La dépression frappe les enfants de plus en plus jeunes, elle frappe de plus en plus fort et en plus grand nombre. Souvent avant que les enfants n'atteignent le secondaire. «Jamais, de toute ma vie, je n'ai vu autant d'enfants malheureux que depuis 10 ans», raconte une enseignante. Avez-vous constaté ce phénomène dans votre entourage? À quoi attribuez-vous cette détresse? Famille éclatée, parents trop peu présents, intimidation à l'école, trop de temps à l'ordinateur?

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Des parents trop absents

Les enfants sont placés en garderie dès leur plus jeune âge, ils passent plus de temps avec les techniciennes en service de garde qu'avec leurs parents. Impossible pour eux d'apprécier le noyau familial, trop souvent éclaté. Les parents n'ont pas le temps de pratiquer des activités avec eux, ils les inscrivent dans des colonies de vacances et des activités sportives dans lesquelles ils ne s'impliquent pas. Les jeunes sont abrutis par toutes sortes de jeux (Nintendo, Wii, etc.), ainsi ils ne dérangent pas. L'ordinateur devient le compagnon quotidien et la télé leur principale ressource sans contrôle... et quand les parents se prennent des vacances, ils partent en voyage dans un tout inclus et laissent leur progéniture à la maison ou encore en service de garde. Où puiser la motivation de vivre quand on est considéré comme un bibelot; aimer un enfant, c'est prendre le temps de le rendre autonome et lui donner le formation et la discipline nécessaire à son évolution personnelle pour qu'il puisse fonctionner dans la société. C'est lui consacrer du temps pour lui montrer qu'il est important à nos yeux, cher à notre coeur. Par expérience, pour avoir enseigné de nombreuses années, je peux vous affirmer que les jeunes souffrent plus de l'absence de leurs parents dans leur vie, les parent leur servent de phare mais ils sont trop absents ou même trop permissifs pour avoir la paix, ce que les jeunes interprètent comme de l'indifférence... Quelle est la place d'un enfant, d'un jeune dans la famille, dans la société? Il faut les aimer et leur prouver par mille petites attentions, tous les jours, année après année, et toute la vie. La dépression ne se corrige pas avec du Ritalin, c'est le signe d'un désespoir face à une situation intolérable qui perdure depuis trop longtemps.

F. Vézina, Chicoutimi

Une solitude inquiétante

Parmi les causes majeures de la détresse des jeunes, je crois que la qualité du milieu familial vient en premier lieu. Le milieu scolaire, avec ses rejets et ses impitoyables fragmentations en est aussi une cause majeure.  Les accès plus que faciles des jeunes à la télévision et l'internet, où des situations d'exclusions et de violence leur sont souvent proposées,  les propulsent dans une solitude inquiétante.  Notre société individualiste où la concurrence est sans pitié, où celui qui ne sait pas se battre est rejeté comme déchet, prépare les chemins du désespoir. Tout cela étant dit, chaque destin humain est unique et mystérieux. Il porte aussi en lui la marque et l'empreinte des lointains antécédents familiaux inscrits dans l'hérédité physique et psychologique.  Ce monde pressé et bousculé n'est pas suffisamment attentif aux fragiles appels de ses enfants blessés.

Jacques Léger, Montréal