Dans son rapport qu'il rendra public mercredi, le juge Michel Bastarache rejette les prétentions de l'ancien ministre Marc Bellemare à l'effet qu'il avait fait l'objet de «pressions colossales» ou indues dans le choix des juges. Êtes-vous d'accord avec cette conclusion?

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Derrière des apparences de match nul...

Derrière des apparences de match nul et les 6 millions de dollars investis dans ce que plusieurs ont considéré comme un duel fratricide entre Jean Charest et Marc Bellemare, la démarche présidée par le juge Bastarache n'aura peut-être pas été aussi vaine qu'on pourrait le croire. Bien que le mandat même de la commission ne pouvait mener à d'autres conclusions que celle à laquelle parvient le commissaire puisque c'est sur l'expression « pressions indues » que celui-ci devait trancher, le verdict de Salomon qu'il vient de nous servir a le mérite de nous éviter une argumentation à n'en plus finir entre les protagonistes. Au terme de l'exercice cependant, c'est sur le plan de la crédibilité des acteurs en présence que Jean Charest risque d'être le grand perdant. D'une part, son empressement à mettre sur pied la commission Bastarache est apparu à d'aucuns comme une mesure de diversion pour détourner l'attention face aux révélations troublantes sur les pratiques douteuses qui prévalent dans l'industrie de la construction. Le double langage de M. Charest sur à la pertinence de mettre sur pied des commissions d'enquête n'aura convaincu personne et aura servi à alimenter le sentiment de vendetta que le premier ministre entretient à l'égard de son ancien ministre.  D'autre part, les démentis et témoignages contradictoires de Jean Charest et de Marc Bellemare, de leurs conseillers et avocats ainsi que des collecteurs de fonds et amis du Parti libéral ne permettront jamais de savoir « Qui disait vrai? » ou « Qui était le plus menteur? ». L'intégrité personnelle de M. Charest aura toutefois été mise à rude épreuve quand celui-ci a affirmé « être très à l'aise » avec le processus actuel et « avoir pleine confiance » en l'intégrité des personnes qui, visiblement, ont joué d'influence dans le processus de nomination des juges. Avec son manque de nuance et à vouloir en mettre plein la vue, le premier ministre aura lui-même fait la preuve qu'on peut difficilement lui faire confiance. Entre les crédibilités écorchées de deux protagonistes, c'est sans doute Jean Charest qui aura le plus perdu dans l'échange, Marc Bellemare s'étant avéré un communicateur redoutable malgré certains doutes qu'on est en mesure d'entretenir sur ses révélations et ses intentions profondes.  Enfin, les représentants de la classe juridique nous auront servi une démonstration sans équivoque de leur savoir-faire en matière d'obstruction et d'intimidation verbale et le spectacle qu'ils nous ont offert n'est pas de nature à rassurer la population dans la capacité de notre système de justice à faire émerger la vérité en faisant fi des intérêts partisans des groupes en présence.  Si les recommandations du juge Bastarache permettent de rendre plus impartial le choix des juges comme c'est le cas en Angleterre, les 6 millions investis dans les travaux de la commission auront au moins servi à renforcer notre processus démocratique... un prix qui n'est peut-être pas trop élevé pour rehausser le niveau de confiance des citoyens envers leurs élus et leurs institutions et mettre fin à l'influence confirmée sinon « indue » des bailleurs de fonds et des amis du parti au pouvoir.  Quant à savoir qui, de Jean Charest ou de Marc Bellemare, sortira vainqueur de cet affrontement dans l'opinion publique, les amateurs de sensations fortes devront attendre l'issue de la prochaine ronde de poursuites personnelles que se sont intentées chacun des belligérants. À quand maintenant une commission d'enquête sur l'industrie de la construction?

Jean-Paul Plante, La Malbaie

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Il a fait de son mieux

Marc Bellemare a assurément très bien fait son travail de ministre de la Justice en 2003. Les pressions qui venaient de toutes parts ont dû être extrêmement difficiles à gérer. En bon employé à l'époque, Marc Bellemare, a appliqué les demandes formulées et approuvées par Jean Charest. Ce que je retiens de toute cette histoire est que Marc Bellemare n'a fait que défendre sa réputation face aux attaques de Jean Charest et de ses amis libéraux. Je lève mon chapeau à Marc Bellemare qui a toujours respecté le public dans les travaux de la commission. Les informations dévoilées resteront à jamais gravées dans la mémoire des Québécois, encore une fois Marc Bellemare a dû ressentir une pression énorme fasse à l'ampleur qu'a pris toute cette histoire, sans oublier la poursuite de 700 000 $ que Jean Charest a entamé contre lui. Le premier ministre aura fait payer la rondelette somme de 6 millions de dollars aux Québécois, uniquement pour redorer son image avec la commission Bastarache. Assurément, la réputation de Jean Charest n'a plus de prix pour les libéraux, tant que ce sont les bons contribuables qui en payent la note.

Hugo Boulet, Saint-Jean Chrysostome

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Jeux de mots

Je ne crois pas que Marc Bellemare a fait l'objet de «pressions colossales», mais plutôt de «pressions évidentes». La commission Bastarache jouera sur les mots, mais n'aura pas qu'il a fait l'objet de pressions, probablement à cause du qualificatif «colossales».

Martin Fafard, Laval

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Pas de pression colossale!

Il n'était pas nécessaire d'être un grand clerc ou un devin pour conclure que Marc Bellemare n'avait pas été l'objet de pression indue ou colossale. L'avocat de Québec m'a toujours paru comme un fabuliste, un mythomane. Cette commission Bastarache n'aurait jamais dû être créé, du moins elle ne méritait certainement pas de l'être. Pourquoi Jean Charest l'a-t-il instaurée? Plusieurs hypothèses ont été émises sur le sujet. Je me contenterai de dire que la création de cette commission témoigne d'un sérieux manque de jugement de la part du premier ministre. Comme également sa poursuite civile contre Marc Bellemare. Un premier ministre me semble avoir des choses plus importantes à faire que de veiller à sa réputation. Il doit gouverner et voir à réformer ce qui doit l'être.

Michel Lebel

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Des pressions normales

La conclusion du Juge Bastarache était on ne peu plus prévisible et est très raisonnable. Faire de la politique, c'est trancher entre plusieurs courants d'idée pour en arriver à une décision qui se veut la plus rassembleuse possible. C'est donc bien évident que des gens vont tenter de persuader les politiciens d'aller dans un sens ou dans l'autre, c'est la nature même de faire de la politique. Donc d'être le sujet de pression est le quotidien normal d'un politicien. La question est de savoir si ces pressions étaient colossales ou indues et rien dans ce sens n'a été démontré durant les différents témoignages de part et d'autre. La caricature qui montrait Me Bellemare ayant trouvé son agenda dans sa boîte de décoration de Noël sous le petit Jésus en disait très long.

Marc Trépanier

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Une commission inutile

Depuis le début, la crédibilité de la Commission Bastarache est entachée, minée. Le juge Bastarache a donné l'impression d'être «un bon diable», mais complètement dépassé par la fonction. Dès le départ, il a donné l'impression, à tort ou à raison, d'avoir un penchant pour Charest et le PLQ... On est loin du juge Gomery. Donc, je pense que, quelles que soient, les conclusions de son rapport, la majorité de la population va donner raison à M. Bellemarre. Surtout dans le contexte actuel, où tout le monde demande une commission d'enquête sur la construction et le financement politique.  Le Québec aura dépensé 6 millions pour accoucher de recommandations qui auraient pu être faites par une Commission parlementaire.

Gilles Jean