour un non-élu. Les ministres n'ont pas de pouvoir, encore moins les députés, donc ils sont tous « 'jetables »'. Que c'est triste pour la démocratie aujourd'hui.  Je pleure cette grande disparue

Serge Bernier

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Une vision surréaliste

Des centaines de personnes agitent des drapeaux du Canada. Les gens crient "NDP...NDP" les gens sont euphoriques que leur parti soit devenu l'opposition officielle grâce avant tout au vote des Québécois. Le Bloc Québécois est rayé de la carte et son chef Gilles Duceppe cavalièrement remercié de ses services a pris une éternité avant de sortir de son autobus de campagne, la porte étant restée tristement ouverte pendant de longues minutes avant sa sortie, le temps qu'il reprenne ses esprits. Le prix à payer est lourd : le Québec n'existe plus; il est rayé de la carte. Les gens attendent l'arrivée du bon Jack. Nous sommes au ralliement néo-démocrate de Toronto lors de la soirée électorale de lundi soir à la suite à la vague orange qui a traversé le Québec, mais non pas le Canada, tel qu'on le laisse entendre. Sans les votes des Québécois reportés intégralement du Bloc au NPD, ce parti serait aujourd'hui au même point qu'avant l'élection et le gouvernement conservateur aurait réussi un raz de marée « « coast to coast »'. Les Canadiens ont voté pour le parti le plus à droite et les Québécois pour le parti le plus à gauche. La cassure entre le Québec et le Canada n'a jamais été aussi évidente, sans même parler de la question nationale. Et le bon Jack s'amène et affirme haut et fort ses valeurs heureusement opposées à celles de Steven Harper devenu majoritaire. La seule référence au Québec du nouveau chef de l'opposition officielle est pour remercier les Québécois de lui avoir donné une soixantaine de députés québécois et pour laisser entendre à mots couverts que nous nous sommes enfin rangés et que nous faisons de nouveau partie de la grande famille canadienne. Aucun mot sur les conditions gagnantes de sa campagne électorale nécessaires à la réintégration du Québec dans la constitution canadienne. Aucune référence à ce qu'il va faire pour le Québec parmi toutes les mesures de son programme dont il fait la liste et compte réaliser comme s'il était devenu lui-même premier ministre d'un gouvernement majoritaire, noyé qu'il était dans son enthousiasme du moment. Certains vont sans doute se mordre les pouces des conséquences de leur vote. Harper majoritaire et Layton chef de l'opposition; les quatre prochaines années vont être bien longues pour les Québécois. À moins que nous en profitions pour prendre la porte de ce pays qui ne nous ressemble vraiment pas comme le suggéraient des jeunes qui, rassemblés dans un bar de Montréal et que l'on voyait à la télé, et qui scandaient « « référendum...référendum »'. Et ça presse.

Yves Chartrand, Montréal

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Une grande déception

Je ressens une grande tristesse de l'élection majoritaire de Steven Harper qui laisse présager des années sombres pour le Canada, le Québec et nos institutions. Les Canadiens avaient la chance de se choisir un chef d'État; ils n'ont pas fait le bon choix. Je salue cependant l'élection de plus de cent députés d'allégeance néo-démocrate comme opposition officielle.

Fernand Turbide

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Une vague émotionnelle

Tout d'abord, j'aimerais mentionner que je n'ai pas été en mesure de remplir mon devoir de citoyen à cette élection, étant donné mes déplacements dans différents pays au moment de la campagne et de l'élection. Quelques réactions à la suite des élections 2011. Premièrement, je dirais que je ressens un malaise et de la crainte de voir passer les conservateurs avec une majorité. Selon moi, les politiques conservatrices ne font pas avancer la société canadienne vers une bonne direction et sont dommageables pour l'image internationale du Canada. Que ce soit au niveau des droits humains, de la transparence et de l'accès à l'information, de l'environnement, et j'en passe. De plus, je crois que le Québec perdra une influence importante au niveau des politiques fédérales. D'autre part, la tombée du Bloc québécois était inévitable et ne représentait pas une option valable à long terme au fédéral. Le NPD est probablement le parti le plus représentatif de la culture québécoise et je crois que cela est positif dans ce sens. Par contre, nous perdons plusieurs politiciens d'expérience dans cette vague de vote émotionnelle et l'inexpérience du NPD, et tout particulièrement de certains candidats, je le crains, sert davantage les intérêts du parti conservateur. Un mot : inquiétudes



Pascal Rodrigue actuellement à Brisbane, Australie

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Les Québécois Gros-Jean comme devant

En faisant élire 58 néo-démocrates (presque tous néophytes) à Ottawa sur les 75 possibles que compte le Québec, les Québécois ont décidé de donner une nouvelle chance au Canada. Le hic, c'est que le ROC a décidé, lui, de donner une majorité au Parti conservateur. Du coup, nous perdons tout : notre voix spécifique aux Communes et la possibilité d'obtenir plus pour le Québec via un parti fédéraliste, certes sympathique, mais néanmoins menotté. Les cinq prochaines années seront notre traversée du désert. Qu'on se le dise!

