Il n'y a pas de lien de cause à effet entre téléphone cellulaire et cancer du cerveau, vient de conclure l'étude Interphone, la plus vaste recherche jamais réalisée sur le sujet. Êtes-vous rassuré? Ou croyez-vous qu'il faut quand même prendre des précautions, comme utiliser une oreillette et interdire cet appareil aux enfants?

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VOS COMMENTAIRES

Étude insuffisante

C'est peut-être un peu rapide de prétendre qu'il n'y a pas de risques de santé associé au cellulaire. À noter que l'étude n'observait que quelques cas de tumeurs associées au cerveau. Il y a bien autres états de santé à observer. Il me semble que cette déclaration (« Pas de lien de cause à effet entre cellulaire et cancer. Êtes-vous rassuré? ») est un peu précipité, ce n'est que 3 ou 4 tumeurs qui ont été étudiées... notons aussi que seulement quelques pays sur l'ensemble des pays inclus dans cette étude utilisent le cellulaire et ont des données sur une période de plus de vingt ans. En soi, 20 ans n'est pas si long pour tirer des conclusions, et les technologies se développent davantage sans nécessairement avoir le temps de subir des tests afin de vérifier la force des fréquences... ce qui prime c'est que la conversation ne coupe pas afin que l'usager apprécie sont expérience dans le présent, donc un signal plus puissant et fiable.... Le récent coffret DVD sur la maison saine, dont vous avez parlé dans votre section montoit.ca dernièrement, parle justement des risques associés aux fréquences des cellulaires, et c'est pas tout à fait joli si l'on observe la vue d'ensemble. Rappelons-nous de la cigarette, les circonstances et le déroulement des événements sont étrangement similaires à celle du cellulaire. Aujourd'hui les gens paient pour cesser de fumer et les enjeux sont clairs et vrais. Les gens ne peuvent même plus fumer dans la plupart des endroits, même à l'extérieur! Honorons les conclusions et les leçons du passé pour lesquelles bien des gens ont payé cher la note avec plusieurs autres « super technologies », adoptons le principe de précaution.

Ça ne tue personne.

Ian Reid

L'histoire donnera raison au Conseil national de recherches du Canada

Vos lecteurs ne devraient pas s'y méprendre en lisant l'affirmation d'Ariane Krol selon laquelle « rien ne permet de conclure à un lien entre l'usage du cellulaire et le cancer du cerveau ». En fait, l'épidémiologie est une science inexacte qui n'établit que très rarement des preuves claires de cause à effet.

Or, l'auteure principale de l'étude Interphone, Élizabeth Cardis, a souligné sur microwavenews.com que son étude est « fortement suggestive d'un risque réel ». Même le Montréalais Jack Siemiatycki y a admis qu'il ne croyait plus ce risque implausible. Cette étude a confirmé les résultats d'études précédentes : le risque de tumeur cérébrale augmente après dix ans d'usage intensif du téléphone cellulaire. C'est significatif, car ces tumeurs prennent généralement 15 à 30 ans à apparaître et les chercheurs d'Interphone interviewaient des personnes atteintes entre 2000 et 2004. On ne pouvait pas s'attendre à ce qu'ils trouvent grand-chose. Le cellulaire n'est très populaire que depuis 2000 (déjà plus de 50 % des Scandinaves l'utilisaient alors). Peu de gens l'utilisaient au moins 30 minutes par jour dans les années 1980 et 1990!

Sachez aussi que l'étude a été publiée avec quatre ans de retard, car les 21 chercheurs n'arrivaient pas à s'entendre sur l'interprétation des données. Microwavenews.com souligne qu'une découverte importante fut reléguée à une obscure Annexe d'Interphone publiée uniquement sur le Web : le risque de cancer du cerveau double chez les gros utilisateurs lorsqu'on les compare aux utilisateurs occasionnels, ce qui a impressionné le Dr Cardis. Vos lecteurs devraient savoir aussi que dès 2005, le conseiller scientifique principal du Royaume-Uni, Sir William Stewart, disait craindre l'émergence d'une épidémie de tumeurs cérébrales. C'est pourquoi il a déconseillé l'usage du cellulaire aux enfants. L'incidence de ces tumeurs augmente de 2 % par année chez les Britanniques et il s'agit de la première cause de décès dû au cancer chez les jeunes. L'histoire donnera raison au Conseil national de recherches du Canada qui, dès 1973, craignait l'impact sur la santé publique de l'exposition croissante aux micro-ondes. (www.next-up.org/pdf/EMF_NRC_Canada_1973_microwave_threat.pdf) Ajoutons que les Soviétiques ont découvert dès les années 1960 que de faibles doses de micro-ondes imitaient les pesticides et autres substances neuro-toxiques en inhibant la cholinestérase, une enzyme qui protège le cerveau. En plus d'exclure les enfants ainsi que les tumeurs du nerf acoustique et de la glande parotide (salivaire) liés aux cellulaires par le passé, l'étude Interphone ignorait l'usage du téléphone sans fil ordinaire, qui expose les usagers à presque autant de radiations que le cellulaire. On a donc erré en classant plusieurs personnes en tant que contrôles non exposés.

L'usage du haut-parleur ou d'une oreillette est donc plus sage que jamais, tout comme le fait de ne pas dépasser 5 minutes de conservation par appel et d'opter pour un appareil émettant le moins possible de micro-ondes (détails sur ewg.org).

André Fauteux, éditeur - Magazine La Maison du 21e siècle