La France entend porter de 60 à 62 ans l'âge de la retraite. Quant à elle, la Grande-Bretagne fera grimper à 66 ans l'âge du départ à la retraite. Au Canada, les retraités retirent des prestions gouvernementales complètes à partir de l'âge de 65 ans.

Compte tenu de l'état précaire des finances publiques au Canada, de la diminution du bassin de travailleurs, des fonds de pension déficitaires et de l'augmentation de l'espérance de vie, croyez-vous qu'il faudra éventuellement relever l'âge de la retraite au Canada jusqu'à 68 ou 70 ans?

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Le travail, c'est la santé

Pour des raisons de finances publiques, très certainement, et la démographie n'est certainement pas à notre avantage. Une pyramide d'âge inversée est un piège mortel pour les générations futures. De toute façon, l'âge de 65 ans avait été fixé sur la longévité moyenne d'une lointaine époque (je crois que 1966 est l'année où le RRQ a été créé). Si l'on était chanceux, on pouvait espérer vivre quelques années de plus après 65 ans. Mais aujourd'hui, la donne a changé. A-t-on les moyens de financer les retraites des baby-boomers pendant 25 ou 30 ans? Et je fais abstraction de ceux qui ont pris leur retraite à 55 ans. Même si l'on se remettait à fonder des familles de huit enfants, l'effet ne se ferait sentir que dans 25 ans et les baby-boomers ne seront plus là pour en profiter! Le travail, c'est la santé!

Robert Caron

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Revoyons les règles d'admissibilité

Avant de regarder la possibilité de hausser l'âge de la retraite, il faudrait regarder la possibilité de revoir les règles d'admissibilité. Par exemple, diminuer le plafond qui donne droit à la Sécurité de vieillesse. Si, après avoir atteint 65 ans, votre revenu net dépasse le plafond prescrit (66 733$ en 2010), l'excédent de votre revenu est imposé au taux de 15% jusqu'à concurrence du montant intégral de la Sécurité de vieillesse. Les particuliers, dont le revenu net est supérieur à 108 214$, ne touchent aucune pension de SV, parce qu'elle est entièrement imposée. Si mon revenu net (REER, fond de retraite de Cie, RRQ) était de, disons, 60 000$, je me sentirais bien à l'aise et je serais d'accord de ne pas avoir la Sécurité de vieillesse. Aussi, bien que l'espérance de vie ait augmenté, je crois que bien des métiers usent vite et qu'après 65 ans, il serait difficile de travailler (construction, mécanicien, couture, travail d'usine, etc.). J'ajoute tous les travailleurs de la santé, comme ma femme, je ne la vois pas travailler au CHUM à 68 ans. Elle a déjà de la difficulté à rester debout passé 21h et elle n'a que 54 ans.

Michel Dagenais

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Les solutions de moins en moins nombreuses

Il ne suffit que d'observer pour constater l'état alarmant de la situation. Or, dès l'instauration de la mesure qu'est la retraite, les dirigeants savaient que ça se révèlerait une mesure temporaire, que le modèle appliqué ne fonctionnerait qu'avec une masse de travailleurs largement supérieure à la masse de retraités. Alors que sept travailleurs cotisaient pour un retraité, il était possible de recueillir 1/14 de la paie de chacun des sept travailleurs pour avoir assez de fonds pour le retraité. Cependant, dans les débuts des années 70, les gouvernements se sont mis à sonner l'alerte que nous allions manquer de ceci et de cela. Il était dorénavant mal vu d'avoir plus de deux enfants. L'effet de cette mesure s'en ressent maintenant, la masse de travailleurs sera insuffisante, les compagnies craignent de manquer de main-d'oeuvre et le marché cherche à augmenter la productivité, afin de compenser le futur manque de main-d'oeuvre. Une autre mesure prise dans les années 70 est l'instauration des régimes de retraite à cotisations déterminées au lieu des retraites à prestations déterminées. Les gouvernements ont vendu cette idée à la population qui s'est fait rouler royalement. Pour ce qui est des retraites, les circonstances qu'ils ont planifiées se mettent en place et, si je me souviens bien, d'ici 2040, ils prévoient qu'il y aura deux travailleurs pour un retraité. N'importe qui sait qu'il est impossible pour un seul travailleur de faire vivre un retraité. Alors, quelles sont les options envisageables? Il n'en a que peu. En fait, il y en a de moins en moins, puisque les gouvernements ont avantage à voir ce «privilège» retiré et qu'ils redirigent l'attention des concitoyens sur des «cirques médiatiques». Comme l'a mentionné le lauréat au prix Nobel de 1952, Albert Schweitzer, «Les hommes ne réfléchissent tout simplement pas!» Ce problème, qui était actuel dans les années 50 est encore plus présent aujourd'hui, alors que tout va de plus en plus vite. Donc, afin de régler un dossier important - leur futur - ils s'en remettent à ce qu'ils tiennent pour acquis, soit la retraite dorée que des politiciens ont promise. Malheureusement, tandis que les cirques politiques endorment les gens, le temps avance et les solutions se font de moins en moins nombreuses afin d'éviter l'abolition du rêve de la plupart des travailleurs: «Ne plus avoir à travailler et vivre!»