Sylvio Le Blanc, Montréal

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Le Québec encore absent

Je me réjouis de la mort du Bloc. J'espère qu'il ne renaîtra pas de ses cendres. Je déplore que les Québécois votent comme des moutons. Ils semblent n'avoir aucune conviction. Encore une fois, les Québécois ne seront à peu près pas représentés au Conseil des ministres à Ottawa et ils n'auront qu'à s'en mordre les doigts. Nos députés du NPD sont pour la plupart inexpérimentés et plusieurs d'entre eux peu instruits et sans réelles compétences. On s'en apercevra assez vite. Si l'ADQ réussit à attirer des candidats compétents lors du prochain scrutin provincial, ce Parti pourrait causer une surprise, considérant la volatilité du vote québécois.

Paul Lafrance

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La main non tendue d'Ignatieff

Comme sociologue depuis presque 50 ans j'ai, au fil du temps, appris à adopter l'attitude prônée par Edgar Morin. Ce dont il s'agit : éviter le simplisme analytique et apprendre à réfléchir et à penser la complexité de l'univers. Que l'univers soit complexe ne signifie pas que tout est compliqué. Cela veut plutôt dire qu'il y a rarement une seule facette factorielle ou une seule cause lorsqu'il s'agit de rendre compte de la complexité. Cela étant dit je vais, sans insistance ni dogmatisme, insister, en ce lendemain d'élection, sur un facteur. Dès le déclenchement des fatidiques élections, le chef libéral, Michael Ignatieff, s'est peinturé dans le coin en annonçant, de manière tonitruante et incontestable, qu'aucune main ne serait tendue en direction des partis d'opposition, en direction du NPD, parti proche du Parti libéral à de nombreux égards. De plus, je pense savoir qu'Ignatieff n'est pas un très grand intellectuel et que la droite, très souvent, lui sourit. Mais enfin, il a été battu. Lorsque l'on veut barrer la route à un inquiétant mouvement de droite, on se doit d'ouvrir la porte à des alliances et à des collaborations, sinon à une coalition. Le seul propos du chef libéral, ce fut de dire qu'il voulait le pouvoir sans jeter le moindre coup d'oeil du côté du NPD ou du Bloc (parti « progressiste » à de nombreux égards). Je me réjouis, de manière ravie, inquiète et tourmentée, de la montée d'un parti de gauche qui, espérons-le, proposera une opposition féconde au Parti harperien, parti de droite, pour ne pas dire de droite extrême. Ma crainte, c'est que le scrutin uninominal à un tour permette à Harper de développer encore plus ses tendances dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles sont potentiellement tyranniques. Mon autre crainte, c'est que l'inexpérience néo-démocrate paralyse l'opposition en une période au cours de laquelle une vigoureuse opposition sera plus nécessaire que jamais. Seul le temps, parfois, ouvre de nouvelles portes analytiques lorsqu'il s'agit de saisir la complexité.

Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias, Montréal

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La faute à Jean Charest

Les Québécois ont été frustrés, ces derniers mois, de voir leur gouvernement provincial faire à sa tête (construction, entre autres). Le Bloc en a payé le prix. Pas à cause de l'option souverainiste, mais à cause de la volonté des Québécois d'envoyer un message clair à la classe politique en général. Nous sommes les vrais patrons, nous décidons, nous faisons le "ménage". Si ça continue, je ne serais pas surpris de voir l'ADQ être très, très fort à la prochaine élection... Gauche-droite, souverainisme-fédéralisme n'ont pas rapport dans l'équation.

Martin Fafard, Laval

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La confiance des Canadiens?

Dans plusieurs médias, on pouvait lire mardi matin que « M. Harper a réussi à convaincre les Canadiens de lui accorder leur pleine confiance ». Pourtant, la réalité est que 60 % des électeurs du pays (la véritable majorité) ont voté contre le Parti conservateur. C'est le grand défaut de notre système parlementaire. Le premier ministre désigné est celui qui a fait élire le plus de députés. À quand un système électoral qui assure une représentation proportionnelle aux véritables résultats du suffrage. C'est certainement compliqué à mettre en place, mais ça éviterait de laisser croire à des dirigeants de droite qu'ils sont mandatés par la majorité de la population pour mettre en place leurs politiques rétrogrades.

Jean Hamel, Longueuil

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Vous allez y goûter

Avec un minimum de quatre ans de majorité conservatrice, les Canadiens vont goûter amèrement au style Harper. Fini la réhabilitation en matière criminelle. On va construire des universités du crime pour s'assurer de produire assez de diplômés pour garnir les mafias du pays. Deuxième effet pervers : ils vont casser les reins de l'opposition. Seul le parti au pouvoir pourra encaisser des contributions à la tonne, tout en distribuant ses bonbons et en multipliant les pions conservateurs dans tous les postes stratégiques y compris au Sénat et dans les tribunaux. Vous pensiez que ce gouvernement a bien géré le Canada? Erreur : les conservateurs ont hérité d'un beau pays et d'un beau système. Maintenant, c'est le capitalisme sauvage qui aura la cote. Comme aux États-Unis, on va augmenter le revenu moyen : plus de milliardaires avec plus de pauvres qui crèveront de faim. Des scandales des commandites, vous n'en verrez plus. C'est sûr, puisque l'opacité du gouvernement fera qu'on ne verra plus rien du tout. On va aider beaucoup l'économie américaine : plus d'armes à feu, plus de dépenses militaires, plus d'ouverture pour venir exploiter les Canadiens. Oubliez la culture, les organismes de défenses des citoyens et même les institutions démocratiques indépendantes. Tout ça est une nuisance pour une gouvernance qui s'inspire des régimes dictatoriaux. Je préférerais me tromper sur ces sombres prévisions. Mais j'ai trop suivi de près la politique fédérale des dernières années pour avoir le moindre espoir d'éviter une grave détérioration de notre société.

