Par ses politiques sociales et culturelles, le Québec est perçu comme plus à gauche sur l'échiquier politique que le reste du Canada. Est-ce encore le cas? D'après vous, la province est-elle ou non en train d'effectuer un virage vers la droite?





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Virage... vers la dure réalité

Je me demande sincèrement si le Québec est en train d'effectuer un virage à droite, ou si simplement les Québécois commencent à faire face à la réalité. Le système actuel de notre social-démocratie ne tient plus la route, il est tout simplement malade! Nos vaches sacrées, soit l'éducation et la santé, s'écroulent petit à petit dans un État où nous payons le plus d'impôts et de taxes en Amérique du Nord. Le gouvernement est de plus en plus gros. Ça se voit quand un fonctionnaire de l'État donne une amende à une fermière qui veut donner son fromage gratuit (ce fut le cas pendant le temps des Fêtes) et quand il y a plus de corruption, la dette du Québec fait peur. Il faut ajouter l'immobilisme que représentent les syndicats puissants sur le développement de la compétence. Pour moi, les Québécois ne font pas un virage à droite, mais plutôt un virage face à une réalité où un système comme le nôtre n'entraîne pas l'égalité tant souhaitée, mais plus une maladie chronique qui nous appauvrit.

Charles Martineau

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Une droite économique

Un virage à droite devient de plus en plus comme une nécessité plutôt qu'un choix. La droite est perçue comme le mal, le radicalisme, la folie religieuse. Je suis de droite, mais celle qui est véhiculée par le Réseau Liberté-Québec, une droite économique, une droite qui veut nous sauver de la faillite, une droite qui se veut plus juste envers l'effort personnel. Oui, il faut soutenir les nécessiteux, mais pas à crédit! Un réalisme budgétaire pour une prospérité durable.

Pierre Lacombe

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Une droite qui fait peur

Ma réponse à votre question à deux volets est celle-ci: le Québec est encore plus à gauche que le reste du Canada, et oui, la province se tourne de plus en plus vers la droite. Mais comparer la province au reste du Canada n'est pas représentatif puisque le reste du Canada n'est qu'une version édulcorée du voisin américain. De plus, le Québec n'a jamais été véritablement à gauche, mais au centre. Le virage que le Québec semble vouloir prendre vers la droite me fait peur, je n'ai pas de problème à l'avouer. J'ai peur de ces personnes qui profitent d'une population qui est affaiblie par la crise économique qu'elle vient de voir passer et ces démagogues lancent la pierre dans la mauvaise direction: vers l'État. L'État québécois n'est certes pas parfait, il existe plein de problèmes, mais je ne crois pas que de se tourner vers la droite, vers la suprématie de la richesse au détriment de l'humain, est la solution.

Jean-François Sasseville

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À gauche

Politiquement, le Québec est loin d'être à droite. Au contraire. Les gouvernements, tant libéraux que péquistes, ont gouverné à gauche depuis des lunes. Lorsque le gouvernement présent décidera de gérer ne serait-ce que la moitié de ce que l'Alberta fait présentement, on pourra commencer à parler de droite. Pas avant.

Serge Desrochers

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On va frapper un mur

En premier lieu, je dois dire que j'ai 21 ans et que je fais partie de ceux qui seront les décideurs de demain. Cela est bien entendu tout en étant dans quelques années une partie active du marché du travail tout en devenant alors un contribuable actif, si cela n'est pas déjà le cas pour certaines personnes. Le fait d'avoir un État qui est incapable de vivre selon ses moyens m'inquiète au plus haut point. Je dois dire que je ne suis sûrement pas le seul de ma génération qui pense cela. Par rapport au débat «gauche-droite», je dois dire que le problème vient du fait que les gens sont complètement mêlés. Honnêtement, c'est dire qu'une certaine partie de la population a été hypnotisée à vouloir s'attendre à n'importe quoi de l'État-Providence dans une logique de dépendance. Et encore, je veux un État moins interventionniste, plus de responsabilités individuelles et un État qui arrête de prendre les gens pour de pauvres abrutis en dépensant des sommes incroyables à gauche et à droite alors que la personne moyenne doit souvent faire des sacrifices importants pour joindre les deux bouts. Honnêtement, je suis encore jeune et je crois que ce sont les gens de ma génération qui vont devoir travailler jusqu'à 75 ans presque partout en occident pour les promesses électoralistes du passé qui ont été faites sur le dos des générations futures pour faire le plein de votes. Lorsqu'on va frapper le mur, cela va être inévitable, peu importe le gouvernement en place. La Grèce peut sembler loin géographiquement au bout du continent européen, mais sa réalité l'est moins d'une juridiction qui n'a pas su vivre selon ses moyens. Par ailleurs, le plus ironique est que lorsqu'on va frapper ce mur de plein fouet, notre classe politique va dire en se lavant les mains qu'elle a fait tous ces programmes supposément pour «notre bien».

