Après la Tunisie et l'Égypte, le régime répressif du colonel Kadhafi vacille à son tour. Croyez-vous que ce mouvement de révolte est irréversible et fera chuter d'autres gouvernements du monde arabe, comme le Bahrein ou le Maroc? La puissante Arabie Saoudite pourrait-elle éventuellement être touchée?







MERCI DE NOUS AVOIR FAIT PARVENIR VOS COMMENTAIRES

La fin de la peur

Personne ne sait à l'avance où un vent va s'arrêter. C'est ainsi pour le vent de liberté qui balaie présentement les pays arabes. Qui sera emporté par ce vent? Peu importe. Une chose est cependant sûre, les choses ne seront jamais comme avant, car le peuple ne semble plus avoir peur des tyrans. Et la peur est le fondement de leur régime. La liberté finit toujours par vaincre la peur.

Michel Lebel

* * *

Un autre tournant du monde

Entre février et mars, un ordre ancien s'effrite, perd de la vitesse et abdique face à de nouveaux modèles de gouvernance. Forcés ou de plein gré, les souverains se retirent ou accèdent aux demandes de réformes. Géographiquement circonscrite, la révolution fait clairement apparaître sa principale victime : L'Autriche. Le printemps des peuples de 1848 fut une véritable onde de choc. De Paris à Vienne, de Prague à Berlin, en passant par Milan et Venise, la crise révolutionnaire déstabilise l'ordre établi. Dans de nombreuses régions d'Europe, les peuples se soulèvent contre ses monarques et réclament la liberté au nom d'un idéal républicain. La ressemblance avec ce que nous voyons aujourd'hui est frappante. Certes, les revendications et le contexte ne sont pas les mêmes, mais le désir du peuple pour l'auto-détermination est le même. Que l'on y voie un indice d'un enracinement démocratique est tout à fait cohérent. Comment la situation va-t-elle évoluer? Le printemps des peuples nous enseigne que rien n'est linéaire, mais que la démocratie finit un jour par s'établir. Personne à Vienne en 1848 ne croyait possible un tel régime politique. Qu'en est-il aujourd'hui?   Il est évident que d'autres troubles sont à prévoir. Certains régimes resteront au pouvoir, d'autres le partageront, alors que certains disparaîtront. Certains mouvements populaires survivront, d'autres seront récupérés ou manipulés, alors que certains seront réprimés. Il n'en demeure pas moins que plus rien ne sera jamais pareil, puisque la population du monde arabe a semé une graine que, espérons-le, l'Histoire décriera un jour comme un point tournant du monde.

Renaud Laroche

* * *

La soif de vivre

Ce n'est pas un vent de liberté, mais la soif de travailler, de vivre dignement, la faim et le désespoir de l'Afrique tout entière, qui poussent ces gens à se révolter. C'est la révolte des deux tiers de l'humanité qui commence face aux biens nantis et gaspilleurs de l"autre partie.

Claude Rosière

* * *

Nous connaîtrons cela un jour

En Occident, nous avons l'impression de choisir les meilleurs représentants du peuple tous les quatre ou cinq ans, mais nous nous leurrons. Nous vivons en fait dans de similis démocraties. Ce sont les grands capitalistes qui détiennent en réalité le pouvoir, en se serrant les coudes internationalement et en manipulant les politiciens comme des marionnettes. Mais cela ne durera pas. Les révoltes qui secouent en ce moment l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, nous en vivrons de pareilles dans quelques années. Oui, quand la planète sera à bout de souffle, les dirigeants de pays dits libres, ceux qui polluent le plus et qui ne font pas le dixième de ce qu'ils devraient faire au chapitre de l'environnement, subiront le même sort que Ben Ali et Moubarak. Il en ira de même des dirigeants qui s'opposent viscéralement à la rénovation du capitalisme, en particulier aux États-Unis, où de richissimes groupes de pression montent la garde. Quand une énième crise économique mondiale surviendra, plus dure que la précédente, les peuples s'attaqueront aux responsables et rejetteront le système obsolète. S'il est possible aujourd'hui de renverser les Kadhafi, il sera possible demain de renverser les Sarkozy. Le XXIe siècle en sera un crucial pour la suite du monde.

Sylvio Le Blanc, Montréal