Jeannot Vachon, Québec

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Sortie ou continuité

La campagne électorale fédérale 2011 en aura été une essentiellement de chefs. Plus loin sur le terrain, les candidats jouaient un rôle effacé derrière leur enseigne respective. J'oserais avancer que la grande vedette, lors du dépouillement du scrutin, fut : la surprise. Chez les chefs, Duceppe et Ignatieff, deux grands perdants, n'avaient pas de discours porteurs, ont été expulsés du jeu et le seront bientôt de leur parti. Mais les plus gros trophées de chasse dans la région demeurent : Josée Verner dans son bastion, le pas très indépendant André Arthur et la vétérane Christiane Gagnon. Ils auront le temps de constater les dégâts et de se recycler. M. Arthur, pour sa part, aura dorénavant le privilège de faire de très longs voyages en autocar. Les finalités d'une élection dirigent toujours les politiciens vers la sortie ou la continuité. Le Bloc québécois s'est noyé devant la vague orange. Des forteresses, soi-disant inébranlables, ont croulé comme un château de cartes devant un NPD sans ressources financières véritables. Devant un tel bilan, le pire n'est-il pas ce que l'on ne prévient pas?

Michel Beaumont, Québec

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Enfin, un gouvernement majoritaire

Je ne suis aucunement surpris du résultat des élections fédérales et d'ailleurs je m'en réjouis. Enfin, nous avons un gouvernement majoritaire au Canada et il était à peu près temps après le nombre d'élections que nous avons connues durant les dernières années. Les Canadiens ont montré clairement aux partis d'oppositions qu'on ne peut jouer à "je suis le plus fort" éternellement. Les menaces du parti libéral et du bloc Québécois ainsi que leur arrogance n'auront fait que les conduire à leur déchéance. Les Québécois ont montré la porte à Messieurs Ignatieff et Duceppe qui pensaient détenir le pouvoir de dire quoi faire au gouvernement conservateur et qui ont mené le pays à une nouvelle élection que bien des Canadiens et des Québécois ont sans doute considéré comme en étant une de trop. Fini le chantage et les menaces, nous aurons enfin un gouvernement capable de gouverner sans marcher sur des oeufs. Je me réjouis particulièrement des résultats obtenus par M. Layton et le NPD. M. Layton a mené une campagne positive, propre et sans attaques personnelles de ses adversaires. Une campagne sans arrogance ni salissage. Une campagne rafraîchissante en comparaison des campagnes de ses adversaires avec toujours les mêmes promesses et les mêmes ritournelles qu'ils nous servent de campagne en campagne. J'espère que les partis perdants en retiendront une leçon pour les futures campagnes! En direct de la Chine, un citoyen de Repentigny,

Ghislain Royer

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Notre différence

L'Ontario élit le gouvernement, le Québec élit l'opposition. Il y a déjà comme un genre de « Québec libre », là-dedans...

André Cyr, Laval

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Était-ce désiré?

Cher Québec, j'espère que tu as eu ce que tu voulais. J'espère que ton vote orange désirait vraiment la disparition d'une représentation officielle des droits du Québec au niveau fédéral. J'espère que tu souhaitais la démission d'un de tes chefs, d'un défenseur de tes droits. J'espère que tu as mesuré la portée de ton vote et que tu ne t'es pas laissé influencé par une vague annoncée à grande force par les médias, qui rapportent des statistiques et qui ont un impact sur l'inconscient collectif. J'ai un mauvais souvenir d'un débat politique au niveau provincial impliquant Charest et Landry. Les journaux, le lendemain, titraient que Charest avait gagné le débat, alors que ce qu'il avait fait, c'était de crier et d'empêcher Landry de s'expliquer calmement. Comme si un débat politique était un combat de boxe et qu'aujourd'hui, il n'y avait plus de place pour les gens posés. Durant la campagne que nous venons de traverser, les médias ont fait une grande histoire du courant favorable pour le NPD au Québec. J'espère que toute cette histoire ne t'a pas distrait au point de te faire oublier tes propres intérêts. J'espère, cher Québec, que tu as eu du plaisir à voir les drapeaux canadiens se faire aller durant le discours de remerciement de Jack Layton, à Toronto. J'espère que tout ça était désiré et réfléchi. Sinon, j'ai honte.



