Les écoles privées devront désormais ouvrir leurs portes aux enfants handicapés ou présentant des troubles d'apprentissage. La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, estime que, tout comme le réseau public d'enseignement, le réseau scolaire privé a lui aussi «un engagement social» à assumer à ce chapitre. Êtes-vous d'accord avec la ministre?

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Pourquoi pas?

Après tout, ces écoles ne sont-elles pas subventionnées à plus de 40% par le public ou l'État? J'y vois une merveilleuse occasion de mesurer la capacité d'accueil et de tolérance de ce milieu favorisé et qui se veut bien au-dessus des écoles publiques. Pourquoi alors ce classement annuel des meilleures écoles au Québec, sinon pour faire la promotion du privé? Cessons ces comparaisons biaisées et rendons aux écoles publiques ce qu'elles méritent. Elles se voient forcées d'accueillir et d'intégrer des élèves rejetés par les écoles privées faute de bons résultats. A-t-on peur que l'intégration de tels élèves nuise aux  performances académiques de la classe, diminue les moyennes et le taux de réussite dont se vante le réseau privé? Voyons-y une occasion de développer la tolérance et de partager avec le réseau privé le poids de la réussite scolaire du Québec, au lieu de stratifier la population en des milieux privilégiés et en des milieux qui doivent composer avec une clientèle de plus en plus nombreuse d'enfants en trouble d'apprentissage et de comportement.

Michel Deschênes, Trois-Rivières

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Est-ce la meilleure chose à faire?

À partir de maintenant, juste au moment où les écoles privées sont en pleine activité de portes ouvertes, la ministre Beauchamp annonce que le réseau privé devra, dorénavant, admettre dans ses écoles, des élèves handicapés et en difficulté d'apprentissage. Cet engagement social (et je dirais même démocratique) souhaité par la ministre Beauchamp, permettra donc à tous les parents du Québec d'avoir pleine liberté quant au choix du réseau scolaire pour leurs enfants. Cette décision sera certainement fort populaire (concrètement et politiquement) auprès des parents d'enfants handicapés ou en difficulté d'apprentissage qui regrettaient les limites imposées par le réseau des écoles privées. Il faudra donc s'attendre à ce que les demandes d'admission dans les écoles privées aillent en augmentant. Or, il existait déjà quelques écoles privées qui acceptaient les élèves handicapés et en difficulté d'apprentissage. Tout comme dans le réseau public, ces écoles privées offrent de services appropriés (orthopédagogues, éducateurs spécialisés, préposés aux handicapés... embauchés à la pièce, selon les besoins, souvent des étudiants pour répondre adéquatement aux besoins particuliers et ponctuels de cette clientèle. À la différence près que ce sont les parents qui doivent assumer les coûts reliés à ces services. À la lueur des quelques informations détenues, il est, à mon avis, impossible de se prononcer autrement qu'émotivement, en faveur ou en défaveur de cette décision. La ministre imposera-t-elle un ratio minimum d'admission d'élèves en difficulté ou handicapés aux écoles privées? De quelle manière se fera la sélection des dits élèves? Si la ministre souhaite supporter adéquatement sa décision, on peut supposer qu'en conséquence, elle se devra d'autoriser l'ouverture de plusieurs classes voire «quelques» nouvelles écoles privées et, incidemment, la fermeture de plusieurs classes, voire de quelques écoles publiques. Qui supportera les coûts d'ouverture de classes, de construction de nouvelles écoles privées? Les écoles privées devront-elles se conformer au cadre organisationnel et aux normes d'encadrement prévus par le ministère de l'Éducation? Les parents devront-ils assumer les coûts des services adaptés ou le secteur privé en profitera-t-il pour demander que cette nouvelle clientèle soit subventionnée au même titre qu'elle l'est à l'école publique? Dans l'affirmative, y aura-t-il des ponctions financières du côté des écoles publiques ou y aura-t-il injection d'argent frais pour le réseau privé? Qui dit mouvement de clientèle dit aussi mouvement de personnel. Il y aura donc inévitablement des protagonistes (enseignants, spécialistes, professionnels, techniciens, soutiens...) qui seront touchés par cette décision. Au secteur public, les conventions collectives favorisent l'ancienneté comme critère principal. Ce sont donc les personnes les plus jeunes qui seront touchées. Considérant que certaines écoles privées sont aussi syndiquées, le personnel du réseau public pourra-t-il être absorbé par le secteur privé? Partiellement ou entièrement? Des mesures en ce sens seront-elles instaurées ou est-ce le chômage qui attend tout ce beau monde? De quelle manière la vaste et précieuse expertise développée au secteur public auprès de la clientèle particulière (autiste, dysphasique, dyslexique, TDAH, TED, non-voyante, malentendante, etc.) sera-t-elle exportée au réseau privé ? Et le personnel du secteur privé, comment sera-t-il supporté pour recevoir ces jeunes ? Si c'est très certainement une question de compétence, c'est aussi une question d'attitude, non négligeable, considérant du personnel qui est habitué à oeuvrer auprès d'une clientèle plus largement motivée et talentueuse. Dans les commissions scolaires, l'organisation des services offerts à la clientèle EHDAA n'est pas une mince tâche considérant la disparité des difficultés et des besoins des élèves, les demandes des parents, le respect des conventions collectives, et surtout les règles budgétaires. Considérant toutes ces questions qui demeurent présentement sans réponses, je pense que la bonne question n'est pas de savoir si nous sommes en accord ou en désaccord avec la décision de la ministre. Est-ce une décision politique qui répond à la demande de nombreux parents, assure le maintien du réseau privé subventionné, permet des économies dans le réseau public? Et, par ricochet, est-ce la meilleure chose à faire pour répondre aux besoins des élèves?

