Selon la Société Saint-Jean-Baptiste, il y a suffisamment de jeunes bilingues au Québec pour répondre à la demande du marché du travail. Il n'y a donc pas lieu, estime la SSJB, d'obliger les élèves à consacrer la moitié de leur 6e année à l'apprentissage intensif de l'anglais, particulièrement à Montréal. Qu'en pensez-vous? Une immersion obligatoire en 6e année va-t-elle précipiter l'anglicisation du Québec, comme le croit la SSJB?

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Une infirmité

Ne parler que le francais, c'est accepter d'être infirme.

Roger Pino

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Pour ne pas être dépassés

La Société Saint-Jean-Baptiste est dépassée, elle retarde. Affirmer qu'il y a assez de jeunes bilingues au Québec, c'est confirmer que cette organisation de faux patriotes n'a plus sa place chez nous, en 2011. Il est temps qu'on ferme cette boutique qui ne sert plus à rien depuis belle lurette. De nos jours, alors que les frontières économiques éclatent, que le monde est à portée de main, que les moyens de communication rendent tous les coins de notre planète de plus en plus accessibles, il faut absolument que tous les Québécois soient en mesure d'utiliser l'anglais, cette langue, qu'on le veuille ou non, devenue l'outil unique et privilégié du commerce, de l'économie et des communications internationales. Prétendre qu'il y a assez de gens bilingues au Québec c'est carrément se tirer dans le pied. Si le français se sent menacé par cet appel à l'apprentissage de l'anglais, il y a quelque chose qui me dit que déjà notre langue et notre culture françaises en Amérique sont engagées sur la voie de l'extinction. Les francophones québécois doivent être suffisamment sûrs d'eux et de leur culture pour résister à l'assimilation. Les Chinois ont appris l'anglais et ils mèneront bientôt le monde. Pourtant, aux dernières nouvelles, ils sont toujours Chinois.

Pierre April, Newport

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Dès la maternelle

Connaître les deux langues officielles est une nécessité, - non seulement au Québec - un jeune enfant peut facilement comprendre la langue de ses parents, lorsque ceux-ci sont d'origine ethnique différente, car ils sont perméables à tout ce qui leur est inconnu, surtout si on les implique.  Pourquoi pas, dès la maternelle instituer l'Heure anglaise.  On fait voir aux petits des bandes dessinées originales comme « Snoopy », on leur fait écouter également des chansonnettes comme « Mary has a little lamb ». Bien sûr, on répète plusieurs fois.  On demande ensuite de mimer, de jouer des rôles parlés, de chanter en anglais.  Je suis une ex-enseignante, et je sais combien les enfants sont valorisés lorsqu'on leur donne la chance de s'exprimer, surtout, lorsqu'ils accomplissent une performance inattendue et amusante. On doit apprendre à aimer une langue;  il sera toujours temps plus tard de parler d'immersion.

Thérèse Leclerc, Montréal

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Un départ

Une langue fonctionnelle restreinte tout au plus. Au terme de quelques mois d'anglais intensif dans le cadre scolaire, je m'interroge les résultats obtenus. Chaque fois que j'entends l'affirmation «parfaitement bilingue», je sursaute. Quand est-on parfaitement bilingue et comment cela se traduit-il? Est-ce au moment où, comme émetteur ou récepteur, je livre un message organisé par sa fluidité, l'exactitude du vocabulaire utilisé et guidé par un réflexe instinctif et spontané. Il faudra beaucoup pratiquer à l'extérieur de l'école : à la maison, dans la rue et même dans nos rêves. Dans ce contexte, quel sera le niveau de la langue utilisée? Populaire, correct ou littéraire? Cet apprentissage de la langue seconde permettra-t-il d'aborder des sujets plus larges en menant une conversation qui ne souffrira pas du blocage d'un manque de moyens d'expression? «Parfaitement bilingue» avec un bémol. On peut fort bien maîtriser une langue dans un cadre contextuel, sans pour autant se proclamer bilingue. Je me rappelle avoir répondu en latin à un examen final de philosophie. Notre volume de référence était écrit en latin. Est-ce que ces quatre hommes d'État sont bilingues, selon vous? Stephen Harper, Jack Layton, Michael Ignatieff et Gilles Duceppe? Une session intensive en sixième année pour apprendre l'anglais permettra tout au plus de bidouiller quand le champ de la connaissance s'élargira. Ce peut être un départ vers une continuité.