Martin Bellemare

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Assumons nos choix

Au cours des prochains jours, les experts vont décortiquer les résultats de l'élection et on aura droit à toutes sortes d'explications au sujet de la déconfiture du Bloc québécois et de la montée spectaculaire du NPD. Je ne peux parler au nom de tous les indépendantistes, mais j'aimerais expliquer le cheminement qui m'a amené à voter pour le NPD pour la première fois de ma vie. Dans mon cas, je pense que le tournant a eu lieu lors du débat des chefs en anglais et ce, dès le début de l'émission. Quand j'ai entendu Gilles Duceppe ne parler que des besoins du Québec dans une émission destinée à tous les Canadiens, j'ai ressenti comme un malaise, comme l'impression d'être une victime qui réclame plus que ce que l'on veut bien lui offrir. Par définition, un indépendantiste est quelqu'un qui a une certaine fierté et il vient un temps où le rôle d'éternel quémandeur dans une situation de cul-de-sac qui fait qu'on ne peut jamais participer aux décisions et au pouvoir ne nous satisfait plus. Ce qui arrive maintenant est une suite logique des choses. Depuis quelque temps, on parle beaucoup des valeurs québécoises et l'on ne se reconnaît pas beaucoup dans le gouvernement de monsieur Harper. Mais voilà, il aurait fallu aller au bout de notre raisonnement. À deux occasions, en 1980 et en 1995  nous avons eu l'occasion de décider si nous voulions comme nation nous prendre en main et justement faire vivre ces valeurs, mais les deux fois on a choisi démocratiquement de demeurer un peuple minoritaire, donc un peuple qui laisse la majorité décider pour lui. C'est ce qui arrive aujourd'hui dans toute sa splendeur, avec un parti conservateur majoritaire, sans la participation du Québec. Il faut assumer ses choix et vivre avec ses décisions. Si cette situation vous inquiète, laissez-moi vous dire que vous n'avez rien vu encore car le pourcentage de Québécois et de francophones diminue constamment au Canada. M. Duceppe et son équipe peuvent se retirer la tête haute, car ils ont fait du bon boulot pendant toutes ces années. Mais nous sommes rendus ailleurs, peut-être que la situation actuelle, loin de nuire au projet indépendantiste, favorisera la venue des fameuses conditions gagnantes, un peu comme les années soixante ont permis l'éclosion d'un mouvement indépendantiste. De toute façon, si la souveraineté doit se faire un jour ce sera à partir du Québec et non d'Ottawa.

Pierre Lazure

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Nous n'en voulions pas d'élections

Monsieur Duceppe n'a pas compris ce message. Monsieur Ignatieff n'a pas compris ce message. Messieurs Duceppe et Ignatieff ont insisté pour avoir des élections et gaspiller 300 millions. Monsieur Harper, qui est un bon gestionnaire de l'argent des Canadiens et du Québec, a reçu sa réponse des Canadiens. S'il-vous-plaît, Monsieur Harper, continuez à administrer le Canada avec une majorité.

Gaëtane Borduas-Martin, gestionnaire

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Jean Chrétien a tué le Parti libéral du Canada

Sciemment, violemment, et avec délectation. Le processus de destruction a commencé avec son acte d'« affranchissement » spectaculaire à l'encontre de son géniteur politique, Pierre-Elliott Trudeau, à l'occasion de l'accord du Lac Meech. Cependant, en prenant position en faveur de ce compromis constitutionnel alors que son ancien maître s'y opposait farouchement, Jean Chrétien n'avait même pas le mérite d'agir sur le plan des idées ou des principes - des notions totalement inexistantes, voire incompréhensibles pour lui - . Plutôt, il affirmait la préséance de l'opportunisme, du cynisme et du pragmatisme crasse - des notions dans lesquelles il excellait -, sur toute autre considération, en politique. Arrivant au pouvoir par cette voie, il a par la suite tout fait pour anéantir toute succession méritoire ou sérieuse à son règne. C'est Paul Martin qui a fait les frais de cette politique de l'« après-moi le déluge ». Celui qui avait pourtant été l'une des principales causes du maintien de Jean Chrétien au pouvoir a été écrasé, écrabouillé par ce dernier, jusqu'au bout. Et lorsque Jean Chrétien s'est enfin esquivé, il a laissé Paul Martin dans un champ de ruines au PLC. Avec, en prime, l'héritage du scandale des commandites. Jean Chrétien est parti seulement lorsqu'il s'est assuré que Paul Martin, le seul successeur qualifié et compétent pour prendre la tête du PLC, n'avait plus l'ombre du début d'une chance d'avoir un avenir politique. Et tant pis pour le parti ! Pour lui, il n'y a que le vulgaire combat de rue, avec tous les coups bas possibles. À la lumière de tout cela, lorsque, vers la fin de la campagne électorale, on a vu soudain surgir Jean Chrétien, pour qu'il fasse son numéro habituel de comique à côté de Michael Ignatieff, c'était comme assister en direct à la mise à mort finale de celui-ci. À se demander qui sont ceux qui auront eu cette brillante idée... Probablement ces libéraux qui hantent les ruines du PLC depuis le départ de Jean Chrétien, et dont certains viendront demain briguer la direction suprême du parti. Ce qui n'aura rien d'étonnant, puisqu'à part quelques exceptions - des personnes rares et impuissantes -, les libéraux en vue d'aujourd'hui constituent la seule progéniture politique de Jean Chrétien, au sein d'un PLC vidé de sens, d'âme et de substance. Des opportunistes, des cyniques, des médiocres et des ratés. Des gens qui, en somme, n'ont rien d'autre à faire, nulle part autre où aller. Les autres ont passé à autre chose depuis longtemps .



Travis Bickle

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Nous devrons être vigilants

Déjà, minoritaire, le gouvernement conservateur méprisait le mode de fonctionnement démocratique. Il est facile d'imaginer ce qu'il va faire maintenant que des Canadiens lui avons donné une majorité. Nous devons être très vigilants pour éviter que le Canada continue de s'enliser dans des choix qui représentent moins de 40% de l'électorat. Premièrement, comme citoyen, il va falloir supporter le NPD, en informant ces élus de ce qui se passe dans nos communautés respectives. Cela se traduira dans des revendications du NPD éclairées et porteuses d'avenir pour tous et toutes.

