Un an après l'échec de Copenhague, surprise, un accord modeste a été conclu à Cancún. L'entente prévoit une série de mécanismes pour lutter contre le réchauffement climatique, dont un fonds vert destiné aux pays en développement. Selon vous, est-ce un pas dans la bonne direction, en attendant la conférence de Durban l'an prochain?

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Funérailles de la planète ou âge de raison politique?

Les comptes rendus concernant le sommet de Cancún donnent souvent l'impression que l'humanité s'est désintéressée de la crise climatique. Avons-nous vraiment renoncé à notre propre avenir? Ou avons-nous simplement développé une nouvelle maturité politique face à une crise fabriquée? Après avoir dépassé le stade de l'adhésion émotive face au grand projet de «sauver la planète», il serait plus que souhaitable de poser un regard critique sur les propositions politiques et économiques des activistes du climat. Car dans la foulée des sommets de Kyoto et de Copenhague, visant à limiter les émissions de CO2, les écologistes considèrent toujours que la survie planétaire est indissociable d'une décroissance économique globale de l'humanité. Sauf que depuis la crise financière de 2008, l'humanité a effectivement expérimenté les effets néfastes d'une décroissance économique. Il est vrai que cette crise a été provoquée par un certain capitalisme en manque d'éthique et qu'elle n'est pas le résultat de nobles objectifs environnementaux. Mais peu importe, le résultat dans la réalité est plus que révélateur. Les effets d'une décroissance économique sont des fermetures d'entreprises, une augmentation du chômage, des faillites personnelles et de bien d'autres indices de détresse humaine. La qualité de l'environnement s'est-elle améliorée pour autant? Si nous prenons le temps d'analyser les propositions de la pensée politique verte, en regard des questions climatiques, nous y découvrirons même d'étranges orientations néocoloniales. Dans cette perspective, un des principaux rédacteurs des rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le scientifique Michael Oppenheimer, grand adepte de la décroissance, a déjà déclaré: «Le seul espoir pour le monde est de s'assurer qu'il n'y ait pas d'autres États-Unis. Nous devons stopper ces pays du tiers-monde là où ils sont.» Nous sommes tous d'accord pour améliorer l'environnement, mais les projets politiques de décroissance mondiale sont simplement irrecevables. Il est déjà immoral de penser imposer des politiques qui limitent la croissance de l'Afrique ou de l'Inde, mais il est franchement inquiétant d'entrevoir les effets explosifs de cette idéologie qui tenterait de s'imposer à une puissance en développement comme la Chine. Jusqu'où les pays occidentaux iront-ils pour empêcher les pays défavorisés de s'industrialiser et de se développer comme nous l'avons fait? Le simplisme des propositions écologistes semble cacher quelques problèmes complexes.  Bien loin d'une démission devant les défis de l'avenir, le désintéressement face au sommet de Cancún pourrait être le reflet d'une sagesse démocratique qui désapprouve les projets autodestructeurs de décroissance économique. Il faut sans doute rappeler que certaines thèses, trop facilement formulées au nom de la science, suggèrent également qu'il y a trop d'êtres humains sur la planète. Ce délire existait déjà lorsque l'humanité a passé le cap du milliard et, que nous le voulions ou non, il y aura neuf milliards de personnes sur la Terre en 2050. Nous sommes donc condamnés à organiser la croissance, et les citoyens commencent sans doute à comprendre que la qualité de l'environnement est une conséquence de la qualité de la vie économique, pourvu qu'elle soit au service du développement de l'humanité.



Michel Pruneau, auteur d'un ouvrage critique intitulé, La dérive écologique, le mythe de la Terre en colère, qui paraîtra en janvier 2011 aux éditions Transit.

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On ne traite que les symptômes

Je ne vois rien d'encourageant pour le climat dans cet accord. Le ministre John Baird peut bien parler de «progrès et de résultats qui reflètent les intérêts de la population canadienne et ceux des populations de chaque pays représenté ici». Les pays industrialisés, comme le Canada, pourront continuer à faire tourner leurs industries polluantes tout en se donnant bonne conscience avec ce «fond vert pour aider les pays en développement». Encore une fois, on préfère traiter les symptômes plutôt que de s'attaquer aux vraies sources du problème. Ce n'est pas avec des accords tièdes qu'on parviendra à résoudre le problème du réchauffement climatique.

Philippe Labelle, Montréal

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Jean Charest, gagnant du sommet

Je suis jeune et j'ai à coeur l'environnement et le développement durable et je dois admettre que je suis fier d'être Québécois. Nous sommes à l'avant-garde concernant nos politiques environnementales et la gestion des gaz à effet de serre. Je crois qu'avec le prix donné à Jean Charest, le monde entier a reconnu l'expertise québécoise en ce qui concerne ces deux domaines. Je trouve dommage que la direction de M. Charest sur ces questions ne soit pas reconnue ici, au Québec. Je n'aime pas particulièrement les politiciens, mais je dois reconnaître que le grand gagnant de ce sommet est Jean Charest.

Mathias Boudreau