Céline Gosselin

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Pour une société juste

Merci Mme Ouimet de nous rappeler une évidence: il faut abolir les subventions aux écoles privées. La situation actuelle qui fait que ces écoles sont subventionnées à 60% est une pure aberration. Et un déni, presque caricatural, à notre prétention de vouloir vivre dans une société juste, où tout le monde peut trouver sa place au soleil, comme on dit...

Martin Richard, Montréal

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La place de tous à l'école

Je crois que l'on devrait cesser de parler de la place des élèves en difficulté à l'école, mais plutôt parler de la place de tous à l'école. On veut que ceux qui éprouvent différentes difficultés soient dans des classes avec les autres et puissent suivre le programme avec, s'il y a lieu, des personnes ressources pour les aider. Mais que fait-on des jeunes performants ou super performants qui doivent être dans des classes plus ou moins «normales» et entendre le professeur se répéter trois ou quatre fois alors que lui a compris après une ou deux fois. Il va sans doute être ailleurs et parfois décrocher. Il faut des classes pour ces élèves, surtout si on veut avoir des adultes dans des domaines qui demandent un haut niveau de savoir et de connaissances. Les scientifiques d'aujourd'hui le sont sans doute parce qu'ils ont pu être stimulés dans leur jeunesse et pas seulement dans leur famille. Essayons d'intégrer les adultes différents dans toutes les activités de la société et voyons ce qu'il en sera. Ridicule, sans doute, mais c'est un peu ce que l'intégration des jeunes à tout prix semble vouloir dire en ce moment, sous prétexte de ne pas nuire à leur estime, mais n'oublions pas l'estime de ceux qui sont au-dessus de la moyenne au niveau intellectuel, car dans le domaine sportif ils sont recherchés. Pensons à notre futur et trouvons un moyen pour avoir des classes pour tous les types d'enfants.

Marthe Lemoine, Saint-Hubert

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Sur la bonne voie!