Mathieu Vaillancourt, Ottawa

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La droite démonisée

Sincèrement je crois que l'élite syndicale essaie de nous faire croire que la droite prend plus de place alors qu'il en est rien. J'en veux pour preuve la toute récente syndicalisation des travailleuses en garderies familiales privées. Il est triste de constater que la droite n'a même pas encore un vrai droit de parole, car on ne débat pas encore les idées de droite. On la juge, on la démonise, mais on rapporte surtout l'existence d'un phénomène qu'est le Réseau Liberté-Québec sans jamais parler de ses idées et propos et en essayant surtout de le faire taire de crainte que ces propos soient sensés.

Steve Blouin, Laval

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Elle prend sa place

Oui, la droite économique prend lentement sa place au Québec. De plus en plus de gens dans mon entourage croient que moins de gouvernements, soit moins de fonctionnaires, moins d'instances, moins de réglementation, seraient bénéfiques pour le Québec. C'est cette opinion de droite qui se répand actuellement chez les Québécois. Les artistes en général et l'establishment syndical en particulier le perçoivent très bien. Ils réagissent en vilipendant la droite, mélangeant droite morale et droite économique. Les artistes craignent de perdre leurs subventions, et les syndicats leur formule Rand. Ils ont probablement raison, un gouvernement de droite éliminerait presque toutes les subventions aux entreprises et aux artistes et abolirait la formule Rand.

Maurice Beaudet, Saint-Bruno-de-Montarville

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Quelle gauche?

Depuis quelque temps, certains indices (naissance d'un mouvement dit «libertarien» et succès électoraux de l'Action démocratique) font croire à certains observateurs à une résurgence de la droite au Québec. Mais en est-il vraiment ainsi? Je crois pour ma part qu'il n'en est rien, ou si peu. Je m'explique: le Québec n'a jamais été gouverné par la gauche; toutes les époques ont vu se succéder des gouvernements de centre droit (le Parti libéral) ou carrément de droite (l'Union nationale de Maurice Duplessis). Les seules fois où les Québécois se sont retrouvés avec un gouvernement de centre gauche avec le Parti québécois, c'était une «gauche» tellement édulcorée, à la sauce nord-américaine, qu'elle aurait fait rire tous les Européens de gauche comme de droite. Il y avait tellement d'eau dans le vin que c'était davantage de l'eau teintée en rouge clair que l'on faisait boire aux Québécois. À l'instar des Américains et de leur puritanisme à tout crin, l'immense majorité des Québécois n'a aucune idée de ce qu'est la gauche... ou la droite. Dès qu'une personnalité connue fait part d'opinions le moindrement socialisantes, elle est immédiatement étiquetée de gauchiste syndicaleux couchant avec les communistes mangeurs de petits enfants qui n'attendent que l'occasion de sortir la faucille et le marteau pour réduire le bon peuple en esclavage et lui faire réciter son nouvel évangile à la sauce caviar. Aujourd'hui comme jamais, au fédéral avec Stephen Harper comme au provincial avec Jean Charest, la droite conservatrice est au pouvoir avec le type d'agenda et de biais idéologique qui lui sont généralement associés. Au Québec, la droite a les deux mains sur le volant: ce n'est pas moi qui le dis, c'est le premier ministre lui-même! Si c'est le premier ministre qui le dit, c'est que c'est sûrement vrai! Pourtant, depuis quelque temps, un nouveau phénomène a vu le jour. Un phénomène vraiment bizarre. En gros, des gens pour qui le Québec est gouverné d'une manière insidieuse et occulte par les syndicats et les gauchistes d'une soi-disant Clique du Plateau, même si nulle part on ne voit de trace de cette gouvernance. Ces gens se réclament de l'individualisme à outrance, de la marginalisation des organisations ouvrières, de la désignation de la gauche comme bouc émissaire et du «modèle québécois» comme source de tous les maux, de l'atrophie maximale de notre dimension collective comme nation au profit d'un consumérisme tous azimuts. Leur devise pourrait être: «Je, me, moi et chacun-pour-soi». Et tant pis pour le reste. Ce mouvement, dit «libertarien», se qualifie comme étant de droite, mais est-ce vraiment de la droite dont il s'agit? Par ses prises de position et ses raccourcis, il me fait penser bien plus à un épigone de Pierre-Elliott Trudeau surfant sur une overdose. En désirant à terme la réduction de l'État à sa plus simple expression, il rejoint par la voie opposée la position anarchiste de certains groupuscules d'extrême gauche pour qui toute gouvernance est une atteinte à la sacro-sainte liberté de l'individu, considérée comme un bien absolu. Le problème est de savoir de quelles libertés il s'agit vraiment ici. De la liberté pour le citoyen de s'exprimer et d'agir comme bon lui semble ou de la liberté pour les puissants et les nantis d'exploiter et d'opprimer les plus faibles, la liberté de les mépriser et d'ignorer leurs protestations. Car j'ai bien peur que le type de liberté préconisé par les libertariens soit du genre qui est à vendre et qui s'achète au prix fort. De nombreux pays jouissent déjà d'un régime de type libertarien où l'État ne constitue pas une entrave et où la liberté s'achète au jour le jour: je pense entre autres au Guatemala, à la Somalie, au Burkina Faso, au paradisiaque Libéria... la liste est longue. Tous ces paradis libertariens se regroupent sous une même étiquette: le Tiers-Monde...

