Le gouvernement Charest a mandaté le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) de tenir des consultations sur l'industrie du gaz de schiste. Mais il n'y aura pas de moratoire sur les permis de forage. L'industrie gazière fait miroiter les retombées faramineuses pour le Québec, alors que les écologistes et des groupes de citoyens s'opposent vivement aux projets d'exploration. Qu'en pensez-vous?

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COMMENTAIRES

Purs verts ou pervers?

Par pureté environnementale, le Québec refuserait d'émuler ce concert des nations qui exploitent ses vastes ressources naturelles et partagent ses retombées. Pour miser sur l'unique houille blanche* et éviter les paris tels que l'amiante et tout ce qui serait sale? Une dichotomie écologique qui occulte mal ces millions d'hectares de forêt boréale, victimes réservoirs hydroélectriques. Causant la perte irrémédiable de ces capteurs naturels de carbone et réducteurs de GES. Alors qu'il profite bien de la péréquation et se soucie peu que sa générosité résulte de l'exploitation de l'uranium, du gaz, du pétrole et du charbon ailleurs au pays. Faudra-t-il combattre le feu par le feu pour nous sevrer d'une péréquation aussi sale?

* hydroélectricité

Pierre G. Blanchard, Outremont

Qui en profitera

Le gouvernement Charest a vendu la moitié du sous-sol québécois sans le consentement de la population. En ce moment, plus de 450 permis d'exploration ont déjà été octroyés, en majorité à des compagnies étrangères : impossible de reculer sous peine de poursuites judiciaires par les détenteurs de concessions. Fidèle à elle-même, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, tente de calmer le jeu après les faits, en annonçant la tenue d'audiences publiques sur l'industrie des gaz de schiste. Pourquoi avoir agi en secret? L'avenir énergétique du Québec n'est-il pas un sujet assez important pour en débattre publiquement? À qui la population aurait-elle voulu confier cette exploration si elle en avait été informée, au privé, à Hydro-Québec ou à une autre organisation détenue par les Québécois? Dans le cas du privé quelles seront les redevances? Autant de questions auxquelles le BAPE ne pourra répondre. Certes il pourra se pencher sur certaines questions reliées aux risques environnementaux, aux techniques d'exploitation et aux solutions en cas de catastrophe? Pourtant, nous passons à côté de l'essentiel, par qui et comment les Québécois voudraient-ils exploiter ces ressources? Ce gouvernement aurait-il subi des influences indues d'individus ou d'organisations pour agir ainsi dans la clandestinité? Certains pourraient le supposer. Chose sûre, ce gouvernement s'apprête à permettre l'expropriation de la moitié du Québec habité, sans que ces citoyens n'en ai débattu préalablement. Après Forillon et Mirabel, la moitié du Québec sera exproprié. Mais qui en profitera vraiment? Là est toute la question, madame Normandeau...

Michel Lemay, Québec

Mentalité de pauvre

La crise du Non que le Québec est en train de passer, pourrait finir par lui coûter très cher. Le développement économique ne viendra pas sans effort et du pas dans ma cour. Plusieurs projets sont annulés, parce qu'une poignée de citoyens sont contre et ne soumettent rien en retour. Et si on leur demande de payer plus cher certains services, ils sont les premiers à se plaindre. Il faudra en finir avec cette mentalité de pauvre.

Carole Vermette

L'avenir énergétique du Québec.

Dans un an, se souviendra-t-on encore de l'affaire Bellemare? Il en va tout autrement de la question des gaz de schiste dont le traitement aura des répercussions sur plusieurs générations. Il existe certes des incertitudes de technologie et de malfaisances écologiques. Toutefois, une chose est certaine : dans la mesure où cette source d'énergie peut garantir au Québec une position économique enviable, une autonomie accrue, peut-être une autosuffisance, on ne peut la livrer à l'avidité des multinationales, ni à la décision d'un gouvernement,  dont la projective et la conscience nationale ne sont pas les premières qualités.   Il faut parer au plus pressé en mettant un terme à la spéculation étrangère - par un moratoire. Tout comme dans le cas de l'électricité, des mines de cuivre, le Québec s'achemine vers le pillage d'une ressource qui s'avère des plus prometteuses. Sans négliger la prudence écologique, il ne faut pas non plus verser dans une sorte d'horreur primitive de l'impur et des voies nouvelles.  La grandeur d'un homme politique québécois sera toujours liée à sa capacité de voir dans toute question particulière le sort entier de notre peuple. Notre position constitutionnelle est  défavorable. Aussi faut-il  s'attacher au peu qui nous reste, les ressources naturelles.  M. Charest a sans doute beaucoup à se faire pardonner.  N'a-t-il pas une occasion en or de s'élever au premier rang, de préserver une richesse nationale par une nationalisation préventive, aussi nécessaire que fut celle de l'électricité?

Hubert Larocque, Gatineau