Quelle agréable surprise que m'a faite hier la nouvelle ministre de l'Éducation, Line Beauchamp! Son ouverture d'esprit sur la question de l'intégration des enfants handicapés ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage (EHDAA) est à féliciter! Il y a toutefois certains bémols à souligner. Au sein d'une école, c'est la direction qui a le dernier mot quant à la façon d'utiliser les services disponibles pour les EHDAA. Certains le nieront. En tant que parent d'enfants HDAA, je vous affirme le contraire! Il y aura beau avoir des balises, si elles sont peu ou mal suivies, nous resterons là où nous sommes. L'implication et l'encadrement de la direction d'école sont donc primordiaux dans la réussite des enfants différents. Les balises à suivre doivent être IMPOSÉES aux directions, et non pas simplement proposées. Nulle part dans le discours et les commentaires, il n'en a été question. Il est totalement faux d'affirmer que majoritairement, nos enfants ralentissent les autres élèves de la classe. Je suis agacée d'entendre encore cette fausse défense derrière laquelle se cachent des politiciens sans culotte et des syndicats d'enseignants trop occupés à crier au meurtre pour prendre le temps de vérifier la réalité d'une classe. Au contraire! Le manque de soutien envers les enfants avec un TDAH, par exemple, provoque la dégringolade de leur intérêt envers l'école. Parce que les enseignants continuent le même enseignement. Parce que seuls ceux qui ont la foi offrent des cours de rattrapage aux élèves en difficulté durant la pause du dîner. C'est l'enfant intégré dans une classe ordinaire sans balise qui est perdant! Que ceux qui doutent fassent le test suivant: vérifions auprès des élèves qui ont suivi des classes avec des enfants HDAA  et, une année ultérieure, des classes exemptes de ces enfants, et comparons le résultat scolaire des deux années. Je suis convaincue qu'il n'y aura pas de différence notoire. Et pourtant, ils ne sont pas à leur place dans une classe spécialisée. Pense-t-on réellement que les élèves en difficulté le seraient encore si les profs s'y attardaient en classe comme on le décrit dans plusieurs articles? Non! La mise en place de balises aidera l'enseignant à bien accompagner l'enfant en difficulté. Cela soulagera psychologiquement l'enseignant - car c'est de ce dépassement là qu'il est véritablement question! - et aura un impact réel sur la réussite scolaire des EHDAA. Rejean Parents  de la CSQ parle de l'intégration des handicapés comme s'ils étaient un véritable boulet pour l'enseignant. Pourtant, que ce soit un trisomique ou un autiste, l'enfant a, avec lui un travailleur en éducation spécialisée (TES).Et celui qui n'en a pas est «poussé» vers des classes spécialisées. Alors, dites moi, il est où, le poids sur l'enseignant? La présence du spécialiste à 20 heures minimum par semaine aide et soutient l'enseignant. Cette présence lui permet de suivre son programme normalement. Là ou le bât blesse, c'est qu'il y en a trop peu de ces TES! Et qu'ils sont mal formés. Ces personnes ont le pouvoir de faire des miracles avec des enfants handicapés. Socialiser un jeune qui a des carences en habilités sociales, c'est lui garantir un avenir dans la société! Il y en aura de plus en plus, dit-on. Imaginez s'ils deviennent des adultes mésadaptés socialement! D'abord, parce qu'une majorité d'entre eux ont la capacité intellectuelle de suivre normalement leur scolarité; ensuite, parce que si on les repousse dans des classes spécialisées à pathologies mixtes, telles qu'elles le sont présentement, on les tire vers le bas. Conséquences: risques considérablement plus élevés de devenir un «décrocheur», ou un dépendant social. Travailler sur nos jeunes différents, leur permettre d'apprendre notre société, c'est de faire d'eux des adultes mieux dans leur peau et indépendants. Le débat n'est pas que pour aujourd'hui et maintenant: il aura un impact sur le futur de toute la société québécoise. Et non, la présence de cette fameuse TES ne nuit pas aux autres élèves. Au contraire, elle leur ouvre l'esprit, retire leurs préjugés et permet une acceptation réelle de la différence. Ce n'est pas aux enfants, que leur présence dérange... mais bien aux adultes. Tiens, justement! Dans aucun article, on ne fait mention de la clause des accommodements raisonnables touchant les personnes handicapées, soit: «l'obligation d'accommodement raisonnable est applicable dans les cas de discrimination, c'est-à-dire dans les situations où une personne, en raison d'une caractéristique qui lui est propre et qui constitue un motif reconnu par la Charte des droits et libertés de la personne (un handicap, une conviction religieuse, le fait d'être enceinte, etc.), ne peut exercer un droit qui lui est reconnu si on applique la règle générale, sans tenir compte de la situation particulière de la personne.» N'est-ce pas là le réel point de départ? C'est donc avec une certaine impatience que j'attends le mois de juin, mois où Mme Beauchamp devra changer ses dires en actions!