Jean-Charles Morin

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Dépenser selon nos moyens

Droite, gauche, en haut en bas, je suis d'accord pour un gouvernement qui enfin gère les finances de la même façon que nous: si tu as 100$ en poche, n'en dépense pas 500$! Quand tu n'arrives pas à la fin du mois, tu coupes dans les dépenses... Tu ne demandes pas une augmentation à ton patron! Sommes-nous prêts à avoir de vrais leaders politiques qui vont réduire la taille de l'État? Et tous ces services, subventions, fonction publique que nous n'avons plus les moyens de nous payer? Utilisateur-payeur! Malgré la grogne, on continue à nous rajouter taxes, frais et impôts pour compenser la mauvaise gestion des finances publiques. Il faut que ça change et vite!

Serge Cossette



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Un ras-le-bol

Difficile de le dire. Mais au Québec comme ailleurs, il y a un certain fond de droite, encore faut-il définir ce qu'on entend vraiment par la droite. En fait, il y a surtout un fort sentiment de ras-le-bol de la politique, qui se canalise principalement contre les «vieux» partis et leur chef. Dans pareil contexte, le champ est ouvert pour un chef populaire de droite. Comme lorsque les Québécois ont opté pour Mario Dumont et son parti. Mais je ne vois pas un tel chef à l'horizon. La politique, comme la nature, a cependant horreur du vide...

Michel Lebel



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Ça ne fait pas de différence

À gauche ou à droite, depuis quand les Québécois font-ils une différence? Notre éducation politique et notre culture font de nous des gens qui veulent le beurre et l'assiette au beurre. Le gouvernement au pouvoir et l'opposition sont pareils: ils sont constitués de personnes de toutes allégeances, ce qui d'ailleurs crée les distorsions internes que l'ont connaît. Que vont nous promettre les politiciens pour être élu aux prochaines élections? Quiconque touchera aux institutions en place sera fusillé sur la place publique. La seule façon de s'assurer que le ménage se fera, sera d'élire un gouvernement majoritaire sous de fausses représentations qui donnera le coup de balai nécessaire et que les québécois mettront à la porte après quatre ans. Au Québec, c'est paies-en le moins possible, retire le maximum en en faisant le moins possible. Peut-être que Québec Solidaire est la solution. Et on crache naturellement sur les conservateurs, qui soit dit en passant, ont donné au Québec plus que leur juste part depuis qu'ils sont au pouvoir. En tout cas, qu'ont-ils fait pour qu'on les haïsse tant? Rien qu'à entendre la façon dont les artistes et humoristes les discréditent, et ça les Québécois en sont fiers. Et je ne parle pas de la désinformation journalistique. Peut être que tous ces critiqueux de haute voltige devraient aller en politique faire un essai.

Jacques Fréchette

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Aucun virage à droite

Je ne pense pas que les Québécois tournent vers la droite. Certes, on s'interroge sur le coût des services, le taux des impôts et les augmentations diverses qui s'ajoutent régulièrement, mais cela est très légitime. Je crois que les gens veulent que l'on consolide les acquis actuels, que l'on en assume les coûts et qu'en même temps, l'on freine les dépenses et le développement un certain temps pour s'attaquer à la dette de façon prioritaire.

Gaston Guy