Selon un sondage Léger Marketing publié ce matin par The Gazette, les deux tiers des Québécois sont favorables à ce que l'accès à l'école anglaise soit élargi. Même les francophones sont favorables à un tel scénario, à 61%. Pourtant, l'école française obligatoire pour les francophones et les allophones est un des piliers de la loi 101. Comment expliquez-vous que les Québécois semblent aujourd'hui souhaiter que la loi soit moins contraignante?

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VOS COMMENTAIRES

Pour une ouverture sur le monde

Le réseau montréalais d'écoles anglophones publiques semble être de très bonne qualité puisque les élèves qui le fréquentent réussissent mieux que dans le secteur francophone (meilleurs résultats scolaires, moins de décrochage, etc.). De plus, pour un enfant ou un adolescent francophone ou allophone, la fréquentation d'une école anglophone lui permet d'apprendre et de perfectionner son anglais, ce qui l'aidera à s'ouvrir encore plus sur le monde qui l'entoure par la maîtrise de cette langue. Pour le français ou son autre langue maternelle, l'élève pourra toujours l'apprendre avec ses parents et amis ou avec des cours d'appoint. Je pense que tous les Québécois devraient être bilingues, car cela favorise beaucoup l'ouverture et le fait de se sentir liés aux autres groupes sociaux que le sien propre. Je pense que la maîtrise d'une deuxième langue élargit beaucoup le coeur et l'esprit.

Valérie Thériault, ingénieure et enseignante au secondaire, Montréal

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Il est temps de changer

Je crois que le ministère de l'Éducation du Québec devrait abolir les écoles publiques unilingues anglophones et augmenter le nombre d'heures d'enseignement de l'anglais dans les écoles francophones.

Marilou Alarie

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Les portes fermées

J'ai toujours trouvé que de fermer les écoles anglophones aux Québécois est une manière de les garder à l'écart des opportunités. Gardons les Québécois ignorants, on en dirait presque la devise. Tandis que le bilinguisme est encouragé et grandement facilité pour les communautés anglophones et allophones, les Québécois doivent faire de grands efforts pour arriver à maîtriser une seconde langue. Ne connaître qu'une langue, même si elle est officielle, est une limitation dans notre société qui embrasse la mondialisation. Dans les conditions présentes, les Québécois sont désavantagés devant les anglophones et les allophones. Devrait-on protéger la langue française? Oui, mais pas au détriment des personnes. Quelques années obligatoires en français, je ne suis pas contre, mais je trouve injuste de nous avoir fermé tant de portes et de continuer à le faire.

Edith Pineault 

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Le français prioritaire


Pour travailler dans une entreprise qui utilise énormément l'anglais, et pour avoir fait mes études dans un domaine où les lectures sont obligatoirement en anglais, je dois dire que c'est impératif de savoir parler anglais aujourd'hui. J'ai la chance de travailler pour une entreprise qui paie les cours de français à ses travailleurs anglophones. Selon moi, c'est un exemple à suivre, et ces cours pourraient même être obligatoires. Je crois que le libre choix doit exister, mais à condition qu'un accent majeur soit mis également sur la nécessité d'écrire et de parler un français exemplaire dans une société à large majorité francophone. Un ne doit pas exclure l'autre. Par ailleurs, je demande de faire un effort pour que les livres dans les établissements d'enseignement francophones soient d'abord et avant tout proposés en français. Je ne trouve pas normal qu'en ayant étudié à l'Université Laval, j'aie eu à lire la majorité de mes livres en anglais. Il va falloir que les délimitations soient plus fermes et plus claires à ce sujet. Qui plus est, je pense que le français ne doit pas être une option si l'on va à l'école anglaise. Il devra être une matière obligatoire, et ce, non pas en coupant sur le temps d'enseignement du français, mais bien ailleurs. Par exemple, on pourrait offrir l'éducation physique en option. Je conçois qu'il est important que les jeunes bougent et soient en santé, mais personnellement, je crois que ce n'est pas le rôle de l'école de leur enseigner cela. En plus, il n'est pas normal que la forme physique puisse baisser la moyenne scolaire d'un enfant. On pourrait donc retirer le temps dévolu en cours obligatoires sur le sport pour en faire une option. Au lieu de mettre le choix entre musique, art plastique et art dramatique, le choix devrait inclure sport. Ce serait une solution envisageable, qui laisserait la possibilité à nos grands sportifs de faire valoir leur talent et d'en retirer les avantages sur leur bulletin, tout en n'étant pas contraint à une activité artistique pour laquelle ils n'auraient pas d'intérêt, le tout en faisant de la place au français. En somme, je ne suis pas contre un assouplissement, mais ça devra être bien encadré; en outre, les établissements francophones devront offrir un réel service en français, avec des livres en français.

Dominique Jodry-Lapointe, Québec

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L'un n'empêche pas l'autre

Je suis entièrement favorable à l'ouverture de l'enseignement en langue anglaise, ne serait-ce que par respect de la liberté des parents d'offrir une langue seconde à leurs enfants. L'anglais permet les rapports avec à peu près toutes les nations du monde. C'est une question d'ordre purement pratique que d'en permettre l'enseignement dès le bas âge. Les parents ont la responsabilité d'offrir les meilleures chances d'avenir à leurs enfants et la connaissance de l'anglais est un facteur extrêmement important en ce domaine. Ceci ne signifie aucunement que l'apprentissage du français doit être abandonné ou même négligé. L'un n'empêche pas l'autre en aucune façon.

Guy Tremblay

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D'autres priorités

Avant un choix de langue d'enseignement, revenons donc au choix d'avoir la religion catholique de retour dans nos écoles.

Jeanne-D'Arc Audet, Gatineau

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Un enseignement catastrophique

Hier soir, j'ai regardé l'émission La Classe de 5e sur le réseau TVA, et je comprends mieux pourquoi la langue française est en péril au Québec. Un des moments forts de l'émission a été lorsque la candidate adulte a dû répondre à la question suivante: le mot Équerre est-il masculin ou féminin? La tension était extrême, il y a même eu une interruption publicitaire pour nous faire haleter avant de connaitre la bonne réponse. Par chance, ou plutôt par hasard, la candidate avait bien répondu. Elle a donc levé les bras au ciel en signe de triomphe, et le public était abasourdi par tant de culture. J'ai trouvé cela consternant. Nous vivons une époque où la connaissance de notre langue est extrêmement limitée. Le gouvernement abaisse les critères de notation des examens de français dans le but de donner de meilleures notes aux élèves et tente ainsi de nous faire croire que le niveau d'enseignement est correct, alors que visiblement il est au plus bas. J'en fais régulièrement l'expérience quand le professeur de mon enfant nous adresse des messages comportant des fautes d'orthographe. Ceci explique cela. L'enseignement du français à l'école est catastrophique. À ce train-là, notre langue maternelle aura bientôt perdu face à la montée de l'anglais au Québec. On aura beau faire des lois pour la préserver, cela ne sert à rien si l'enseignement est négligé à ce point. Cela est terriblement attristant quand on sait que le combat pour le maintien du français a été héroïque jusqu'à présent. Quelques politiciens incompétents sont en train de ruiner tous ces efforts. Former correctement les enseignants, c'est la seule solution face à cet énorme problème. Car dans très peu de temps, lorsque le français aura disparu d'Amérique du Nord, on pourra dire «Thank You, Mrs Courchesne».

JL Lemerre