Lyne Laporte, mère de quatre enfants dont Thomas, 9 ans, atteint du syndrome d'asperger, TDAH et dyslexie, et Lawrence, 11 ans, TDAH et dyslexie. Cofondatrice de TAC (TED-à-Coeur).

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Intégration ou désintégration?

En ce qui concerne l'intégration des élèves en difficulté dans les classes régulières du réseau scolaire public, le défi est presque impossible à relever dans l'état actuel de ce réseau. Les classes sont trop nombreuses et trop chaotiques, il y a un manque évident de soutien régulier et spécialisé. On assiste alors à la lente désintégration du processus d'apprentissage souhaité par les administrateurs, les enseignants et les parents. Tous en souffrent et presque tous demandent une difficile et exigeante réévaluation. L'heure des décisions difficiles est arrivée. D'un côté, on doit clairement souligner aux parents concernés qu'il est préférable d'inscrire les enfants en difficulté sérieuse d'apprentissage et de comportement dans des écoles spécialisées. De l'autre, le gouvernement et les administrateurs doivent cesser de jouer à l'autruche et assumer pleinement leurs responsabilités. Ce n'est pas d'une journée de réflexion que tous les acteurs du système scolaire ont besoin, mais d'une longue et nécessaire reconstruction d'une solidarité familiale, sociale et scolaire qui puisse aboutir un jour à inclure tous les enfants d'ici dans un environnement pédagogique stimulant et guérisseur. Il faudrait aussi avoir le courage de financer ces difficiles changements en cessant un appui excessif au système privé d'enseignement.

Jacques Léger, Montréal

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Décrochage et jeunes garçons

Je suis père d'un jeune garçon de 7 ans. Malgré mes efforts, mon garçon est déjà en difficulté d'apprentissage. Ces situations sont complexes et nul ne peut porter à lui seul le blâme. Cependant, certains points me laissent songeur quant à l'attention que l'on porte aux jeunes garçons. J'avais déjà eu de la difficulté à comprendre que l'on ait demandé à mon fils un travail sur sa fleur préférée. J'avais pensé qu'un travail sur son outil préféré aurait pu facilement être donné aux jeunes garçons, question de maintenir leur intérêt. Maintenant en cette semaine d'Halloween, les enfants ont le droit de se déguiser. J'ai reçu aujourd'hui un billet de l'école disant que les costumes ne pouvaient contenir aucun signe de violence. Comme mon garçon adore les soldats et qu'il se déguisera le 31 octobre en soldat, je dois maintenant lui expliquer que les soldats canadiens, qui ont fait de nombreuses missions de paix, qui ont déjà sauvé la mère patrie, ne sont pas bienvenus à l'école Mère Marie-Rose. Les pères, dont les fils voudront se déguiser en policiers, en pirates, en chasseurs, en pompiers (la hache...), en cowboys, seront, tout comme moi, pris pour défendre un règlement qu'ils ne comprennent pas. Je peux comprendre que l'école ne veut pas voir arriver des enfants déguisés en Jack L'Éventreur, mais je crois que les parents ont suffisamment de jugement pour déguiser leurs enfants de façon décente. Je m'inquiète cependant beaucoup de voir les jeunes garçons devoir patauger dans cette atmosphère aseptisée. Pas étonnant qu'un bon nombre d'entre eux s'y sente à l'étroit et finisse par décrocher...

