Dans une entrevue accordée à La Presse à l'occasion de la publication d'un premier livre sur sa vie, l'architecte français Roger Taillibert qualifie de «connerie» la décision de la Régie des installations olympiques de remplacer le toit du Stade olympique par une toiture fixe. «Un stade, ça doit pouvoir s'ouvrir pour accueillir l'athlétisme, le soccer, le rugby ou le baseball», a dit M. Taillibert au journaliste Éric Clément. Qu'en pensez-vous? Le prochain toit du stade devrait-il être rétractable, quitte à ce que cela coûte plus cher? Ou bien devrait-on tout simplement enlever le toit?

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Un bien collectif à préserver

Le Stade olympique est immensément important pour Montréal. Il faudrait sans le doute le reconnaître, afin de mesurer l'importance de cette décision. Le Stade, le Biodôme, le Jardin botanique et bientôt le Planétarium font de ce quartier un endroit incontournable lors d'une visite à Montréal. Le quartier pourrait en profiter davantage avec un plan d'urbanisation. Depuis trop longtemps, les activités sont rares au Stade à cause de la toiture. Notre amour-propre aussi a été mis de côté par la force des choses. Cependant, vous vous rendriez compte, si vous étiez sur place, que chacun à son passage éprouve une grande admiration pour cet édifice avant-gardiste et moderne, parce que nulle part ailleurs au monde il n'y en a un de comparable. Il serait dommage de ne pas saisir l'opportunité et choisir à nouveau l'option la plus facile et fermer le stade pour de bon et, par le fait même, faire un tort irréparable aux sports olympiques. Nous sommes maintenant en 2010, les technologies et les matériaux ont énormément évolué. D'ailleurs, des erreurs de calcul et de tensions sur les câbles sont à l'origine de la déchirure de la première toile. La toile rétractable semble toujours la meilleure avenue pour l'avenir du stade. Il serait possible d'intégrer un système qui permette la fonte des neiges et limite le stress sur la prochaine toiture. Je dois lever mon chapeau à Claude Phaneuf, l'ingénieur du Stade, qui a clairement exprimé l'histoire des aventures, mais aussi les idées et la vision derrière le Stade olympique. Une chose est sûre, le manque flagrant de vision de nos politiciens est un danger pour l'avenir de ce monument. La RIO brille depuis trop longtemps par son incompétence. Il serait donc idéal de charger un comité de personnes non partisanes, ayant à coeur ce bien collectif, afin de prendre une décision intelligente qui représente l'ensemble de la population. Cet immeuble fait partie de notre histoire et de notre avenir! Je souhaite qu'il puisse profiter à plusieurs générations dans le futur.

François Houle

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Un clou au cercueil

En mettant un toit fixe, c'est comme on faisait ses derniers adieux à ce stade. D'ailleurs, le mot cercueil n'est pas de trop ici, car justement combien de «clous de cercueil» ou cigarettes cela a-t-il pris pour finir de payer ce stade?

Carl Bourque

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Problème d'aéronautique?

Chaque fois que le débat reprend au sujet du toit du Stade, je me demande si nos firmes d'ingénierie ont vraiment la capacité d'innover ou même si elles sont les bonnes consultées. Est-ce qu'elles sont en mesure par exemple d'investiguer sur une solution de toit rétractable issue des technologies des aéronefs? J'imagine une construction similaire aux Zeppelins, mais en forme de soucoupe volante et utilisant l'hélium, qui serait captive au stade et soulevée ou abaissée par les câbles actuels. Il y a 100 ans, on fabriquait déjà de telles structures flottantes dont la longueur était le double du diamètre de l'ouverture du stade.

Jean Gilbert

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Deux mauvaises solutions

Le problème est que l'on oscille entre deux solutions opposées, dont chacune comporte des inconvénients majeurs. D'une part, une toile structurante, mais rétractable, dont les efforts sur la toile la porteront à se déchirer avec le temps

D'autre part, un toit rigide et fixe, dont je ne sais pas comment les 3000 tonnes seront supportées, qui bouche le trou à tout jamais. À cause de nos conditions hivernales particulières, si l'on veut conserver la capacité de rétracter le toit, il faut inclure dans le concept un élément structurant qui "assiste la toile" et lui enlève les contraintes qui l'on fait déchirer à ce jour,

Paul-André Bouchard, Ing.

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Un aveu d'impuissance collectif

Le débat autour du toit du Stade, mais quelle rigolade, quel aveu d'impuissance collectif! Au train où vont les choses, le débat sur le sujet ne sera pas clos avant le prochain siècle! Évidemment, la solution concrète ne sera pas alors encore trouvée! La seule solution juste et réaliste, c'est tout simplement la démolition du bazar pharaonique et en faire un espace vert. Mais qui osera prendre cette décision? Pendant ce temps, toutes les firmes d'ingénieurs de ce monde auront passé à la caisse! Ainsi va le pays du Québec.

Michel Lebel

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L'origine de l'imbroglio

Concernant le stade olympique et Taillibert, j'eus l'occasion de parler à un ingénieur canadien, maintenant à la retraite, qui fut consultant pour de grosses firmes d'ingénierie, dont des firmes canadiennes. Il affirme que tous les problèmes résultèrent d'un malentendu concernant la réalisation d'un tel projet. Les firmes européennes d'ingénierie possèdent des ingénieurs dont la fonction est de "traduire" en plans précis les conceptions élaborées par les architectes. Nos firmes d'ingénieurs de l'époque n'en possédaient pas, n'étant pas habituées à ce type de fonctionnement. On s'attendait à ce que le détail des plans leur arrive tout cuit et prêt à exécuter. Taillibert a élaboré des plans à sa façon. Nos firmes d'ingénieurs de l'époque furent incapables de les traduire en plans fonctionnels pour construire le stade. C'est de là que provient l'imbroglio, c.-à-d. l'incapacité de nos firmes d'ingénierie de remplir adéquatement la commande.

William Bernard

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Un toit rétractable

C'est une toiture rétractable qu'il faut à ce stade afin qu'il puisse accommoder tous les types d'événements. Sinon, il vaudrait mieux jeter le stade par terre et ça aussi, malgré tout, ce serait absurde.

Daniel Beaumier