Deuxièmement, il est de première importance que les journalistes nous informent rapidement et clairement des décisions qui sont prises par le gouvernement conservateur. Il ne faut pas qu'ils se laissent tasser, voire ridiculiser, par ce gouvernement comme ils l'ont malheureusement laissé faire jusqu'à présent.

Le travail démocratique commence et continue!

Marguerite Paradis

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La démocratie a parlé

Elle a dit « 'Le bureau du premier ministre a trop de pouvoir »'. Dimitri Soudas a trop de pouvoir pour un non-élu. Les ministres n'ont pas de pouvoir, encore moins les députés, donc ils sont tous « 'jetables »'. Que c'est triste pour la démocratie aujourd'hui.  Je pleure cette grande disparue

Serge Bernier

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Une vision surréaliste

Des centaines de personnes agitent des drapeaux du Canada. Les gens crient

"NDP...NDP" les gens sont euphoriques que leur parti soit devenu l'opposition officielle grâce avant tout au vote des Québécois. Le Bloc Québécois est rayé de la carte et son chef Gilles Duceppe cavalièrement remercié de ses services a pris une éternité avant de sortir de son autobus de campagne, la porte étant restée tristement ouverte pendant de longues minutes avant sa sortie, le temps qu'il reprenne ses esprits. Le prix à payer est lourd : le Québec n'existe plus; il est rayé de la carte. Les gens attendent l'arrivée du bon Jack. Nous sommes au ralliement néo-démocrate de Toronto lors de la soirée électorale de lundi soir à la suite à la vague orange qui a traversé le Québec, mais non pas le Canada, tel qu'on le laisse entendre. Sans les votes des Québécois reportés intégralement du Bloc au NPD, ce parti serait aujourd'hui au même point qu'avant l'élection et le gouvernement conservateur aurait réussi un raz de marée « « coast to coast »'. Les Canadiens ont voté pour le parti le plus à droite et les Québécois pour le parti le plus à gauche. La cassure entre le Québec et le Canada n'a jamais été aussi évidente, sans même parler de la question nationale. Et le bon Jack s'amène et affirme haut et fort ses valeurs heureusement opposées à celles de Steven Harper devenu majoritaire. La seule référence au Québec du nouveau chef de l'opposition officielle est pour remercier les Québécois de lui avoir donné une soixantaine de députés québécois et pour laisser entendre à mots couverts que nous nous sommes enfin rangés et que nous faisons de nouveau partie de la grande famille canadienne. Aucun mot sur les conditions gagnantes de sa campagne électorale nécessaires à la réintégration du Québec dans la constitution canadienne. Aucune référence à ce qu'il va faire pour le Québec parmi toutes les mesures de son programme dont il fait la liste et compte réaliser comme s'il était devenu lui-même premier ministre d'un gouvernement majoritaire, noyé qu'il était dans son enthousiasme du moment. Certains vont sans doute se mordre les pouces des conséquences de leur vote. Harper majoritaire et Layton chef de l'opposition; les quatre prochaines années vont être bien longues pour les Québécois. À moins que nous en profitions pour prendre la porte de ce pays qui ne nous ressemble vraiment pas comme le suggéraient des jeunes qui, rassemblés dans un bar de Montréal et que l'on voyait à la télé, et qui scandaient « « référendum...référendum »'. Et ça presse.

Yves Chartrand, Montréal

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Une grande déception

Je ressens une grande tristesse de l'élection majoritaire de Steven Harper qui laisse présager des années sombres pour le Canada, le Québec et nos institutions. Les Canadiens avaient la chance de se choisir un chef d'État; ils n'ont pas fait le bon choix. Je salue cependant l'élection de plus de cent députés d'allégeance néo-démocrate comme opposition officielle. Fernand Turbide

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Une vague émotionnelle

Tout d'abord, j'aimerais mentionner que je n'ai pas été en mesure de remplir mon devoir de citoyen à cette élection, étant donné mes déplacements dans différents pays au moment de la campagne et de l'élection. Quelques réactions à la suite des élections 2011. Premièrement, je dirais que je ressens un malaise et de la crainte de voir passer les conservateurs avec une majorité. Selon moi, les politiques conservatrices ne font pas avancer la société canadienne vers une bonne direction et sont dommageables pour l'image internationale du Canada. Que ce soit au niveau des droits humains, de la transparence et de l'accès à l'information, de l'environnement, et j'en passe. De plus, je crois que le Québec perdra une influence importante au niveau des politiques fédérales. D'autre part, la tombée du Bloc québécois était inévitable et ne représentait pas une option valable à long terme au fédéral. Le NPD est probablement le parti le plus représentatif de la culture québécoise et je crois que cela est positif dans ce sens. Par contre, nous perdons plusieurs politiciens d'expérience dans cette vague de vote émotionnelle et l'inexpérience du NPD, et tout particulièrement de certains candidats, je le crains, sert davantage les intérêts du parti conservateur.

Un mot : inquiétudes

Pascal Rodrigue actuellement à Brisbane, Australie

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Les Québécois Gros-Jean comme devant

En faisant élire 58 néo-démocrates (presque tous néophytes) à Ottawa sur les 75 possibles que compte le Québec, les Québécois ont décidé de donner une nouvelle chance au Canada. Le hic, c'est que le ROC a décidé, lui, de donner une majorité au Parti conservateur. Du coup, nous perdons tout : notre voix spécifique aux Communes et la possibilité d'obtenir plus pour le Québec via un parti fédéraliste, certes sympathique, mais néanmoins menotté. Les cinq prochaines années seront notre traversée du désert. Qu'on se le dise!