Yves Deslauriers, Prévost

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Trop d'anglais exigé à l'embauche

Près de chez moi dans le Mile-End, à une quincaillerie de l'avenue du Parc, un caissier abordait systématiquement en anglais tous les clients ayant vaguement l'air immigrant. Une femme qui me précédait dans la queue le lui a reproché. Le jeune homme s'est virulemment défendu, affirmant notamment qu'il n'aurait pas décroché cet emploi de caissier s'il n'avait pas été bilingue. Tout le problème est là, jusque chez les petits salariés. Qu'on ne vienne pas me dire que c'est la mondialisation qui contraint les grandes chaînes au Québec de n'embaucher que des caissiers bilingues. Et de toute évidence, la réciproque n'existe pas dans les grandes villes des autres provinces canadiennes. C'est sur ces exigences indues que l'État devrait se pencher plutôt que de multiplier les heures d'enseignement de l'anglais au détriment des autres matières.

Christian Gagnon, Montréal

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Oui à l'immersion

Il me paraît aberrant d'interrompre la formation en sixième année au nom d'une sorte de bilinguisme institutionnel. Sans compter qu'un vrai bilinguisme pour nos petits-enfants pourrait se révéler être le français/mandarin, ou le français/espagnol. Une grosse moitié du Québec d'ailleurs n'est pas équipée pédagogiquement pour inculquer un anglais valable aux enfants. Pour les enfants actuels, pourquoi ne pas développer plutôt de vastes programmes d'échanges d'été avec des familles des États-Unis par exemple, ou avec des pays du Commonwealth? L'immersion totale est plus formatrice probablement que la sixième année coupée en deux. Et les enfants, de part et d'autre, en profiteraient pour élargir leurs horizons dans ce monde globalisé. Ce programme d'échange ne serait probablement pas plus coûteux - et certainement moins compliqué que celui offert par le premier ministre.

Réal Pelletier

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Les anglophones et les allophones d'abord

Lorsque tous les immigrants et les anglophones du Québec feront quelques années d'immersion en français, on pourra envisager une sixième année d'immersion pour les francophones du Québec. Cela me semble évident?

Vital Arsenault

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Arrêtons!

Arrêtons de déchirer nos chemises sur l'apprentissage intensif de l'anglais, le salut du français au Québec, passe par l'argent, pas par la peur de l'anglais. Quand la langue française sera rendue nécessaire pour gagner sa vie au Québec, nous n'aurons plus tellement à forcer nos immigrants à apprendre le français et à choisir notre réseau d'écoles francophones. Il faudrait juste que notre gouvernement provincial étende la loi 101 sur la langue de travail, aux entreprises de 10 à 49 employés, le reste viendra par surcroît. Les Québécois francophones auraient, quand même, avantage à apprendre l'anglais correctement afin de mieux jouir de l'existence comme de communiquer avec 98 % des citoyens du Canada et des États-Unis, pouvoir comprendre ce qui se dit sur 98% des postes de télé et de radio qu'il reçoit, mieux voyager, etc.

Gilles Bousquet, Saint-Hyacinthe

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Pas assez de plurilingues!

Une autre ineptie énoncée par la Société Saint-Jean-Baptiste! Que cette société se calme. L'anglais a une longue réputation d'être mal enseigné dans les écoles du Québec. Ce ne sont pas celles-ci qui rendent les Québécois bilingues! Et ce ne sera pas plus le cas avec une demi-année d'apprentissage intensif de l'anglais! En conclusion, que les jeunes et moins jeunes Québécois apprennent le plus de langues possible. C'est un grand atout et une grande richesse personnelle. Et la nation sera plus forte, messieurs, mesdames de la Société!

Michel Lebel

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Assez bilingues?

Dire que les jeunes Québécois sont «assez bilingues» est-ce que c'est comme dire que le Québec est assez développé et que nous pouvons cesser de progresser (ce que nous sommes d'ailleurs en train de faire grâce aux différents groupes de pression)? L'aveuglement de certains radicaux est inquiétant.

Claude Légaré

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Une richesse

Il ne faut pas voir l'apprentissage de l'anglais uniquement comme un avantage pour le marché du travail. Nous sommes sur un continent majoritairement anglophone. Alors, allons-nous mettre une barrière linguistique, par crainte d'être assimilés et de rester dans une certaine ignorance pour mieux contrôler. Notre jeunesse doit se donner les chances sur le monde en améliorant ses connaissances d'autres langues. La connaissance d'une ou de plusieurs langes est un atout et une richesse personnelle.