Daniel Castonguay, Contrecoeur

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Le privé doit contribuer

Je suis d'accord pour que les écoles privées ouvrent leurs portes aux enfants à défis particuliers, car ça concerne tout le monde. Pourquoi faire des classes à part? Moi, je travaille dans un CPE et nous nous faisons un devoir de les intégrer, et ce, avec peu de ressources et de moyens. Si nous y parvenons, les écoles privées devraient y arriver, car, à mon avis, elles sont beaucoup plus en mesure de procéder et de répondre au mieux à leurs besoins que nous. Un autre constat: en ce moment, le dépistage est orphelin, et ça pose problème partout. À mon avis, tous les milieux d'éducation, quels qu'ils soient, doivent contribuer.

Andrée Tremblay

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La peur du privé au Québec

Bien qu'il soit important de créer une place pour tous les Québécois, en santé ou non, dans notre province, il est important de faire une distinction entre ce qui doit être fait au nom de la justice sociale et ce qui doit être préservé au nom du bon fonctionnement de notre société. Il semble tellement que l'on ait peur du titre «privé» au Québec que nous nous retrouvons aujourd'hui avec des politiciens qui partent en croisade contre tout ce qui est moindrement restreint. Pourquoi? L'école privée est une institution qui s'est vue à ce jour épargnée de toutes les réformes nigaudes qui ont affecté nos jeunes depuis quelque 10 ans. Pourquoi vouloir changer cela? Malgré tout le positif que ce changement pourrait avoir, forcer les écoles privées à accueillir des enfants en difficulté viendrait détruire le processus sélectif de ces écoles, qui existe pour une raison valable. Déjà que le privé a perdu ses subventions... Les enfants en difficulté n'ont pas besoin d'être assujettis à une nouvelle tentative sociale. Ils ont besoin d'un encadrement spécial qui est adapté à leurs besoins particuliers. Ce ne sont pas tous les mélanges qui sont bons. Et un tel geste forcé servirait de «jurisprudence» symbolique pour tout autre changement que l'on souhaiterait imposer au privé. Il faut empêcher cette roue de tourner. Il faut préserver certaines institutions au Québec. Voici une nouvelle lancée face à cette question: le transfert de jeunes en difficulté ne fait-il pas la lumière sur les lacunes de notre système actuel? Ne devrions-nous pas plutôt tenter d'apporter des solutions à ces problèmes afin de renforcer les programmes qui sont présentement en place? Envoyer les enfants en difficulté au privé... pour quelle raison au juste? Que règlera le privé? À mes yeux, il s'agit ici d'une proposition synonyme d'un transfert de bobo. On pénaliserait les jeunes des écoles privées sans réellement apporter une solution au problème des jeunes en difficulté. Commençons par faire marcher le système qui existe actuellement à la place d'imposer un problème à une source qui en est jusqu'ici exemptée?

Phil Thibault

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Abaisser le niveau du privé: une erreur!