Sylvio Le Blanc, Montréal

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Le Québec encore absent

Je me réjouis de la mort du Bloc. J'espère qu'il ne renaîtra pas de ses cendres.

Je déplore que les Québécois votent comme des moutons. Ils semblent n'avoir aucune conviction. Encore une fois, les Québécois ne seront à peu près pas représentés au Conseil des ministres à Ottawa et ils n'auront qu'à s'en mordre les doigts. Nos députés du NPD sont pour la plupart inexpérimentés et plusieurs d'entre eux peu instruits et sans réelles compétences. On s'en apercevra assez vite. Si l'ADQ réussit à attirer des candidats compétents lors du prochain scrutin provincial, ce Parti pourrait causer une surprise, considérant la volatilité du vote québécois.

Paul Lafrance

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La main non tendue d'Ignatieff

Comme sociologue depuis presque 50 ans j'ai, au fil du temps, appris à adopter l'attitude prônée par Edgar Morin. Ce dont il s'agit : éviter le simplisme analytique et apprendre à réfléchir et à penser la complexité de l'univers. Que l'univers soit complexe ne signifie pas que tout est compliqué. Cela veut plutôt dire qu'il y a rarement une seule facette factorielle ou une seule cause lorsqu'il s'agit de rendre compte de la complexité.

Cela étant dit je vais, sans insistance ni dogmatisme, insister, en ce lendemain d'élection, sur un facteur. Dès le déclenchement des fatidiques élections, le chef libéral, Michael Ignatieff, s'est peinturé dans le coin en annonçant, de manière tonitruante et incontestable, qu'aucune main ne serait tendue en direction des partis d'opposition, en direction du NPD, parti proche du Parti libéral à de nombreux égards. De plus, je pense savoir qu'Ignatieff n'est pas un très grand intellectuel et que la droite, très souvent, lui sourit. Mais enfin, il a été battu.

Lorsque l'on veut barrer la route à un inquiétant mouvement de droite, on se doit d'ouvrir la porte à des alliances et à des collaborations, sinon à une coalition. Le seul propos du chef libéral, ce fut de dire qu'il voulait le pouvoir sans jeter le moindre coup d'oeil du côté du NPD ou du Bloc (parti « progressiste » à de nombreux égards).

Je me réjouis, de manière ravie, inquiète et tourmentée, de la montée d'un parti de gauche qui, espérons-le, proposera une opposition féconde au Parti harperien, parti de droite, pour ne pas dire de droite extrême.

Ma crainte, c'est que le scrutin uninominal à un tour permette à Harper de développer encore plus ses tendances dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles sont potentiellement tyranniques. Mon autre crainte, c'est que l'inexpérience néo-démocrate paralyse l'opposition en une période au cours de laquelle une vigoureuse opposition sera plus nécessaire que jamais.

Seul le temps, parfois, ouvre de nouvelles portes analytiques lorsqu'il s'agit de saisir la complexité.

Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias, Montréal

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La faute à Jean Charest

Les Québécois ont été frustrés, ces derniers mois, de voir leur gouvernement provincial faire à sa tête (construction, entre autres). Le Bloc en a payé le prix. Pas à cause de l'option souverainiste, mais à cause de la volonté des Québécois d'envoyer un message clair à la classe politique en général. Nous sommes les vrais patrons, nous décidons, nous faisons le "ménage". Si ça continue, je ne serais pas surpris de voir l'ADQ être très, très fort à la prochaine élection... Gauche-droite, souverainisme-fédéralisme n'ont pas rapport dans l'équation.

Martin Fafard, Laval

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La confiance des Canadiens?

Dans plusieurs médias, on pouvait lire mardi matin que « M. Harper a réussi à convaincre les Canadiens de lui accorder leur pleine confiance ». Pourtant, la réalité est que 60 % des électeurs du pays (la véritable majorité) ont voté contre le Parti conservateur. C'est le grand défaut de notre système parlementaire. Le premier ministre désigné est celui qui a fait élire le plus de députés. À quand un système électoral qui assure une représentation proportionnelle aux véritables résultats du suffrage. C'est certainement compliqué à mettre en place, mais ça éviterait de laisser croire à des dirigeants de droite qu'ils sont mandatés par la majorité de la population pour mettre en place leurs politiques rétrogrades.

Jean Hamel, Longueuil

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Vous allez y goûter

Avec un minimum de quatre ans de majorité conservatrice, les Canadiens vont goûter amèrement au style Harper. Fini la réhabilitation en matière criminelle. On va construire des universités du crime pour s'assurer de produire assez de diplômés pour garnir les mafias du pays. Deuxième effet pervers : ils vont casser les reins de l'opposition. Seul le parti au pouvoir pourra encaisser des contributions à la tonne, tout en distribuant ses bonbons et en multipliant les pions conservateurs dans tous les postes stratégiques y compris au Sénat et dans les tribunaux. Vous pensiez que ce gouvernement a bien géré le Canada? Erreur : les conservateurs ont hérité d'un beau pays et d'un beau système. Maintenant, c'est le capitalisme sauvage qui aura la cote. Comme aux États-Unis, on va augmenter le revenu moyen : plus de milliardaires avec plus de pauvres qui crèveront de faim. Des scandales des commandites, vous n'en verrez plus. C'est sûr, puisque l'opacité du gouvernement fera qu'on ne verra plus rien du tout. On va aider beaucoup l'économie américaine : plus d'armes à feu, plus de dépenses militaires, plus d'ouverture pour venir exploiter les Canadiens. Oubliez la culture, les organismes de défenses des citoyens et même les institutions démocratiques indépendantes. Tout ça est une nuisance pour une gouvernance qui s'inspire des régimes dictatoriaux.