Robert Groulx

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Le rendez-vous manqué

Nous avons manqué, linguistiquement, un grand rendez-vous historique. J'ai toujours pensé que les Québécois auraient dû, dès les années 60 ou 70, devenir, pour grand nombre d'entre eux des bilingues fonctionnels et efficaces, sinon de parfaits bilingues. Quand le PQ a pris le pouvoir en 1976, j'ai candidement pensé que le gouvernement souverainiste, dirigé par un chef ouvert sur le monde et sur les autres langues, prendrait toutes les mesures requises pour améliorer significativement la qualité de la langue maternelle, pour instaurer, au sein du système scolaire, un enseignement méticuleux et systématique de la langue française et de l'histoire du Québec (tout en sachant que diverses idéologies s'entrechoqueraient). Mais les souverainistes de l'époque (et leurs successeurs), sauf exceptions, ne cessaient de hurler Québec français, en pensant plus à l'aspect quantitatif qu'à l'aspect qualitatif. Insister sur la qualité de la langue était souvent considéré comme snobinard, voire « anti-langue-québécoise » (anti-tabarnacos). J'ai aussi pensé, toujours avec la même candeur, que nous, les Québécois, nous profiterions de notre position géographique privilégiée, au confluent de deux langues majeures, et de « l'excellente » connaissance de notre langue maternelle pour devenir bilingues, trilingues, voire multilingues (de nombreux pays de langue espagnole sont situés en Amérique). Aujourd'hui je pense, avec une certaine amertume, que nous, les Québécois, nous avons manqué un grand rendez-vous avec l'histoire. Nous ne sommes pas devenus ce que nous aurions pu et dû devenir. J'espère donc que les jeunes vont devenir bilingues ,en basant ce bilinguisme sur une bonne connaissance qualitative de la langue maternelle. Mais enfin! Qui vivra verra!

Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias

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Tenir un peuple dans l'ignorance

Je ne comprendrai jamais l'étroitesse d'esprit des gens qui osent dire qu'il y a assez de bilingues au Québec. Tous les Québécois devraient inévitablement parler et écrire adéquatement l'anglais pour la simple et évidente raison que nous sommes entourés d'anglophones. Dans une vie de travailleur normale en 2011 un Québécois changera cinq fois d'orientation de carrière. Sans anglais courant, il sera outrageusement limité et on se plaindra du manque de visibilité ou de développement du peuple Québécois. Plus ton peuple est instruit, plus ton peuple se développe et avance. Dire qu'il y a assez de bilingues au Québec c'est comme revenir sous le règne de Duplessis et volontairement tenir le peuple Québécois dans l'ignorance pour mieux le contrôler.

Daniel Alarie

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Quelle idée ridicule!

Ce type de mesure n'a jamais servi d'autres fins que celles de la démagogie et de l'obscurantisme. C'est en rendant le français plus attrayant aux élèves et à la population en général que l'on donne envie de mieux le connaître et l'utiliser, non pas en bloquant l'accès à l'apprentissage d'autres langues. Apprendre un second idiome - a fortiori l'anglais - est un exercice non seulement excellent pour les capacités cognitives, mais surtout essentiel à la survie dans le monde contemporain. Prétendre le contraire tient du plus pur délire - à moins que la SSJB ne cherche (ce dont je la soupçonne) à enfermer à jamais les Québécois à l'intérieur des frontières de notre petit paradis doré. Si elle veut avoir une action utile sur le monde, que la SSJB s'efforce donc d'améliorer la piètre qualité du français parlé et surtout écrit au Québec. Voilà un service à rendre à la société. Si elle en est incapable, qu'elle se saborde donc, plutôt que de fermer les portes du monde aux jeunes Québécois qui ont l'audace de voir un peu plus loin que le bout de leur nez.

Laura Shine

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Tous les étudiants au Québec devraient être bilingues

Je suis allé à l'école anglaise à partir de la troisième année primaire, grâce à la vision de mon père, qui a vu venir les restrictions des nouvelles lois linguistiques dans les années 60. Je suis aujourd'hui parfaitement bilingue et je peux vous dire que j'ai un salaire bien au-dessus de la moyenne. Toutefois, je garde un profond respect pour la langue française. Après tout, c'est ma langue maternelle. Je m'efforce de l'utiliser le plus souvent possible, et de l'écrire correctement, en utilisant un dictionnaire et un Bescherelle au besoin. Pourquoi leur enlever cet avantage qu'ils ont la chance d'avoir? Si le respect de la langue française leur est inculqué, celle-ci va survivre. Je suis convaincu que les gens qui sont contre ce bilinguisme ne peuvent pas écrire une phrase en français sans faire plusieurs fautes. C'est une question de respect.

François Mailloux, Brossard

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Comme j'aimerais parler couramment l'anglais!

Mon mari et moi voyageons un peu en Europe et, pour se faire comprendre que ce soit au Portugal, en Espagne, en Hongrie, etc., il faut parler anglais. Plusieurs de mes frères et soeurs ne voyagent que dans des pays francophones, car il leur est impossible de communiquer. Sinon, ils doivent prendre un guide qui parle français. Ce qui revient beaucoup plus cher. Et c'est ridicule de dire que nous allons perdre notre français si nous apprenons les deux langues. Mon mari parle couramment le français et l'anglais et c'est un fier défenseur de la langue française et il parle et écrit parfaitement et sans faute. Essayez de vous trouver un emploi si vous êtes unilingue français! Même dans un milieu francophone, souvent, on demande français et anglais parlés et écrits. Nous avons une bru qui est américaine et elle est venue faire une immersion en français pour pouvoir communiquer un peu avec nous dans notre langue.

Cécile Couture