Je ne suis pas d'accord avec la ministre Beauchamp, qui voudrait forcer la main des institutions privées sur le choix de leurs élèves. Elle estime que le privé a un engagement social à assumer? Oui, sans l'ombre d'un doute. Mais ce n'est pas celui-là. En effet, par la sélection, le privé peut s'assurer d'avoir des étudiants «capables d'en prendre», ce qui permet de leur offrir un enseignement stimulant, enrichi, et un encadrement hors pair. Lorsqu'une école doit gérer des élèves en difficultés (du fait de handicaps mentaux ou comportementaux), il reste moins d'énergie et de temps à consacrer aux autres élèves. C'est un fait. La lente progression des élèves due à leurs difficultés d'apprentissage ou de comportement ralentit nécessairement le rythme de la classe. Par ailleurs, l'ambiance que cela crée peut démotiver d'autres élèves, qui normalement auraient bien performé. Cela se vit dans les écoles publiques, car notre société veut que tous ses citoyens, peu importe leurs capacités, aillent sur les bancs d'école jusqu'à l'âge de 16 ans. En toute logique, le réseau public doit suivre le voeu public. Souvent, c'est le nivellement par le bas qui permet à l'ensemble des classes d'avancer plus ou moins harmonieusement. J'admets sans peine que plusieurs écoles publiques tirent bien leur épingle du jeu, mais elles n'ont pas la partie facile, en raison de cette double mission de scolarisation des citoyens en général, et d'intégration des personnes vivant des problèmes divers et complexes. Cela dit, est-il nécessaire d'étendre cette condition et cette difficulté supplémentaire aux écoles privées? Pour que «tout le monde soit pareil»? Puisque nous ne pouvons relever le niveau du public, abaissons celui du privé? Puisque le public a une mission difficile à remplir, rendons aussi celle du privé difficile? Vous savez, il n'est pas juste de donner à tous les mêmes choses sans tenir compte du contexte et des programmes particuliers. D'ailleurs, dans les domaines spécialisés de l'éducation supérieure, tous en conviennent; par exemple, qui voudrait ouvrir sans distinction de capacités les facultés de médecine? Alors, pourquoi ne pas garder des «bulles» d'enseignement enrichi, des lieux d'apprentissage plus libres de contraintes, dans nos réseaux d'éducation primaire et secondaire? Il s'agit également d'un engagement social important! J'ai moi-même fréquenté les deux réseaux d'enseignement, le public au primaire, le privé pour les trois premières années du secondaire, le public pour les deux dernières, et le public puis le privé au collégial, avant d'entrer à l'université. J'y ai constaté ce dont je vous parle; par exemple, quand je suis allée au secondaire public, en 4e, je n'avais que peu d'efforts à fournir; ce qui était considéré comme la base indispensable des travaux au privé n'était même pas enseigné au public (l'ensemble des élèves partait de trop loin). Cette base indispensable, c'était, notamment, d'ajouter, à chaque nouveau travail, des mots de vocabulaire nouveaux (et de les utiliser à bon escient), d'insérer correctement des citations, de faire une bonne mise en page, ainsi qu'une bibliographie complète. Au public, c'était seulement un plus. C'était déconcertant et démotivant! Par contre, ces apprentissages du privé m'ont été d'une grande aide au collégial, alors que plusieurs de mes malheureux condisciples, venant du réseau public, s'arrachaient les cheveux. Quant à la discipline, je pensais avoir été une étudiante rebelle dans mon école privée, mais ce n'était rien en comparaison avec ce que certains étudiants du public se permettaient! Et pour cause; exagérer peut mener à l'expulsion, et les normes de l'exagération sont plus serrées au privé (normal, puisque l'école privée n'est pas un droit). Pour être expulsé du réseau public, par contre, il faut pousser le bouchon beaucoup plus loin. Ah! ce que nous pouvions perdre comme temps avec le traitement - nécessaire - de toutes ces folies! Peut-être est-il de bon ton, politiquement, de faire la chasse aux institutions privées qui ont l'outrecuidance de ne pas suivre le même moule social que nos écoles gouvernementales, mais étant donné que ce moule n'est pas vraiment bon pour la qualité de l'enseignement, j'estime que c'est une mauvaise idée. Évidemment, si Mme Beauchamp en a décidé ainsi, toutes nos discussions sont sans doute inutiles; notre gouvernement nous a plusieurs fois démontré qu'il aimait la technique du rouleau compresseur sur les divergences d'opinions.

Amélie Bronsard

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Tabou et élèves handicapés

Face à l'échec de l'intégration marquée des élèves handicapés aux classes régulières ( 75% ne parvenant pas à décrocher un diplôme scolaire malgré les nombreuses mesures mises en place ), on songe à des formules mitigées, peu assurées et d'application fort complexe. On omet sciemment de considérer la pertinence d'un enseignement spécialisé, ajusté aux besoins des enfants handicapés, évitant même d'en faire mention du bout des lèvres. La raison de ce tabou tient aux pressions des parents de ces enfants. On partage de tout coeur leurs états d'âme et leurs préoccupations. Cela doit plutôt nous inciter à nous interroger sur les meilleurs moyens d'y  donner suite et de contribuer au bien-être de leur enfant. Ne doit-on pas se préoccuper du fait que la comparaison avec les autres élèves multiplie les occasions, pour eux et leur enfant, d'être témoins de leur handicap, par exemple en lecture ou en calcul? Pour l'élève handicapé, ce désaveu constant de son estime et de sa confiance en soi n'est-il pas une entrave à leur motivation et à leur attachement à l'école? Le mieux est souvent l'ennemi du bien! Si on réussissait en plus à sensibiliser ces parents à la possibilité que l'enseignement spécialisé puisse être en pratique le meilleur moyen de contribuer au développement optimal de leur enfant, nul doute que cela lèverait les tabous, entraves à la réflexion ouverte qui s'impose.