Je préférerais me tromper sur ces sombres prévisions. Mais j'ai trop suivi de près la politique fédérale des dernières années pour avoir le moindre espoir d'éviter une grave détérioration de notre société.

Jeannot Vachon, Québec

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Sortie ou continuité

La campagne électorale fédérale 2011 en aura été une essentiellement de chefs. Plus loin sur le terrain, les candidats jouaient un rôle effacé derrière leur enseigne respective. J'oserais avancer que la grande vedette, lors du dépouillement du scrutin, fut : la surprise. Chez les chefs, Duceppe et Ignatieff, deux grands perdants, n'avaient pas de discours porteurs, ont été expulsés du jeu et le seront bientôt de leur parti. Mais les plus gros trophées de chasse dans la région demeurent : Josée Verner dans son bastion, le pas très indépendant André Arthur et la vétérane Christiane Gagnon. Ils auront le temps de constater les dégâts et de se recycler. M. Arthur, pour sa part, aura dorénavant le privilège de faire de très longs voyages en autocar. Les finalités d'une élection dirigent toujours les politiciens vers la sortie ou la continuité. Le Bloc québécois s'est noyé devant la vague orange. Des forteresses, soi-disant inébranlables, ont croulé comme un château de cartes devant un NPD sans ressources financières véritables. Devant un tel bilan, le pire n'est-il pas ce que l'on ne prévient pas?

Michel Beaumont, Québec

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Enfin, un gouvernement majoritaire

Je ne suis aucunement surpris du résultat des élections fédérales et d'ailleurs je m'en réjouis. Enfin, nous avons un gouvernement majoritaire au Canada et il était à peu près temps après le nombre d'élections que nous avons connues durant les dernières années. Les Canadiens ont montré clairement aux partis d'oppositions qu'on ne peut jouer à "je suis le plus fort" éternellement.

Les menaces du parti libéral et du bloc Québécois ainsi que leur arrogance n'auront fait que les conduire à leur déchéance. Les Québécois ont montré la porte à Messieurs Ignatieff et Duceppe qui pensaient détenir le pouvoir de dire quoi faire au gouvernement conservateur et qui ont mené le pays à une nouvelle élection que bien des Canadiens et des Québécois ont sans doute considéré comme en étant une de trop. Fini le chantage et les menaces, nous aurons enfin un gouvernement capable de gouverner sans marcher sur des oeufs.

Je me réjouis particulièrement des résultats obtenus par M. Layton et le NPD. M. Layton a mené une campagne positive, propre et sans attaques personnelles de ses adversaires. Une campagne sans arrogance ni salissage. Une campagne rafraîchissante en comparaison des campagnes de ses adversaires avec toujours les mêmes promesses et les mêmes ritournelles qu'ils nous servent de campagne en campagne. J'espère que les partis perdants en retiendront une leçon pour les futures campagnes!

En direct de la Chine, un citoyen de Repentigny,

Ghislain Royer

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Notre différence

L'Ontario élit le gouvernement, le Québec élit l'opposition. Il y a déjà comme un genre de « Québec libre », là-dedans...

André Cyr, Laval

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Était-ce désiré?

Cher Québec,  J'espère que tu as eu ce que tu voulais. J'espère que ton vote orange désirait vraiment la disparition d'une représentation officielle des droits du Québec au niveau fédéral. J'espère que tu souhaitais la démission d'un de tes chefs, d'un défenseur de tes droits. J'espère que tu as mesuré la portée de ton vote et que tu ne t'es pas laissé influencé par une vague annoncée à grande force par les médias, qui rapportent des statistiques et qui ont un impact sur l'inconscient collectif. J'ai un mauvais souvenir d'un débat politique au niveau provincial impliquant Charest et Landry. Les journaux, le lendemain, titraient que Charest avait gagné le débat, alors que ce qu'il avait fait, c'était de crier et d'empêcher Landry de s'expliquer calmement. Comme si un débat politique était un combat de boxe et qu'aujourd'hui, il n'y avait plus de place pour les gens posés. Durant la campagne que nous venons de traverser, les médias ont fait une grande histoire du courant favorable pour le NPD au Québec. J'espère que toute cette histoire ne t'a pas distrait au point de te faire oublier tes propres intérêts. J'espère, cher Québec, que tu as eu du plaisir à voir les drapeaux canadiens se faire aller durant le discours de remerciement de Jack Layton, à Toronto. J'espère que tout ça était désiré et réfléchi. Sinon, j'ai honte.

Martin Bellemare

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Assumons nos choix

Au cours des prochains jours, les experts vont décortiquer les résultats de l'élection et on aura droit à toutes sortes d'explications au sujet de la déconfiture du Bloc québécois et de la montée spectaculaire du NPD. Je ne peux parler au nom de tous les indépendantistes, mais j'aimerais expliquer le cheminement qui m'a amené à voter pour le NPD pour la première fois de ma vie.