Philippe Milette, programmeur-analyste

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Un débat respectueux s'impose

La question est mal posée et ce n'est pas en comparant des non comparables que vous arriverez à éclaircir ce débat. Primo, il n'y a pas de débat sur ce point au Canada. La seule vue du «65 ans» comme âge légal est déjà assez traumatisante pour certains. Secundo, il est nul de prétendre qu'il faudrait songer à hausser cet âge à 68 ou même à 70 ans. Plusieurs variables sont à prendre en compte: l'état des finances des futurs retraités, l'état de santé général de ceux-ci, les maladies sournoises grevant le troisième âge et le goût et les espoirs de tout un chacun de se libérer du travail quotidien. Selon moi, les Français sont dangereusement trop gâtés et ils critiquent tout et rien à la fois. Pourquoi ne se rendent-ils pas à l'évidence et n'arrêtent-ils pas un instant pour regarder autour d'eux. L'âge de la retraite au Canada est 65 ans depuis des lunes et personne ne le remet en question, ni par le haut, ni par le bas! Si certains veulent le voir augmenter à 66 ou 68 ans, il faudra que les planètes soient alignées pour un débat respectueux vers ceux qui devront le subir.

Robert F. Dubuc, Repentigny

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Évidemment, oui

C'est bien simple, au Canada, l'âge de retraite normal est de 65 ans depuis 1951. Or, l'espérance de vie a augmenté de plus de 10 ans depuis ce temps. Les gens reçoivent donc des prestations des régimes publics pendant 10 années de plus qu'auparavant. Les taux de cotisation aux régimes gouvernementaux ont eux aussi augmenté, direz-vous. C'est vrai, mais ceux-ci sont gelés depuis 2003 au seuil psychologique de 9,9%, soit 4,95% pour l'employé et 4,95% pour l'employeur. Aucun gouvernement à ce jour n'a voulu être celui qui fera passer le taux de cotisation au-delà de 10%, même si la survie des régimes publics en dépend. Qui plus est, le nombre de cotisants aux régimes publics fond d'année en année: les gens prennent leur retraite de plus en plus tôt et le nombre de travailleurs entrant sur le marché de l'emploi diminue. Et n'oublions pas la pression additionnelle exercée sur les régimes privés et les employeurs qui les parrainent. La réponse à cette question est donc, oui, et il faudra le faire le plus rapidement possible. Mais serait-ce réellement si grave? Après 65 ans, la plupart de nos retraités sont encore aptes au travail et plusieurs retournent éventuellement sur le marché de l'emploi, se trouvant trop jeunes pour se retirer de la population active. De plus, plusieurs employeurs recherchent une telle main-d'oeuvre, stable et qualifiée. Alors, pourquoi ne pas valoriser ces travailleurs plutôt que de les encourager à se mettre au rancart? Maintenant, la vraie question est la suivante: qui aura le courage politique d'adopter une telle mesure impopulaire, mais absolument nécessaire? Cela reste à voir.

Stéphanie Goulet, Montréal

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Liberté 55, c'est finie

J'ai 70 ans et je travaille toujours. Je n'entends pas arrêter avant quelques années. Je suis utile à mon équipe, je garde une bonne santé. J'ai des capacités et je compte en faire bénéficier la société jusqu'au bout. C'est fini le rêve pour plusieurs de Liberté 55. On vit plus vieux, on ne peut pas se permettre une retraite qui durera 30 ans.

Raymonde Julien