Gérard Lévesque

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Nivellement par le bas

Pendant 35 années, j'ai consacré ma vie à l'enseignement, et j'en ai vu du nivellement vers le bas. À vouloir intégrer tous les enfants, sans aucune distinction et sans respect pour les autres enfants, parce que les cas lourds nuisent à l'avancement collectif. De plus, les enfants en difficulté d'apprentissage, que cela soit dû à un handicap physique ou intellectuel, sont souvent très malheureux dans les classes dites «régulières»: ils vivent un phénomène de rejet, ou bien le plus cancre devient la vedette et les plus brillants ont peur de s'affirmer, parfois même de se faire battre. On assiste de plus en plus à ce nivellement vers le bas: hue à l'élite, valorisation de la classe sociale délinquante, et pardon aux criminels, pourvu qu'ils ne soient pas vêtus en costume-cravate. Sommes-nous un peuple en déchéance? Toutes les belles valeurs sociales ont été rejetées au profit de l'individu. Mme Beauchamp signe le billet: là où ça va bien, mettons-leur des bâtons dans les roues, par dépit ou par jalousie, j'espère simplement que ce n'est pas par incompétence.

Francine Vézina, Chicoutimi

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Prenons la question sous un autre angle

Je consens à ce qu'il y ait des écoles privées spécialisées pour jeunes en difficulté d'apprentissage, mais pas pour fusionner les groupes dans les mêmes institutions. En tant que nation en compétition sur un marché international, on doit donner toutes les chances aux jeunes de réussir. Tant mieux pour ceux qui ont plus de sous pour envoyer leurs enfants au privé. Mais des parents fortunés qui veulent donner un encadrement privilégié à leurs jeunes en difficulté payer un surplus.

Benoit Lalonde, Montréa

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COMMENTAIRES

Souhaitons-nous un État socialiste?

Non, mais quand s'arrêtera l'intrusion de tous ces politiciens en mal de gouvernance et d'autorité? Est-ce que le ministre de l'Environnement devrait s'immiscer dans les restaurants spécialisés dans les pizzas et les obliger à offrir du poulet? Devrait-il aussi imposer aux restaurants de cuisine thaïlandaise et vietnamienne à servir de la pizza et des déjeuners? Finies les spécialités, tout le monde sert la même chose.  Si je me rappelle bien, les étudiants de ces écoles doivent payer un supplément, les parents, soucieux de la réussite de leurs enfants, investissent pour l'avenir de ceux-ci. Les écoles publiques accueillent toutes les clientèles et je crois que c'est suffisant.  À l'origine, les écoles privées ont été créées pour une clientèle ciblée et plus performante, alors où l'on avoue que le Québec est un État socialiste, et par conséquent on porte tous le même uniforme, comme à Cuba par exemple, ou les Madame Beauchamp  politiques se mêlent de leurs affaires gouvernementales et n'interviennent pas dans les secteurs privés. Voilà ce que Madame Beauchamp semble vouloir imposer aux écoles privées, et quant à y être, Madame la ministre, fixez à l'avance le prix pour ces gens en difficulté d'apprentissage et le nombre d'années qu'ils prendront pour y échouer et surtout baissez les exigences académiques pour les insérer.

Monique Vézina, Jonquière

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Coupons les subventions

Si la ministre est sérieuse, elle obligera les écoles privées à prendre 10 % des élèves en difficulté, sous peine de coupe du même pourcentage de financement. Je ne crois pas qu'elle aura ce courage. Donc, pour aider l'école publique; je suggère une coupe de 10% de financement par année, pendant cinq ans à l'école publique.

Carol Vermette