Dans mon cas, je pense que le tournant a eu lieu lors du débat des chefs en anglais et ce, dès le début de l'émission. Quand j'ai entendu Gilles Duceppe ne parler que des besoins du Québec dans une émission destinée à tous les Canadiens, j'ai ressenti comme un malaise, comme l'impression d'être une victime qui réclame plus que ce que l'on veut bien lui offrir. Par définition, un indépendantiste est quelqu'un qui a une certaine fierté et il vient un temps où le rôle d'éternel quémandeur dans une situation de cul-de-sac qui fait qu'on ne peut jamais participer aux décisions et au pouvoir ne nous satisfait plus. Ce qui arrive maintenant est une suite logique des choses. Depuis quelque temps, on parle beaucoup des valeurs québécoises et l'on ne se reconnaît pas beaucoup dans le gouvernement de monsieur Harper. Mais voilà, il aurait fallu aller au bout de notre raisonnement. À deux occasions, en 1980 et en 1995  nous avons eu l'occasion de décider si nous voulions comme nation nous prendre en main et justement faire vivre ces valeurs, mais les deux fois on a choisi démocratiquement de demeurer un peuple minoritaire, donc un peuple qui laisse la majorité décider pour lui. C'est ce qui arrive aujourd'hui dans toute sa splendeur, avec un parti conservateur majoritaire, sans la participation du Québec. Il faut assumer ses choix et vivre avec ses décisions. Si cette situation vous inquiète, laissez-moi vous dire que vous n'avez rien vu encore car le pourcentage de Québécois et de francophones diminue constamment au Canada. M. Duceppe et son équipe peuvent se retirer la tête haute, car ils ont fait du bon boulot pendant toutes ces années. Mais nous sommes rendus ailleurs, peut-être que la situation actuelle, loin de nuire au projet indépendantiste, favorisera la venue des fameuses conditions gagnantes, un peu comme les années soixante ont permis l'éclosion d'un mouvement indépendantiste . De toute façon, si la souveraineté doit se faire un jour ce sera à partir du Québec et non d'Ottawa.

Pierre Lazure

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Nous n'en voulions pas d'élections

Monsieur Duceppe n'a pas compris ce message. Monsieur Ignatieff n'a pas compris ce message. Messieurs Duceppe et Ignatieff ont insisté pour avoir des élections et gaspiller 300 millions. Monsieur Harper, qui est un bon gestionnaire de l'argent des Canadiens et du Québec, a reçu sa réponse des Canadiens. S'il-vous-plaît, Monsieur Harper, continuez à administrer le Canada avec une majorité.

Gaëtane Borduas-Martin, gestionnaire

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Jean Chrétien a tué le Parti libéral du Canada

Sciemment, violemment, et avec délectation. Le processus de destruction a commencé avec son acte d'« affranchissement » spectaculaire à l'encontre de son géniteur politique, Pierre-Elliott Trudeau, à l'occasion de l'accord du Lac Meech. Cependant, en prenant position en faveur de ce compromis constitutionnel alors que son ancien maître s'y opposait farouchement, Jean Chrétien n'avait même pas le mérite d'agir sur le plan des idées ou des principes - des notions totalement inexistantes, voire incompréhensibles pour lui - . Plutôt, il affirmait la préséance de l'opportunisme, du cynisme et du pragmatisme crasse - des notions dans lesquelles il excellait -, sur toute autre considération, en politique. Arrivant au pouvoir par cette voie, il a par la suite tout fait pour anéantir toute succession méritoire ou sérieuse à son règne. C'est Paul Martin qui a fait les frais de cette politique de l'« après-moi le déluge ». Celui qui avait pourtant été l'une des principales causes du maintien de Jean Chrétien au pouvoir a été écrasé, écrabouillé par ce dernier, jusqu'au bout. Et lorsque Jean Chrétien s'est enfin esquivé, il a laissé Paul Martin dans un champ de ruines au PLC. Avec, en prime, l'héritage du scandale des commandites. Jean Chrétien est parti seulement lorsqu'il s'est assuré que Paul Martin, le seul successeur qualifié et compétent pour prendre la tête du PLC, n'avait plus l'ombre du début d'une chance d'avoir un avenir politique. Et tant pis pour le parti ! Pour lui, il n'y a que le vulgaire combat de rue, avec tous les coups bas possibles. À la lumière de tout cela, lorsque, vers la fin de la campagne électorale, on a vu soudain surgir Jean Chrétien, pour qu'il fasse son numéro habituel de comique à côté de Michael Ignatieff, c'était comme assister en direct à la mise à mort finale de celui-ci. À se demander qui sont ceux qui auront eu cette brillante idée... Probablement ces libéraux qui hantent les ruines du PLC depuis le départ de Jean Chrétien, et dont certains viendront demain briguer la direction suprême du parti. Ce qui n'aura rien d'étonnant, puisqu'à part quelques exceptions - des personnes rares et impuissantes -, les libéraux en vue d'aujourd'hui constituent la seule progéniture politique de Jean Chrétien, au sein d'un PLC vidé de sens, d'âme et de substance. Des opportunistes, des cyniques, des médiocres et des ratés. Des gens qui, en somme, n'ont rien d'autre à faire, nulle part autre où aller. Les autres ont passé à autre chose depuis longtemps .

Travis Bickle